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samedi, avril 20, 2024

Exclusif. Katy, Djamel Oulhadj, Malaga ou Marbella : le réseau espagnol secret du général Ghali Belkecir

Recherché par le tribunal miliaire de Blida pour « haute trahison », le général Ghali Belkecir, l’ancien patron de la gendarmerie nationale, l’officier supérieur le plus corrompu et sulfureux de l’armée algérienne en raison de tous les dossiers de corruption qu’il traîne derrière lui tout au long de son ascension fulgurante au sein de la gendarmerie nationale en Algérie de 2014 jusqu’à 2019, profite d’une retraite paisible et princière dans les stations balnéaires les plus chics et paradisiaques de la côte espagnole. Un « refuge doré » qu’il avait commencé à préparer et construire depuis les années 2010-2011 grâce à un réseau affairiste qui repose sur deux personnages incontournables : le milliardaire et promoteur immobilier Djamel Oulhadj ainsi que l’intrigante femme d’affaires Katy. 

D’abord, Djamel Oulhadj. Djamel Oulhadj est le patron de plusieurs sociétés immobilières à l’origine de construction de nombreuses résidences luxueuses et cités résidentielles. Parmi ces entreprises immobilières, on peut citer la EURL PROMO IMMO BAT OULHADJ ou la SARL SOPROFORT. Ce milliardaire détient également des participations dans une vingtaine d’autres entreprises spécialisées dans plusieurs secteurs comme le médicament ou l’agriculture

En plus de sa richesse et son aisance financière, le promoteur Djamel Oulhadj jouissait d’un atout de poids : il faisait partie des amis les plus intimes de Said Bouteflika, le frère du président Bouteflika et le véritable détenteur du pouvoir en Algérie depuis 2014. Avec Amine Djerbou, sur lequel Algérie Part a publié récemment toute une enquête fouillée, Djamel Oulhadj était l’un des rares oligarques algériens qui pouvaient entrer aisément à la résidence présidentielle de Zéralda. Et Said Bouteflika se rendait régulièrement dans les deux villas prestigieuses de Djamel Oulhadj à Belota, dans les environs de Zéralda, ou le chemin des Glycines à Alger.

Entre le général Ghali Belkecir et le milliardiare Djamel Oulhadj, il y avait une secrète alliance qui faisait trembler tout le gratin du pouvoir algérien. C’était le colonel Mourad Zaghdoudi qui était l’intermédiaire entre le général et le promoteur immobilier. Djamel Oulhadj lui avait organisé une rencontre avec Saîd Boutefllika en été 2015. A l’époque, Mourad Zaghdoudi était le patron de la brigade de la gendarmerie nationale de Zéralda. Djamel Oulhadj a convaincu Said Bouteflika de charger Mourad Zaghdoudi de mener l’enquête sur l’affaire des tirs dans la résidence présidentielle de Zéralda qui avait éclaté en juillet 2015. A la suite de son travail, en guise de récompense, le colonel Mourad Zaghdoudi a obtenu une promotion et s’est retrouvé à la tête de la brigade de Bab Jedid de la gendarmerie nationale, l’unité la plus stratégique de ce corps militaire.

Avec cette promotion inédite, le milliardaire Djamel Oulhadj et son allié le colonel Mourad Zaghdoudi vont s’imposer comme les interlocuteurs privilégiés dans le traitement de tous les dossiers de corruption qui passent par la brigade de Bab Jedid. Gel des plaintes, litige avec des adversaires encombrants et même les retraits des permis, le colonel Mourad Zaghdoudi obéissait comme un caniche à son promoteur Djamel Oulhadj et exécuter la moindre de ses caprices. Grâce à ses relations au sein de la gendarmerie nationale, Djamel Oulhadj a pu être épargné par les enquêtes sur les affaires de corruption impliquant toutes les ramifications du clan présidentiel. Il a réussi, dés le début du Hirak en février dernier, à s’enfuir pour rejoindre l’Espagne où il possède des propriétés immobilières dans la région de San Joan de Alicante.

C’est justement grâce aux affaires prospères de Djamel Oulhadj en Espagne que le général Ghali Belkecir a commencé à transférer vers l’Espagne ses fonds illicitement accumulés en Algérie par le biais des commissions et rétro-commissions régulièrement amassées au cours de ses fonctions. Djamel Oulhadj a appris à Ghali Belkecir toutes les astuces secrètes du business en Espagne pour lui permettre de dissimuler une partie importante de son patrimoine développé en Algérie dans le sillage des opérations de corruption ayant profité à l’ex-patron de la gendarmerie nationale et à son épouse, Fatiha Boukhers, puissante magistrate et ex-Présidente de la Cour de Tipaza.

Djamel Oulhadj connaît parfaitement l’Espagne et utilise régulièrement ses sociétés espagnoles pour traiter les affaires des dirigeants algériens notamment de son protecteur Ghali Belkecir. En octobre 2019, Djamel Oulhadj opère des changements importants dans les statuts et organisation de l’une de ses principales sociétés espagnoles : Derbini Investment SL, une société basée à Alicante et domiciliée à l’Avenida de Maisonnave.

