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vendredi, mars 29, 2024

Journalistes, activistes, réalisateurs, internautes : la prison en Algérie, personne n’y échappe !

Loin, trop loin. Le régime algérien est parti, cette fois-ci, vraiment trop loin dans son délire répressif. Hier mardi, le jeune journaliste âgé de 28 ans et ancien correspondant de France 24, Moncef Ait Kaci, a été placé sous mandat de dépôt à la prison d’El-Harrach par le tribunal de Bir Mourad Rais à Alger. Le technicien et réalisateur algérien, Ramdane Rahmouni, a été lui aussi incarcéré. Et dire qu’il était le réalisateur de l’interview donnée par le président algérien Abdelmadjid Tebboune à la télévision française France 24 !  

Ces incarcérations brutales ont choqué en Algérie. Elles ont soulevé une vague d’indignation d’autant plus que les chefs d’inculpation semblent totalement ahurissantes. Moncef Ait Kaci est accusé d’avoir touché un financement étranger pour exercer son métier de journaliste. Il est accusé également d’avoir couvert des évènements politiques en Algérie au profit d’une agence de production audiovisuelle libanaise, Median Group, travaillant pour le compte de France 24.

Pour la justice algérienne, toucher un salaire de journalistes pour avoir exercé son métier le plus correctement possible en collaborant avec des médias internationaux est donc un crime.  En plus, ces médias internationaux, à savoir France 24 en l’occurence, ont été accueillis les bras ouverts au Palais Présidentiel d’El-Mouradia. Le placement sous mandat de dépôt de Moncef Ait Kaci relève ainsi de la schizophrénie. On invite avec tous les honneurs France 24 à la présidence algérienne, mais on emprisonne ses jeunes journalistes algériens avec lesquels elle collabore ponctuellement, un non-sens absolu. Moncef Ait Kaci était soumis à une enquête supervisée par la Gendarmerie Nationale depuis l’été 2019 alors qu’il avait déposé sa demande d’accréditation au niveau du ministère de la Communication au cours du premier trimestre de 2019.

Juristes, avocats et défenseurs des droits de l’homme sont totalement bouleversés par le traitement malheureux et totalement arbitraire réservé par la justice algérienne au jeune journaliste Moncef Ait Kaci.

Force est de constater que la même procédure pénale et sécuritaire a été déployée à l’encontre du réalisateur Ramdane Rahmouni, l’homme qui avait dirigé l’interview exclusive donnée par Tebboune à France 24 le 4 juillet dernier. Ramdane Rahmouni est gérant d’une agence de communication MSCom. Elle est basée à Alger et dispose d’un registre de commerce en bonne et due forme. Avec cette société, Ramdane Rahmouni facturait des prestations techniques pour les sociétés audiovisuelles sélectionnées par les médias étrangers pour couvrir l’actualité algérienne. Le réalisateur algérien était connu des services de sécurité et il n’avait jamais causé le moindre problème. Blanc comme neige, la justice algérienne va écraser tous les droits de ce citoyen ordinaire en le soumettant d’abord à une « interdiction de quitter le territoire national ». Convoqué à plusieurs reprises par la Gendarmerie algérienne, il sera auditionné pour les activités de son entreprise. Mais en aucun cas, les autorités algériennes ont tenté de l’empêcher de faire son travail.

Preuve en est, à la suite de l’entretien exclusif obtenu par France 24 avec la Présidence algérienne, Abdelmadjid Tebboune en personne a félicité Ramdane Rahmouni pour son excellent travail ! 20 jours plus tard, le réalisateur algérien se retrouve au coeur de 5 chefs d’inculpation ! Atteinte à l’Unité nationale et intelligences avec une puissance étrangère, ces accusations figurent également dans son dossier judiciaire qui donne le vertige. Sa soeur, Fatiha Rahmouni, avocate établie en France, a annoncé sur sa page Facebook que son frère est « victime d’une guerre de clans » au sein du pouvoir algérien. Effrayant !

Quoi qu’il en soit, ces deux incarcérations arbitraires prouvent que l’Algérie nage en plein délire totalitaire. Plus aucune logique ne prévaut au sein de ce régime aux abois. Ces nouvelles incarcérations indiquent que la répression se généralise à tout le niveau en Algérie. Journalistes, activistes, internautes, la prison en Algérie, personne n’y échappe.

Sur sa page Facebook, le comité national de libération des détenus d’opinion (CNLD) publie chaque jour, voire chaque heure, les convocations judiciaires adressées à des militants du Hirak ou de simples citoyens dont le seul tort est d’avoir posté… un commentaire sur Facebook ! Le CNLD rapporte chaque jour des arrestations, enlèvements ou placements en détention provisoire d’un nombre important de citoyens ordinaires. Après une accalmie le 5 juillet dernier avec la libération de plusieurs militants et figures emblématiques du Hirak à l’image de Karim Tabbou ou Amira Bouraoui, le régime algérien retrouve ses habitudes totalitaires. Inquiétant !

 

 

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