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samedi, avril 20, 2024

Exclusif. Le procès de l’affaire Gourdel s’ouvre demain jeudi à Alger : les secrets d’une interminable enquête

Demain jeudi 4 février est une journée historique en Algérie. C’est effectivement demain au tribunal de Dar El Beida à Alger que s’ouvre le procès tant attendu de l’affaire du français Hervé Gourdel, un guide de haute montagne enlevé et décapité par des terroristes jihadistes. Ce procès s’ouvre après plus de 6 ans d’une longue et interminable enquête.

Officiellement, 7 hommes doivent comparaître devant le tribunal de première instance de Dar El Beïda, en banlieue d’Alger. Quatorze personnes au total sont poursuivies dans cette affaire, dont sept seront jugées par contumace.

Pour rappel,  Hervé Gourdel s’était rendu en Algérie en septembre 2014 à l’invitation d’amis algériens pour explorer un nouveau site d’escalade dans le massif touristique du Djurdjura, à l’est d’Alger, plus précisément dans les environs de Tikjda, à une quinzaine de kilomètres d’Ait Ouabane, le lieu exact  de l’enlèvement d’Hervé Gourdel. Guide de montage aguerri, Hervé Gourdel était âgé de 55 ans aux moments des faits. Originaire de Nice, il est arrivé en Algérie le samedi 20 septembre 2014, 24 heures à peine avant son enlèvement.  Il a ensuite loué avec des amis algériens un chalet à Tikjda, entre Tizi Ouzou et Bouira (120 km à l’est d’Alger). Également formateur et photographe, Hervé Gourdel exerçait son métier dans le parc du Mercantour, dans les Alpes-Maritimes.

Le dimanche 21 septembre , il est kidnappé par un groupe dissident d’Al-Qaïda au Maghreb islamique qui a récemment prêté allégeance à l’organisation de l’État islamique (EI). Il s’agit de « Jund al-Khilafa » ce groupe avait menacé de l’exécuter si la France ne renonçait pas à ses frappes contre l’EI en Irak. La vidéo de sa décapitation diffusée le 23 septembre 2014 plus tard a provoqué un énorme choc en France et en Algérie.

Demain jeudi 4 février, les regards seront tous braqués sur le membre présumé de Jund al-Khilafa, le terroriste algérien Abdelmalek Hamzaoui qui avait été capturé et interrogé par l’armée. C’est lui qui avait mené à la dépouille du Français en janvier 2015 au cœur du massif du Djurdjura en Kabylie.

Sont également appelés à comparaître demain jeudi les cinq accompagnateurs algériens du guide niçois : Karim Oukara, Hamza Boukamoum, Oussama Dehendi, Amine Ayache et Kamel Saâdi, d’abord enlevés avec lui puis relâchés au bout de 14 heures. Mais cet acte terroriste est, en vérité, au coeur d’une très longue enquête qui dure depuis 6 ans. Algérie Part a accédé au cours de ses investigations à de nombreux documents confidentiels qui résument les tenants et aboutissants de cette inédite affaire portant sur l’un des crimes les plus abominables ayant été commis par des groupes terroristes en Algérie.

Au lendemain de ce crime terroriste, les autorités algériennes et françaises ont unis leurs efforts pour lancer une vaste enquête dans le but d’identifier rapidement les terroristes impliqués dans cet acte barbare et abject.

Au lendemain de la décapitation d’Hervé Gourdel, filmée pr le groupe terroriste,  le Procureur de la République du tribunal de Bouira a pris en charge les premières procédures de l’enquête. Les témoins de l’enlèvement du touriste français ont été rapidement auditionnés pour déterminer les circonstances exactes de l’enlèvement du ressortissant français assassiné. Le directeur général du ministère de la justice algérien a été désigné par les autorités algériennes pour répondre aux préoccupations des autorités françaises. Une demande d’entraide judiciaire a été communiquée par les autorités françaises dans un temps record.

