11.4 C
Alger
jeudi, avril 25, 2024

La dévaluation du dollar, l’autre coup dur pour l’Algérie qui verra ses réserves de change perdre de leur valeur

Hormis la pandémie du coronavirus et la baisse phénoménale des prix du baril du pétrole, l’Algérie va subir un trois méga-problème dans les semaines à venir. Un problème majeur qui n’a pas été encore cerné par les autorités algériennes. Il s’agit de la prochaine dévaluation du dollar américain et des pertes qu’elle va engendrer sur la valeur des réserves de change de l’Algérie, libellées en dollars et composées pour le moment de 60 milliards de dollars. 

Que va-t-il se passer dans les jours à venir ? Après avoir échoué à endiguer l’épidémie de coronavirus et à sauver ses marchés financiers, le gouvernement des Etats-Unis prépare désormais des mesures drastiques, incluant un plan de relance de 1000 milliards de dollars (928 milliards d’euros), pour sauver son économie.

Le gouvernement américain a proposé un plan de relance de 1000 milliards de dollars, incluant des chèques directs de 1000 dollars ou plus pour chaque adulte américain, 300 milliards de dollars pour les petites entreprises et 200 milliards de dollars pour le transport aérien et d’autres secteurs. Ce plan est encore en cours de négociation au Congrès et constituerait une partie seulement d’un programme plus large de sauvetage engageant au moins 2000 milliards de dollars. Il s’agit d’un plan sans précédent en matière d’échelle et de rapidité, plus important encore que le plan de relance de 800 milliards de dollars adopté lors de la crise financière de 2008, rapportait jeudi le Washington Post.

Toutefois, ce plan portera un lourd préjudice à de nombreux pays dans le monde dont l’Algérie du fait de l’hégémonie financière des Etats-Unis. Pourquoi ?  Les Etats-Unis vont devoir dans les jours à venir faire fonctionner la planche à billets, ce qui entraînera une dévaluation du dollar (la plus grande devise de réserve au monde) ainsi qu’une dévalorisation massive des avoirs détenus en dollars par les autres pays.

Il faut savoir que le dollar US reste la plus importante devise de réserve au monde et représente 63 % des réserves mondiales de devises étrangères. De nombreux pays ont besoin du dollar pour leur commerce transfrontalier et les transactions de matières premières à l’image de l’Algérie qui vend presque tous ses hydrocarbures en dollars alors qu’elle achète beaucoup plus de 50 % de ses importations en euros.

De nombreux experts financiers prévoient ainsi des préjudices particulièrement importants dans les marchés émergents et même une fois que la crise sera terminée, du fait notamment de la retarification des actifs financiers, ainsi que des changements dans les flux de capitaux liés aux fluctuations dans la valeur du dollar. En clair, les pays qui détiennent des réserves en dollars ou possèdent des actifs financiers en dollars vont perdre beaucoup d’argent parce que l’administration va diminuer la valeur du dollar.

Dans le cas de l’Algérie, les actuels 60 milliards de dollars de ses réserves de change ne vaudront pas réellement 60 milliards de dollars. Leur valeur réelle sera d’à peine 50 milliards de dollars alors que la planche à billet actionnée aux Etats-Unis pourrait aboutir rapidement à une dévaluation de 10 % du dollar américain.

« Les sous, que le gouvernement américain va envoyer à ses citoyens, seront déboursés par les citoyens du monde entier », a expliqué à ce propos Yang Delong, économiste en chef pour la société First Seafront Fund Management basée à Shenzhen, dans une note de recherche rendue publique par l’agence de presse chinoise China.org.

« Avec le rendement du Trésor des Etats-Unis, le pays est essentiellement en train d’utiliser de l’argent étranger pour stimuler son économie à moindre coût », explique la même. L’Algérie serait certainement parmi les pays qui financeront indirectement le plan de relance américain puisque ses réserves de change sont placés en bons de trésor américain

Ce n’est pas la première fois que l’Algérie souffre des conséquences de la dévaluation du dollar américain. En été 2019, Donald Trump a délibérément provoquée une dévaluation pour doper les exportations américaines. Le billet vert a ainsi perdu 15% de sa valeur par rapport à l’euro, au yen et à la livre sterling. Aujourd’hui, il demeure difficile d’imaginer la chute de la valeur du dollar à cause des conséquences imprévisibles de la pandémie du nouveau coronavirus sur l’économie mondiale et la croissance américaine. A moins de 6 mois des élections, Donald Trump fera tout ce qui est possible et imaginable pour améliorer les performances économiques américaines afin de prétendre à un deuxième mandat. Il est donc possible que le dollar américain baisse jusqu’à 20 % pour soulager les charges des entreprises américaines.

Et en attendant de compter les pertes et les baisses de ses réserves de change, le gouvernement algérien ne fait aucune preuve d’anticipation et n’a établi aucune stratégie pour affronter l’avenir.

 

dernières nouvelles
Actualités