C’est du jamais vu. Alors qu’il avait été officiellement limogé depuis la fin du mois de septembre dernier de son poste de directeur général de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires d’Alger (SGSIA), Tahar Allache a été maintenu en poste à la dernière minute à la suite de l’intervention musclée du premier patron de la police algérienne, Khelifa Lounissi, directeur général de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), a-t-on appris au cours de nos investigations.
A la fin du mois de septembre, le tribunal de Dar El Beida a réclamé la suspension définitive de Tahar Allache en raison de son implication dans plusieurs affaires de corruption sur lesquelles est en train d’enquêter la justice algérienne. Depuis le début du mois d’août dernier, le patron de l’aéroport d’Alger est frappé d’une interdiction de quitter le territoire national (ISTN). Un huissier de justice s’est même déplacé jusqu’aux locaux de la direction générale de la SGSIA pour récupérer plusieurs cartons de dossiers gérés par Tahar Allache et les « cachets » de la SGSIA. Tahar Allache obtempère et remet tous les dossiers et ses cachets à la justice.
Mais au lieu de partir et de quitter définitivement ses fonctions, il a été maintenu en poste et occupe toujours son bureau en dépit des décisions judiciaires rendues à son encontre. Comment est-ce possible ? Tahar Allache doit en vérité sa survie à Khelifa Lounissi, le patron de la DGSN, qui est intervenu en activant ses réseaux pour réclamer le maintien de son ami le patron de l’aéroport d’Alger, un homme avec lequel il s’est lié d’amitié lorsque Khelifa Lounissi était à la tête de la Direction de la Police de l’air et des frontières.
Selon nos investigations, Khelifa Lounissi est allé jusqu’à réclamer à la justice de restituer à Tahar Allache les « cachets » de la direction générale de la SGSIA. Le patron de la police algérienne a fait également du lobbying auprès du ministre des Transports et des Travaux publics, Mustapha Kouraba pour que ce dernier bloque et passe outre la décision du tribunal de Dar El Beida et maintienne ainsi Tahar Allache dans son poste. C’est dire enfin que la justice algérienne est toujours au service des plus puissants et peine à imposer son indépendance.
