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mercredi, avril 24, 2024

Hassi Messaoud, Sidi Abdellah, Boughezoul : où sont partis ces milliards de dollars accordés à des nouvelles villes qui n’ont jamais vu le jour en Algérie ?

Les nouvelles villes en Algérie. Voici un dossier ténébreux dans lequel plusieurs milliards de dollars ont été dépensés sans aucun résultat… concret car ces nouvelles villes sont restées jusqu’à aujourd’hui au stade de… maquette ! Et pourtant depuis 2008, l’Algérie a annoncé officiellement avoir débloqué l’équivalent de 10 milliards de dollars pour construire des nouvelles villes futuristes et modernes. Un rêve qui n’est jamais devenu réalité. Mais où est passé tout cet argent ? 

Depuis 2018, les nouvelles villes est un dossier a disparu totalement des radars de l’Etat. Il a fallu le Journal Officiel numéro 62 de ce mois d’octobre 2020 pour que ces projets soient officiellement cités à nouveau. En effet, on nous apprend ainsi que le projet de réalisation la Ville nouvelle de Hassi Messaoud (Ouargla) a été officiellement mis sous la tutelle du ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville, en vertu d’un décret exécutif publié au dernier journal officiel (N 62).

Il s’agit du décret exécutif du 12 octobre 2020 modifiant et complétant le décret exécutif de septembre2006 fixant les missions, l’organisation et les modalités de fonctionnement de l’organisme de la ville nouvelle de Hassi Messaoud. Avec ce nouveau texte, la tutelle de l’organisme chargé de la gestion de la ville nouvelle de Hassi Messaoud a été transféré du ministère de l’Energie au ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville. Selon l’article 3 bis du même texte, « le transfert de tutelle de l’établissement donne lieu à l’élaboration et à la signature entre les deux ministères concernés, d’un rapport qui doit préciser les éléments administratifs, financiers et techniques liés au transfert ». L’organisme de la ville nouvelle de Hassi Messaoud est doté d’un conseil d’administration, présidé par le ministre de tutelle ou son représentant.

Cependant, ce décret ne fournit aucune explication ni la moindre information sur la concrétisation réelle ce de méga-projet qui date, rappelons-le, de bien avant 2006 ! Soit un vieux projet qui date de 14 longues années et dans lequel il n’y a eu aucun progrès notable et sérieux. Et pourtant, l’Etat algérien en 2006 a fait savoir qu’il allait sortir la bagatelle de 6 milliards de dollars afin de construire une nouvelle ville futuriste à Hassi Messaoud dans le bassin pétrolier le plus important du pays.

C’est avec cet immense budget que l’Etat algérien voulait financer le projet de création de la ville nouvelle de Hassi Messaoud pour 80 000 habitants, et de sa plate-forme logistique, visant à la création d’un nouveau centre urbain de développement dans le sud-est de l’Algérie pour accueillir la population de la ville existante, dans une zone soumise à des risques géologiques et environnementaux résultant de la forte exploration pétrolière. C’est la plus importante zone d’exploration pétrolière d’Algérie.

Le réseau routier de la ville et la plate-forme logistique était prévu sur une longueur totale de 170 km. Des projets d’infrastructure de la ville nouvelle ont été réalisés, comprenant le captage d’eau potable à partir de puits profonds (profondeur 1 700 m), et le traitement respectif, stockage et distribution, ainsi que la collecte et le traitement des eaux usées et des déchets solides. La zone de construction a été entièrement soumise à des travaux de terrassement avant l’exécution des routes et des bâtiments, ainsi que des réseaux d’approvisionnement en eau, de drainage des eaux usées et des eaux pluviales.

A partir de 2013, les autorités algériennes ont promis que la ville nouvelle de Hassi-Messaoud sera, selon sa conception initiale, un champ d’application exemplaire des solutions les plus avancées dans le domaine des énergies renouvelables et du solaire en particulier. Son règlement urbain intègrera les performances énergétiques dans les cahiers des charges qui seront élaborés pour la réalisation des ouvrages de bâtiments, interdisant ainsi les constructions énergétivores, à travers une performance énergétique avec l’application de mesures passives d’économie d’énergie dans la conception architecturale des bâtiments (l’orientation, l’inertie, l’étanchéité des ouvrants, l’isolation thermique de murs te des toitures, le double vitrage, la ventilation et l’aération naturelle).

Selon les études d’aménagement et d’urbanisme de cette ville nouvelle, la climatisation, la production d’eau chaude sanitaire, le pompage et l’irrigation se feront à partir de l’énergie solaire, en plus de l’application des performances énergétiques dans l’éclairage public (utilisation de lampes à basse consommation d’énergie). Toujours dans la notion de durabilité de développement et de cité respectueuse de l’environnement, les concepteurs du projet de cette ville nouvelle, projetée pour 80.000 habitants, ont précédé toute leur démarche par la création d’une bande verte de plus de 310 hectares, pour sa protection et la création d’un microclimat, à laquelle s’ajoute la réalisation en cours de quatre axes verts filtrants pour la réduction de la vitesse des vents chauds du Sud-ouest.

