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vendredi, mars 29, 2024

Incident sur le gazoduc Medgaz : les autorités espagnoles contredisent et démentent la version des faits de Sonatrach

La version des faits dévoilée par la direction générale de Sonatrach concernant l’incident qui s’est produit sur le gazoduc Medgaz a été contredite et démentie par les autorités espagnoles hier dimanche 24 juillet.  Contrairement à ce qui a été raconté par la Sonatrach, la panne qui a perturbé l’approvisionnement en gaz naturel de l’Espagne depuis le Medgaz s’est produit « du côté algérien », a révélé à ce sujet par le quotidien espagnol El Mundo, l’un des médias espagnols les plus influents et prestigieux qui a été fondé en 1989 et qui se revendique du modèle du journalisme d’investigation à l’américaine avec une ligne éditoriale penchant du côté conservateur, en citant des sources au sein d’Enagas, l’entreprise espagnole spécialisé dans l’acquisition, le transport, la regazéification et le stockage de gaz naturel et qui est le gestionnaire du réseau gazier espagnol. 

Le même quotidien espagnol a indiqué également que le ministère espagnol de la Transition énergétique a fait savoir qu’il y a eu ce dimanche une panne de courte durée à la centrale de Beni Saif en Algérie. « Vers 12h30, les débits d’entrée ont été réduits de 200 000 Nm3/h à 704 000 Nm3/h », explique ainsi la source citée par El Mundo en soulignant que le flux d’approvisionnement en gaz nature la été « rétabli et normalisé » balayant ainsi d’un revers de main les informations diffusées et propagées par la direction générale de Sonatrach laquelle avait révélé dans un communiqué officiel qu’un incident s’est produit du coté espagnol, dimanche en fin de matinée, sur le gazoduc Medgaz, reliant l’Algérie à l’Espagne, « provoquant une rupture momentanée de l’approvisionnement en gaz de l’Espagne ».

Les informations d’El Mundo ont été, par la suite, confirmées officiellement par  Enagas qui a de son côté affirmé ce lundi 25 juillet dans un communiqué qu”à aucun moment le flux de gaz arrivant en Espagne depuis l’Algérie par Megaz n’avait cessé aujourd’hui”, mais simplement “diminué”.

“À la mi-journée, selon une information provenant de Medgaz, une interruption temporaire – qui a duré deux heures – des flux partant de l’usine en Algérie” a provoqué “une diminution – mais pas une interruption – dans les débits d’entrée en Espagne”, explique le groupe, qui précise que “le flux le plus bas a été de 704.000 Nm/h”.

Le système de sécurité n’a pas été affecté et “il n’y a eu aucune raison technique pour qu’une telle situation se produise”, poursuit-il, indiquant “le problème a été réglé et que les flux sont en train de revenir à la normale”. Les importations de gaz algérien par l’Espagne ont fortement baissé ces derniers mois, dans un contexte de tensions entre Alger et Madrid. Auparavant, l’Espagne importait la majeure partie de son gaz d’Algérie, notamment via le Medgaz, qui relie la péninsule ibérique aux gisements gaziers exploités par Sonatrach.

Selon Enagas, 24,4% du gaz importé par l’Espagne est venu de Russie en juin, contre 29,6% des Etats-Unis. L’Algérie, longtemps premier fournisseur du pays, n’a pesé que pour 21,6% de ses importations.

La divergence opposant la version algérienne à la version espagnole relance les interrogations sur les perspectives des tensions politiques qui caractérisent les relations diplomatiques entre Alger et Madrid. L’Algérie est-elle tentée d’utiliser l’arme du gaz naturel pour exercer des pressions politiques sur l’Espagne ? La question se pose en toute légitimité à la suite de ce démenti cinglant opposé par Enagas à la direction générale de Sonatrach qui doit, désormais, s’expliquer et présenter des éclaircissements sur les informations « mensongères » massivement diffusées auprès des médias algériens et internationaux.

Il est à rappeler que le gouvernement algérien est très remonté contre l’Espagne depuis que le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez a décidé, en mars, de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, afin de mettre fin à près d’un an de crise diplomatique entre Madrid et Rabat. En réaction à cette volte-face dans la position traditionnellement neutre de Madrid, les autorités algériennes ont suspendu début juin un traité de coopération avec l’Espagne. La question du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole considérée comme un “territoire non autonome” par l’ONU, oppose depuis des décennies le Maroc – qui en contrôle 80% – aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger.

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