Le ministère algérien de la Justice s’était engagé à communiquer  les procès-verbaux des auditions des témoins dans un délai d’une semaine. Dés le début, les autorités algériennes ont tenu informées les autorités françaises en temps réel de l’évolution de cette enquête judiciaire que personne au départ ne pensait qu’elle allait durer.. 6 longues années.

La section anti-terroriste du parquet de Paris s’est ensuite mobilisée pour venir en aide aux autorités algériennes notamment pour les besoins de l’autopsie du corps du défunt Hervé Gourdel.

Les autorités algériennes ont ensuite décidé de s’intéresser de près aux cinq personnes qui accompagnaient Hervé Gourdel sans sa randonnée dans les montages de Tikjda. Placées en garde-à-vue dans une première étape, ces personnes de nationalité algérienne ont été présentés ensuite à un juge d’instruction près le tribunal de Bouira, lequel les a inculpées officiellement pour : non déclaration aux autorités administratives de l’hébergement d’un étranger et dénonciation tardive du crime d’enlèvement.

Ces cinq personnes ont été placées par la suite sous contrôle judiciaire. La piste d’une possible complicité d’enlèvement, initialement envisagée, a été écartée par les autorités judiciaires algériennes. L’enquête a retenu avant tout une imprudence de ces personnes.
L’identité de ces personnes est la suivante : Karim OUKARA, franco-algérien vivant entre Lille et Boufarik, Oussama DEHENDI, Hamza BOUKAMOUM, Amine AYACHE et Kamel SÂADI.

L’enquête a progressé petit à petit pour se concentrer uniquement sur les membres du groupe armé à l’origine de la décapitation du randonneur et alpiniste Hervé Gourdel.  A la suite d’une Commission Rogatoire Internationale (CRI) adressée aux autorités algériennes le 6 novembre 2014, le juge d’instruction en charge du dossier Hervé Gourdel en Algérie, a transmis les auditions des dénommés Karim OUKARA, Oussama DEHENDI, Hamza BOUKAMOUM, Kamel SAADI, Amine AYACHE et Ferdjallah AMARA (accompagnateurs d’Hervé GOURDEL lors de son enlèvement), mis en cause dans cette affaire, ainsi que les
identités des terroristes identifiés et faisant l’objet de mandats d’arrêt lancés par les autorités judiciaires algériennes.

Les autorités françaises ont adressé plus tard une nouvelle CRI en date du 16 janvier 2015 désignant deux experts légistes qui se sont déplacés en Algérie afin d’examiner le corps d’Hervé GOURDEL. Le 8 février 2016, un magistrat instructeur français a adressé une nouvelle CRI aux autorités algériennes motivée par l’exploitation de PV algériens dont il résultait qu’un dénommé Abdelmoumen HAMZAOUI avait été interpellé par les soldats de l’ANP et que, sur ses indications, le corps d’Hervé GOURDEL avait pu être découvert.

 

Dans sa correspondance, le magistrat instructeur français demandait la communication des actes d’enquête et d’instruction portant sur cet individu ainsi que sur l’identification d’autres membres du groupe terroriste Jund Al Khilafah Al Jazaïri ayant participé à l’enlèvement et à l’assassinat du ressortissant français.  Le 29 juin 2016, les autorités judiciaires algériennes ont communiqué de nouvelles informations sur le déroulement de l’enquête à leurs homologues en France.

Il faut savoir qu’une quinzaine de mandats d’arrêt avaient été ensuite émis par la Justice algérienne contre des individus qui étaient finalement identifiés grâce aux ADN
récupérés et à l’exploitation de deux vidéos qui avaient été diffusées sur internet. L’une de ses vidéos montrait Hervé GOURDEL agenouillé devant des hommes en partie cagoulés et armés, l’autre vidéo montrait la décapitation du ressortissant français.

En parallèle, à la suite d’importantes opérations militaires de ratissage menées par l’ANP dans cette région montagneuse de Kabylie, un terroriste avait été interpellé en janvier 2015 alors que le second avait été neutralisé par les services sécuritaires. Il était identifié comme étant Abdelmalek HAMZAOUI, alias Abou Abderrahmane.