La structure et typologie de la nouvelle ville fait ressortir quatre quartiers d’habitation de 20.000 âmes chacun (soit un total de 80.000), avec leurs structures d’accompagnement administratives, commerciales et socioculturelles, gravitant autour d’un noyau central (centre-ville) regroupant la grande mosquée, la grande esplanade, des activités d’affaires, un grand parc avec structures de loisirs, de commerces et de tourisme, ainsi que les principales institutions publiques. Cette nouvelle ville devait être réceptionnée en… 2020 ! Or, nous sommes en 2020 et sur le terrain, il n’y a absolument rien de nouveau !

A Hassi Messaoud, la future ville est restée une utopie alors qu’elle devait être localisée dans la zone de Oued El-Maraâ, à équidistance, d’environ 80 km entre l’actuelle Hassi-Messaoud et les villes de Touggourt et Ouargla. La réalisation des études d’Aménagement et d’Urbanisme de la Ville Nouvelle de Hassi Messaoud a été bel etb ien confiée à un Groupement solidaire Algero-Coréen constitué des bureaux d’études DONGMYEONG Engineering Consultants & Architectures Co, SAMAN Corporation,KOREA LAND & HOUSING Corporation et BEREP.

Qu’en est-il des 6 milliards de dollars dédiés à ce projet ? Personne ne sait ce qui est advenu de cet argent !

La nouvelle ville de Hassi Messaoud n’est pas la seule utopie qui est tombée à l’eau. Plusieurs autres nouvelles villes devaient voir le jour avant de finir… dans les tiroirs poussiéreux de l’Etat algérien. Et pourtant, des milliards de dollars ont été accordés à ces projets inachevés. En 2018, l’Etat algérien a débloqué un budget qui avoisine les 300 millions de dollars pour les nouvelles villes qui n’existent, pour l’heure, que sur des maquettes. Des projets qui datent de plusieurs années, pour ne pas dire des décennies.

Oui, un budget de près de 300 millions de dollars. Rien que cela. Selon les dispositions de la Loi de Finances 2018, l’autorisation de programme concernant les nouvelles villes est estimée à 31,46 milliards de dinars, soit près de 300 millions de dollars, destinés à la prise en charge de la nouvelle ville de Sidi Abdellah, du pôle urbain de Draa Errich à Annaba (8 milliards de dinars) ainsi que les nouvelles villes Ali Mendjeli et Ain Nahas à Constantine pour combler le déficit enregistré en matière d’aménagement. Un déficit estimé à 3 milliards de dinars.

Il s’agit également de 465 millions de dinars pour la nouvelle ville de Boughezoul destinés au raccordement au réseau de gaz, 5 milliards de dinars pour la réévaluation de l’opération inscrite au titre du sous-secteur de « l’aménagement du territoire » pour le parachèvement des travaux dans la nouvelle ville de Bouinan et 15 milliards pour la prise en charge des indemnisations dans le cadre des expropriations pour cause d’utilité publique au niveau de la nouvelle ville de Sidi Abdellah, avait expliqué à ce sujet l’ancien ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville, Abdelwahid Temmar, aujourd’hui en prison à El-Harrach. 

Tout cet argent sera encore dépensé sur ces nouvelles villes alors qu’aucun bilan sérieux et précis n’a été dressé pour comprendre pourquoi ces projets tournent au ralenti depuis toutes ces années. A titre d’exemple, la Nouvelle ville de Sidi Abdellah lancée en 2004 devait changer le visage de l’Algérie. Elle devait permettre d’offrir un cadre de vie agréable et une nouvelle façon de construire nos villes. Malheureusement, cette promesse ne se concrétise toujours. Et la nouvelle ville de Sidi Abdellah n’abritera, pour l’heure, que des futurs logements AADL !

A Bouinan, dans la wilaya de Blida, le projet de la nouvelle ville est toujours une simple maquette et sur le terrain, les autorités n’ont même pas encore réussi à dépasser le stade du règlement administratif de l’expropriation des terrains pour utilité publique. Et pourtant, les autorités ont lancé officiellement ce projet depuis 2006 ! Le même constat est à dresser pour le projet de la nouvelle ville de Boughezoul, dans la wilaya de Médéa, qui date officiellement de 2004. Les travaux de réseaux et de voirie n’ont commencé qu’en 2006.

Et aujourd’hui, en 2017, les chantiers avancent très modestement. Et là aussi, il n’y a que des maquettes et les Algériens attendent toujours de voir comment sera tenue cette promesse faite par les autorités algériennes, à savoir transformer la nouvelle ville de Boughezoul en un pôle de compétitivité dédié aux technologies de pointe, la recherche et le développement, la construction spatiale et les technologies de l’information et de la communication.

En 2015, le directeur général de la Caisse nationale d’équipement pour le développement (CNED), un organisme très méconnu par les Algériens créé en 2004, a révélé que ces quatre projets de nouvelles villes, relevant du secteur de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville, ont bénéficié d’une dotation financière globale de 394 mds de DA, à savoir pas moins de 4 milliards de dollars. Un budget immense qui n’a, pour le moment, donné naissance à aucune avancée concrète sur le terrain puisque toutes ces nouvelles villes sont citées comme projets depuis de plus d’une décennie, voire deux mêmes, mais sans connaître la moindre évolution notable.

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3 تعليقات

  1. On ne demande pas qu’ils craignent Dieu ou autre. On s’en fout de ça. Aussi, si Dieu a l’intention de les… punir, IL sait où les trouver. On leur demande juste qu’ils respectent les règles élémentaires de la morale et de l’éthique. Chacun de nous a le droit de s’enrichir et autant qu’il veut.