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jeudi, mars 28, 2024

Human Rights Watch Dévoile le Système de Répression Marocain contre l’Opposition !

L’Organisation Non Gouvernementale internationale Human Rights Watch (HRW), dont la mission est de défendre les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a publié, aujourd’hui 28 Juillet 2022, un rapport de plus de 150 pages sur les méthodes de répression utilisées par le Maroc contre les opposants.

Auteur : [email protected]

Dans ce rapport que vous pouvez consulter ici, HRW, qui a précisé avoir mené des entretiens avec 89 personnes à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc, affirme que les autorités marocaines emploient, depuis une dizaine d’années, des mesures indirectes et sournoises pour jeter le discrédit et réduire les activistes et journalistes indépendants au silence.

Ces mesures visent à préserver l’image de pays « modéré » et respectueux des droits que le Maroc cherche à se donner, alors qu’il devient de plus en plus répressif.

« Les autorités emploient tout un manuel de techniques sournoises pour réprimer les opposants, tout en s’efforçant de conserver intacte l’image du Maroc en tant que pays respectueux des droits », explique dans un communiqué Lama Fakih, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Ces techniques « forment un écosystème de répression visant non seulement à museler les voix critiques, mais aussi à effrayer tous les détracteurs potentiels de l’État » marocain, observe l’organisation de défense des droits humains basée à New York.

HRW a étudié le cas de huit journalistes et opposants pour constater que « les failles procédurales entachant le traitement de ces affaires » sont, en réalité, « des attaques politiques déguisées ».

Parmi les cas les plus connus, ceux d’Omar Radi, journaliste condamné à 6 ans de prison pour espionnage et agressions sexuelles, ainsi que Soulaimane Raissouni, l’autre journaliste condamné en cinq ans de prison pour agressions sexuelles.

Le cas de Taoufik Bouachrine, journaliste arabophone bien connu au Royaume du Maroc, a été condamné à 15 ans de prison pour traite d’être humain et viol…

Inutiles de rappeler que comme dans la plupart des pays musulmans, la sexualité hors mariage est un tabou social et un interdit légal.

S’il parait clair pour beaucoup d’observateurs que ces condamnations visent plutôt les idées et écrits de ces journalistes, le pouvoir marocain affirme que les chefs d’inculpation retenus par la Justice du Royaume contre eux, n’a aucun lien avec leur opinions politiques.

Le directeur de la communication de Human Rights Watch pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord, Ahmed Benchemsi a déclaré à propose des manières utilisées le gouvernement marocain que :  » Cela inclut des procès pour des raisons qui n’ont rien à voir avec ce que l’État reproche vraiment à ces gens, à savoir s’exprimer, avoir des opinions politiques qui sont divergentes. Bien entendu, personne n’est à l’abri de poursuites s’il y a des allégations criminelles, un journaliste pas plus que les autres, mais là les procès ne sont pas justes « .

Par ailleurs HRW dénonce dans son rapport de « féroces campagnes de diffamation » que mènent systématiquement des médias « alignés sur les services de sécurité marocains », tels les sites Le360, Chouf TV et Barlamane.

Des campagnes qui sont suivies par « une surveillance digitale et vidéos », comme l’a révélé le scandale planétaire de l’utilisation par les services secrets marocains du logiciel espion Pegasus, conçu par la société israélienne NSO.

Hicham Mansouri, journaliste exilé en France après dix mois en prison au Maroc pour adultère, a déclaré en 2020 : « Il y a un climat d’inquisition. Ils connaissent tous nos défauts, toutes nos faiblesses. Ils nous connaissent mieux que nous nous connaissons nous-mêmes. Le but est que chacun de nous finisse par se considérer comme une cible potentielle. Sexe, drogue, alcool… s’ils ne trouvent rien, ils fabriqueront des accusations ».

Il faudra retenir que  » toutes ces techniques se combinent et se complètent pour constituer ce qu’on peut décrire comme un écosystème répressif, visant non seulement à museler les individus ou les médias jugés gênants, mais au-delà, à faire peur à tout le monde, dissuadant ainsi de manière préventive tous ceux qui pourraient être tentés de critiquer l’État « , résume HRW.

En conclusion de son rapport en direction de l’opinion publique internationale épinglant le Maroc pour ses méthodes de répression, systématiquement démenties par le Makhzen qui clame l’indépendance de la Justice, Human Rights Watch fait un appel aux autorités marocaines, leur demandant de « respecter le droit à l’expression pacifique et à la vie privée » et à « mettre fin aux méthodes utilisées contre les journalistes critiques, les défenseurs des droits humains et les activistes de la société civile ».

Car jusqu’à présent, les représentations diplomatiques occidentales et les institutions politiques internationales se contentaient d’être très prudentes, reprenant à l’unisson le discours et les arguments du pouvoir.

Avec ce rapport, HRW espère que la communauté internationale ne pourra plus affirmer qu’elle ne savait pas, tout en attendant de la diplomatie des Pays occidentaux de faire pression sur le gouvernement, pour qu’il cesse d’harceler l’opposition et de réprimer la liberté de parole.

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