C’est justement cet individu qui avait révélé rapidement aux enquêteurs algériens le lieu où avaient été enterrés le corps et la tête de Hervé GOURDEL. Après quelques recherches, le corps d’Hervé GOURDEL , détaché de sa tête, avait effectivement pu être découvert le 15 janvier 2015 à une vingtaine de kilomètres de son lieu d’enlèvement.

HAMZAOUI était poursuivi pour ces faits criminels, son implication dans l’exécution en
partie filmée d’Hervé GOURDEL paraissant établie : il était facilement reconnaissable sur la
vidéo du fait de son handicap physique au niveau d’un bras similaire à celui observé sur
l’individu participant à l’égorgement d’Hervé GOURDEL. Enfin, c’est lui qui indiquait le lieu
où le corps avait été enterré après exécution. En marge de l’enquête judiciaire menée par la justice algérienne, d’autres individus faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux étaient neutralisés par les services de sécurité en Algérie dans le cadre de la lutte sans pitié contre le terrorisme.

Les autorités françaises et algériennes ont maintenu leur coopération et leurs échanges tout au long de l’enquête. Et plusieurs délégations françaises se sont rendues à Alger pour rencontrer des juges et des hauts responsables des services de sécurité algériens. A titre d’exemple, à l’occasion du déplacement en juin 2016 à Alger de la juge d’instruction en charge du dossier, Nathalie POUX, dans le cadre de l’affaire dite des moines de Tibhirine, son homologue algérien, lui annonçait la prochaine clôture du dossier d’information
relatif à Hervé GOURDEL et la tenue d’un procès criminel à Alger d’ici la fin de l’année 2016. La famille d’Hervé GOURDEL avait rapidement manifesté le souhait d’assister à ce procès à Alger.

Cependant, ce délai ne sera jamais respecté car l’enquête a continué de progresser très lentement puisque plusieurs terroristes n’ont pas été encore arrêtés. Mais cela n’a pas empêché les autorités algériennes de répondre favorablement aux demandes formulées par les autorités françaises le 4 mai 2016 en leur remettant des pièces à conviction. Ces pièces sollicitées par les autorités françaises sont parvenues  au cabinet du juge d’instruction français le 7 octobre 2016.

A ce moment-là, les autorités algériennes avait fourni un résumé détaillé des avancées de leur enquête judiciaires.  Il en résultait pour l’essentiel que Abdelmalek HAMZAOUI avait comparu devant le juge d’instruction algérien le 5 mai 2015, une fois remis des grave blessures consécutives à l’opération militaire ayant permis son interpellation. Il reconnaissait les faits reprochés et était placé en détention.

Une confrontation était organisée entre les individus qui accompagnaient Hervé GOURDEL
lors de son enlèvement (Hamza BOUKAMOUM, Karim OUKARA, Kamel SAADI et Oussama
DEHENDI), et Abdelmalek HAMZAOUI, qu’ils identifiaient formellement comme appartenant
au groupe terroriste qui les avait suivis et interceptés.

Les 4 accompagnateurs affirmaient qu’il se trouvait alors en compagnie du terroriste neutralisé ultérieurement et émir du groupe « Jound al-Khilafa », le dénommé Abdelmalek GOURI. L’enquête algérienne permettait d’identifier un autre membre du groupe terroriste en la personne de Sélim SALAMI à l’encontre duquel un mandat d’arrêt était délivré par les
autorités algériennes.

Le magistrat algérien en charge du dossier Gourdel à Alger avait confirmé encore la neutralisation, en plus de l’émir du groupe Abdelmalek GOURI de plusieurs terroristes impliqués dans l’enlèvement et l’assassinat d’Hervé GOURDEL. Il s’agit d’Ahmed BELHOUT, Béchir KHERZA, Ayoub BELARAJ et Boulal JAMEH.

