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jeudi, avril 18, 2024

Investissement et gaz naturel : l’Algérie parle beaucoup, mais en vain, le Qatar agit et engrange des milliards de devises

L’Algérie ne cesse de faire des annonces promettant de renforcer les investissements dans le secteur des hydrocarbures notamment dans la production du gaz naturel qui fait l’objet d’une très rude compétition mondiale provoquant ainsi l’augmentation de ses prix internationaux notamment depuis le début de la guerre en Ukraine depuis fin février dernier. Mais ces annonces ne se concrétisent nullement sur le terrain et peu d’investisseurs internationaux ont été attirés par les autorités algériennes. Au Qatar, c’est tout le contraire qui est en train de se produire. Le petit émirat du Golfe vient de frapper un grand coup en attirant deux géants mondiaux pour développer ce qui est qualifié comme le plus grand gisement de gaz naturel en activité dans le monde. Explications. 

Le Qatar l’a annoncé ce dimanche 19 juin : le deuxième partenaire étranger (après le français TotalEnergies) pour le développement du plus grand champ de gaz naturel au monde sera le géant énergétique Eni. « J’ai le plaisir aujourd’hui (…) d’annoncer qu’Eni a été choisi comme partenaire dans ce projet stratégique unique » au monde, a déclaré le ministre qatari de l’Energie et PDG de Qatar Energy (QE), Saad Sherida Al-Kaabi, lors d’une conférence de presse à Doha.

Dans le cadre d’une joint venture avec le géant qatari des hydrocarbures, Eni prend une part d’un peu plus de 3% dans le projet North Field East (NFE), de plus de 28 milliards de dollars et qui vise à augmenter de 60% la production de gaz naturel liquéfié (GNL) du pays du Golfe d’ici 2027.La part de TotalEnergies, dont l’accord jusqu’en 2054 avec QE a été annoncé le 12 juin, sera la plus importante à 6,25%, selon son PDG Patrick Pouyanné. Le plus important accord de l’entreprise française avec le Qatar contribue à compenser son retrait de Russie suite à la guerre en Ukraine.

Selon plusieurs sources médiatiques concordantes, la participation des sociétés étrangères dans cet ambitieux projet gazier devrait s’établir à environ 25%. Le projet North Field East (NFE), où la production doit débuter en 2026, prévoit l’expansion du champ offshore North Field, le plus grand gisement de gaz naturel au monde que le Qatar partage avec l’Iran. Le North Field représente environ 10% des réserves de gaz naturel connues dans le monde, selon QE.

Il s’étend sous la mer jusqu’au territoire iranien, où les efforts de la République islamique pour exploiter leur partie de ce gisement sont entravés par les sanctions internationales. Le Qatar est l’un des principaux producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde, avec les Etats-Unis et l’Australie. Et avec ce projet, il pourrait s’imposer comme « la source d’approvisionnement la moins chère à l’heure actuelle », précise à ce sujet Daniel Toleman, analyste pour le cabinet Wood Mackenzie. A la suite du conflit en Ukraine, les importateurs de GNL s’empressent de sécuriser des alternatives au gaz russe. Eni avait annoncé vendredi que Gazprom livrerait seulement 50% du gaz demandé par le géant énergétique italien. Le Qatar est devenu aux yeux des grands pays européens l’alternative la plus sûre.

Petit à petit, l’Algérie, traditionnel fournisseur des pays européens, est en train d’être mises sur la touche concédant ainsi des futurs marchés stratégiques à ce nouveau concurrent redoutable qui est le Qatar.

Dans un entretien paru le 19 juin dernier dans les colonnes de Der Spiegel, le célèbre magazine d’information allemand, le ministre algérien de l’Energie Mohamed Arkab a expliqué que « nous avons un programme ambitieux de 39 milliards de dollars pour accroître la production dans le secteur pétrolier et gazier d’ici 2026 ». « L’entreprise publique d’énergie Sonatrach lèvera la majorité, et nous recherchons des partenaires pour le reste. Nous espérons que les Européens ne changeront pas de cap et nous laisseront seuls avec les investissements. Pendant longtemps, l’Europe a défendu la protection de l’environnement et n’a fait aucune distinction entre le pétrole et le gaz. En conséquence, aucun investissement n’a été réalisé », a ajouté le même ministre algérien.

Force est, malheureusement, de constater que cette déclaration est en soi un aveu d’échec et d’impuissance : aucun investissement étranger ou national majeur n’a été effectivement réalisé en Algérie depuis 2019 dans le secteur de la production du gaz naturel.

Un seul contrat a été concrétisé durant ces 4 dernières années. Il s’agit du contrat signé le 15 décembre 2021 par Sonatrach avec l’italien ENI pour un montant de 1,4 milliard de dollars dans le cadre d’un nouvel accord de coopération dans la transition énergétique. « Le montant des investissements est estimé à 1,4 milliard de dollars, pour une production de 45.000 barils équivalent-pétrole (bep/j) », avait indiqué à l’époque Sonatrach.

Officiellement, le contrat couvre une superficie totale de 7.880 km2 dans la partie Sud du bassin de Berkine (sud) où Sonatrach et Eni opèrent depuis 2013. Il s’agissait du premier contrat entre les deux partenaires depuis la promulgation en novembre 2019 d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures en Algérie introduisant le partage de production.

En clair, un seul investissement de 1,4 milliard de dollars, une somme minuscule et insignifiante par rapport aux immenses besoins financiers du développement des réserves gazières du pays, en 4 ans alors que le Qatar a mobiliser sur un seul gisement près de… 30 milliards de dollars. La différence entre les deux pays est saisissante. Contrairement à l’Algérie qui patauge dans l’immobilisme et le marasme, le Qatar fait preuve d’un dynamise impressionnant qui pourrait lui offrir bientôt le leadership sur le marché gazier en Europe au grand détriment des intérêts économiques et financiers suprêmes de notre pays.

 

 

 

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