Algérie Télécom, la société étatique la plus décriée par les Algériens pour ses services médiocres et son incapacité chronique à démocratiser Internet en Algérie, va offrir des primes onéreuses à ses 25 mille employés, a appris Algérie Part au cours de ses investigations.
La société publique qui compte 3,2 millions d’abonnés à la téléphonie fixe et plus de 2 millions d’abonnés ADSL a réuni la semaine passée son conseil d’administration pour accorder une prime d’intéressement de 170 000 da à tous ses 25.000 employés. Cette prime devrait être versée en 2 tranches. La première tranche portant sur 85.000 Da sera versée la dernière semaine du mois du Ramadan. Quant à la 2e tranche, elle sera versée au profit des travailleurs d’Algérie Télécom à l’approche de l’Aïd El-Adha.
Cette décision a suscité la colère et la frustration des travailleurs des autres entreprises du secteur des télécommunications comme Mobilis ou Algérie Poste. Ces travailleurs exigent le même traitement et ne comprennent pas pourquoi des primes sont uniquement versées aux salariés d’Algérie Télécom alors que cette entreprise enregistre régulièrement de très mauvais résultats financiers et des déficits budgétaires.
L’Etat algérien à travers le Trésor Public est régulièrement contraint d’intervenir pour renflouer les caisses d’Algérie Télécom pour lui permettre de continuer de survivre alors qu’elle dispose du monopole sur la commercialisation de l’accès à Internet et de la téléphonie fixe en Algérie. Dans la loi de Finances de 2020 votée et approuvée en décembre 2019, le Trésor Public était contraint par les autorités publiques d’accorder un prêt de 11,28 milliards Da, à savoir près de 120 millions de dollars. Il s’agit de l’argent public qui a été donné encore une fois à Algérie Télécom et celle-ci le gère en toute opacité.
Il faut savoir que la Cour des comptes a découvert des irrégularités inquiétantes dans la gestion d’Algérie Télécom entre 2010 et 2015. A titre d’exemple, le système de facturation d’Algérie Télécom n’est pas du tout transparent et maîtrisée. L’analyse des créances sur clients effectuée par les juges enquêteurs de la Cour des Comptes a révélé qu’un écart important qui s’élève à 6,83 milliards de dinars entre les données du commercial et les données de la comptabilité en 2015. Il ne s’agit que d’un exemple pris parmi tant d’autres car Algérie Télécom est un véritable trou noir. Une opacité qui a, d’ailleurs, provoqué une instabilité chronique à la tête d’Algérie Télécom. Preuve en est, 8 PDG se sont succédés entre 2003 et 2016 à la tête de cette entreprise étatique.
Mais où est donc parti tout cet argent ? C’est là que le bât blesse car nous avons obtenu au cours de nos investigations des documents exclusifs qui retracent des manoeuvres occultes orchestrées par Houda Feraoun et ses principaux collaborateurs au ministère de la Poste et des TIC pour détourner l’argent de ce fonds destiné aux algériens des régions éloignées et écartées du développement numérique pour couvrir les déficits répétitifs d’Algérie Télécom. De manière unilatérale et sans aucun respect de la réglementation garantissant la vocation initiale de ce fonds, Houda Feraoun a abusé de son pouvoir pour offrir plusieurs marchés à Algérie Télécom en puisant dans l’argent de ce fonds.
Selon nos investigation, à partir de décembre 2018, l’équivalent de 300 millions de dollars ont été puisés de ce fonds sur instruction de Houda Feraoun dans l’optique d’injecter des fonds dans la trésorerie d’Algérie Télécom pour couvrir les pertes inquiétantes et mirobolantes engendrées par les concessions accordées au géant Huawei dans le contrat pour le déploiement de 1 million d’accès FTTX.