Il avait ajouté dans ses correspondances adressées aux autorités françaises que des mandats d’arrêt étaient émis contre les autres individus membres du groupe terroriste en fuite, à savoir : Karim MEZIT, Abderrahmane MOUMEN, Mohamed HAMZAOUI, Abderrahmane CHAREF, Al-Ayachi BEN ARBIA, Ammar CHAOUCH, Mohamed SERAJ,
Muheiddine HERNAFI, Redouane TAKBOU et Abdennour KHATTAB.

La justice algérienne  avait décidé également à la fin de l’année 2016 de considérer que Karim OUKARA, Oussama DEHENDI, Hamza BOUKAMOUM, Kamel SAADI, Amine AYACHE et Ferdjallah AMARA, les accompagnateurs d’Hervé GOURDEL, comme des « accusés sous le régime de la surveillance judiciaire ».

L’exploitation de leur téléphonie établissait qu’ils n’avaient eu aucun contact avec les différents terroristes mise en cause dans cette affaire.  A partir du 2 mars 2017, les autorités algériennes ont communiqué aux autorités françaises les notifications de la fin de l’information criminelle du juge d’instruction du tribunal de Sidi M’Hamed, à remettre aux parties civiles constituées, à savoir les membres de la famille d’Hervé Gourdel, dans le dossier algérien.

A ce moment-là, la justice algérienne s’était engagée à organiser le procès criminel de l’affaire Gourdel devant le tribunal criminel d’Alger avant l’été 2017. Un engagement qui ne sera pas encore une fois respecté.

Le 24 septembre 2019, la famille du défunt Hervé Gourdel s’impatiente et ne comprend pas pourquoi le procès des terroristes à l’origine de la disparition tragique de leur proche en 2014 n’a pas pu encore se tenir en Algérie. « En attendant que justice passe, le nom d’Hervé Gourdel est resté. Un trail ouvert aux personnes handicapées, un festival de photographie de montagne portent les valeurs d’un homme ouvert sur le monde. Sa veuve, ses enfants et ses proches lui rendent ainsi un bel hommage posthume. En espérant connaître un jour toute la vérité », écrivait ce jour-là Nice-Matin, un quotidien régional français, dans lequel la famille de la victime française avait exprimé son chagrin en confirmant qu’aucune date n’avait été encore fixée pour le procès en Algérie.

« Cinq ans après l’assassinat du Niçois Hervé Gourdel, toujours l’attente d’un procès », titrait le quotidien français. Demain jeudi 4 février 2021, cette vérité pourra être entendue au tribunal de Dar El-Beida. 6 ans plus tard, la famille du défunt alpiniste et randonneur français pourra enfin faire son deuil et comprendre les dessous de l’un des crimes terroristes les plus abjects de ces 10 dernières années en Algérie.

 

 

 

 

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3 تعليقات

  1. Le terrorisme est le concept qui est utiliser pour les colonisations des racistes colonialistes comme les Francais au Mali, Le Burkina, Tchad et les racistes colonialistes Americains en Afghanistan, Somalie, Irak, Syrie, etc. Les pays ou il y a des generaux genocidaires le concept est cree pour dominer, controler et emprisoner toute la societe’ pour mieux la voler tel en Algerie avec le terrorisme des GIA, Aqmi, etc, etc, L’Egypte ou l’armee’ genocidaire de Sissi utilise le terrorisme pour les meme raison que les generaux Algeriens. Les maitres d’esclaves en Seoudite, Emirates, Maroc, Bahrein utilisent aussi le terrorisme pour que les esclaves ne revendique que le droit a la vie.

    Le terrorisme est un concept des racistes colonialiste Francais, Americains que les generaux genocidaires et les maitres des esclaves utilisent pour detruire des peuples.

  2. @balou
    « A l’image de la grande majorité d’algériens, je me demande bien qu’est-ce ils ont dans la cervelle ?« 
    Commence par faire le ménage dans la tienne.
    On est jamais mieux servi que par soit même.
    On voit bien «  l’être supérieur «  qui se cache derrière cette phrase…