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samedi, avril 20, 2024

Exclusif. Malgré des services médiocres, des dettes, Algérie Télécom va offrir des primes onéreuses à ses 25 mille employés

Algérie Télécom, la société étatique la plus décriée par les Algériens pour ses services médiocres et son incapacité chronique à démocratiser Internet en Algérie, va offrir des primes onéreuses à ses 25 mille employés, a appris Algérie Part au cours de ses investigations. 

La société publique  qui compte 3,2 millions d’abonnés à la téléphonie fixe et plus de 2 millions d’abonnés ADSL a réuni la semaine passée son conseil d’administration pour accorder une prime d’intéressement de 170 000 da à tous ses 25.000 employés. Cette prime devrait être versée en 2 tranches.  La première tranche portant sur 85.000 Da sera versée la dernière semaine du mois du Ramadan. Quant à la 2e tranche, elle sera versée au profit des travailleurs d’Algérie Télécom à l’approche de l’Aïd El-Adha.

Cette décision a suscité la colère et la frustration des travailleurs des autres entreprises du secteur des télécommunications comme Mobilis ou Algérie Poste. Ces travailleurs exigent le même traitement et ne comprennent pas pourquoi des primes sont uniquement versées aux salariés d’Algérie Télécom alors que cette entreprise enregistre régulièrement de très mauvais résultats financiers et des déficits budgétaires.

L’Etat algérien à travers le Trésor Public est régulièrement contraint d’intervenir pour renflouer les caisses d’Algérie Télécom pour lui permettre de continuer de survivre alors qu’elle dispose du monopole sur la commercialisation de l’accès à Internet et de la téléphonie fixe en Algérie. Dans la loi de Finances de 2020 votée et approuvée en décembre 2019, le Trésor Public était contraint par les autorités publiques d’accorder un prêt de 11,28 milliards Da, à savoir près de 120 millions de dollars. Il s’agit de l’argent public qui a été donné encore une fois à Algérie Télécom et celle-ci le gère en toute opacité.

Il faut savoir que la Cour des comptes a découvert des irrégularités inquiétantes dans la gestion d’Algérie Télécom entre 2010 et 2015. A titre d’exemple, le système de facturation d’Algérie Télécom n’est pas du tout transparent et maîtrisée. L’analyse des créances sur clients effectuée par les juges enquêteurs de la Cour des Comptes a révélé qu’un écart important qui s’élève à 6,83 milliards de dinars entre les données du commercial et les données de la comptabilité en 2015. Il ne s’agit que d’un exemple pris parmi tant d’autres car Algérie Télécom est un véritable trou noir. Une opacité qui a, d’ailleurs, provoqué une instabilité chronique à la tête  d’Algérie Télécom. Preuve en est, 8 PDG se sont succédés entre 2003 et 2016 à la tête de cette entreprise étatique.

Avec l’arrivée au pouvoir de Houda Feraoun au mois de mai 2015 à la tête du ministère des Télécommunications et de la Poste, cette ministre a aggravé la situation d’Algérie Télécom avec des pratiques encore plus opaques pour maquiller les déficits budgétaires et les mauvais résultats financiers.
En effet, Houda Feraoun et ses collaborateurs ont siphonné le fonds du service universel des télécommunications. Un fonds qui pesait jusqu’à 2018 plus d’un 1 milliard de dollars. De l’argent qui était destiné au départ au développement du service universel des télécommunications dans les régions les plus isolées de notre pays. Ce fonds a été institué depuis juillet 2000 pour financer une prestation de service télécom destinée à un nombre limité d’habitants. Il s’agit de la mise à la disposition d’un « service minimum » pour « tout résident d’une localité dont le nombre d’habitants est supérieur à 500 et inférieur à 2000 pour le sud de l’Algérie et supérieur à 1000 et inférieur à 2000 pour le nord », expliquent les textes réglementaires de l’Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques (ARPCE). Ce service minimum sera « financé par le fonds du service universel des télécommunications permettant par la même le désenclavement numérique de cette localité », explique les mêmes textes.
Ce fonds du service universel des télécommunications comptait beaucoup, mais beaucoup d’argent. Il était alimenté avec une taxe de 3,5 % que tous les opérateurs de télécommunications agréés en Algérie payaient de leur chiffre d’affaires annuel. De Djezzy en passant par Mobilis ou Ooredoo jusqu’aux opérateurs satellitaires comme Thuraya ou SLC ainsi qu’Icosnet, tous les opérateurs des télécoms versaient cette taxe au profit de ce fonds qui aurait atteint les 1 milliards de dollars après 10 années de son lancement.
Houda feraoun  et pour cacher les mauvaises résultats d’Algerie Télécom et algerie poste particulièrement à abusé gravement d’un fond au niveau de l’autorité de régulation pour payer ces 2 entreprises pour soit disant le service universel qui ne se justifie nullement .
Ce fond reçoit chaque année la taxe de 3,5 % du chiffre d’affaire de chaque opérateur mobile conformément aux dispositions de leur licence d’exploitation.

Mais où est donc parti tout cet argent ? C’est là que le bât blesse car nous avons obtenu au cours de nos investigations des documents exclusifs qui retracent des manoeuvres occultes orchestrées par Houda Feraoun et ses principaux collaborateurs au ministère de la Poste et des TIC pour détourner l’argent de ce fonds destiné aux algériens des régions éloignées et écartées du développement numérique pour couvrir les déficits répétitifs d’Algérie Télécom. De manière unilatérale et sans aucun respect de la réglementation garantissant la vocation initiale de ce fonds, Houda Feraoun a abusé de son pouvoir pour offrir plusieurs marchés à Algérie Télécom en puisant dans l’argent de ce fonds.

Selon nos investigation,  à partir de décembre 2018, l’équivalent de 300 millions de dollars ont été puisés de ce fonds sur instruction de Houda Feraoun dans l’optique d’injecter des fonds dans la trésorerie d’Algérie Télécom pour couvrir les pertes inquiétantes et mirobolantes engendrées par les concessions accordées au géant Huawei dans le contrat pour le déploiement de 1 million d’accès FTTX. 

C’est avec cet argent injecté illégalement dans les caisses du groupe Algérie Télécom que Houda Feraoun a pu se targuer auprès du gouvernement en 2019 d’avoir permis à cette entreprise étatique de réaliser des bénéfices de plus de 12 milliards de Da, à savoir près de 120 millions de dollars, et un chiffre d’affaires dépassant les 100 milliards de Da, à savoir près de 1 milliards de dollars.  Il s’agit, malheureusement, de chiffres artificiellement gonflés grâce au détournement des ressources du fonds du service universel. Malheureusement, aucune enquête n’a été diligentée car jusqu’à aujourd’hui, en dépit de son limogeage du gouvernement en janvier 2020 et de son placement sous interdiction de quitter le territoire national (ISTN), Houda Feraoun demeure à l’abri des poursuites judiciaires.
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