Avec cette société, Djamel Oulhadj a blanchi les fonds illicites algériens du général Ghali Belkecir en les réinvestissant dans l’immobilier et la construction, les deux secteurs stratégiques de l’économie espagnole. De l’exploitation hôtelière aux activités immobilières telles que la gestion de biens immobiliers propres et tiers ou la vente de biens immobiliers, Djamel Oulhadj est un génie des affaires et Ghali Belkecir va beaucoup profiter de ses connaissances pour s’implanter en Espagne préparant sa retraite dorée à l’abri des regards indiscrets de ses adversaires politiques en Algérie.

En échange de ses bons et loyaux services, le général Ghali Belkecir a su comment renvoyer l’ascenseur au promoteur immobilier Djamel Oulhadj.  En effet, dés les premières heures de la chute d’Abdelaziz Bouteflika dans le sillage des grosses manifestations enclenchées par le mouvement populaire du 22 février, Djamel Oulhadj s’est rapidement rapproché du général Ghali Belkecir pour lui réclamer sa « protection ». Le commandant de la gendarmerie nationale va rapidement accéder au « voeu » de son ami le milliardaire en l’extirpant de la liste des noms des oligarques soumis à des interdictions de quitter le territoire national (ISTN) dans le cadre des premières enquêtes prémilinaires sur des faits de corruption.

Grâce à « ce service rendu » par le général Belkecir, Djamel Oulhadj a pu quitter Alger pour rejoindre l’Espagne où il possède des propriétés à Alicante. Ensuite, il est parti séjourner à Dubai à l’abri des poursuites judiciaires enclenchées à l’encontre des membres du clan Bouteflika qui ont orchestré pendant des années le pillage des richesses de notre pays. Le général Ghali Belkecir prend bien soin de ses amis et alliés…

Mais en Espagne, une autre alliée de poids a permis à Ghali Belkecir de cacher sa fortune et de préparer son exil. Il s’agit d’une femme d’affaires algérienne appelée Katy. Son vrai nom est Houria Debbah et elle s’était installée en Espagne depuis les années 70.

En 1980, cette algérienne très rusée avait ouvert des boutiques à Alicante sous l’enseigne « Tati » pour attirer les touristes algériens friands de réaliser de bonnes affaires qui connaissent très bien cette célèbre enseigne française de vente de textile et de bazar bon marché. Mais Fabien Ouaki, le fils du fondateur français de la marque, la menaça d’un procès. Elle trouva rapidement la parade et se contenta de changer deux lettres à l’enseigne litigieuse qui devint « Katy » à la place de « Tati ». Elle ajouta en dessous cette devise malicieuse et néanmoins tout à fait légale: « Chez Katy, c’est comme chez Tati » !

Et c’est comme ça que les touristes algériens ont commencé à l’appeler Katy. Pendant deux décennies, l’algérienne Katy va se tailler un véritable empire notamment dans l’immobilier où elle sera le reine de Benidorm, la fameuse station-balnéaire espagnole qui devient l’un des plus hauts lieux du tourisme de fête en Espagne. Les milliardaires algériens, les dirigeants politiques ou militaires sollicitent tous Katy pour leur trouver des « bons plans » immobiliers afin de faire des acquisitions en Espagne à Benidorm, Alicante, Malaga ou même la prestigieuse Marbella, le coin des richissimes milliardaires sur au sud de l’Espagne, sur la Costa del Sol, dans la région andalouse.

C’est justement Katy qui a permis au général Ghali Belkecir de devenir propriétaire en Espagne en l’orientant et l’accompagnant dans toutes ses démarches secrètes pour préparer son exil doré sur la belle côte espagnoles. C’est en été 2010 que Katy rencontre Ghali Belkecir pour la première fois, a-t-on confirmé au cours de nos investigations. A Bénidorm, la femme d’affaires algérienne va lui faire aimer la douceur de vie en Espagne. Une année plus tard, Ghali Belkecir revient à Benidorm avec sa femme, Fatiha Boukers, et leurs enfants. En été 2012, Ghali Belkecir et sa famille passeront leurs vacances en Espagne et feront le tour de ses belles stations-balnéaires à partir de Benidorm. Katy leur sert de guide. Elle les informe, elle leur propose les meilleures affaires et opportunités à saisir.

Avec son agence de location de voitures et son agence immobilière : « Katy trading cars » et « Katy trading houses »,  Katy va faire de juteuses affaires avec les Belkecir et leur permettra de devenir propriétaires, d’abord à Malaga ensuite tout près de Marbella, là où se cachent en ce moment le général Ghali Belkecir et sa famille lorsqu’ils ne séjournent pas secrètement dans le 16e arrondissement, le célèbre quartier chic de la capitale française Paris.

Grâce à ses relations privilégiées avec les Belkecir, Katy va développer ses affaires et attirer une nouvelle clientèle au sein de l’institution militaire et du milieu restreint des hauts gradés de l’armée algérienne qui fantasment sur le « paradis espagnol ». Avec ce réseau, Ghali Belkecir dispose aujourd’hui de propriétés immobilières, d’avoirs bancaires et financiers qui lui permettent de terminer sa vie comme « un Roi » sous le soleil et sur le sable fin de la Costa del Sol. Et pendant ce temps-là, les victimes de ce général « ripou » pleurent toutes les larmes de leurs corps à défaut d’une justice qui peut leur restituer leurs droits bafoués à jamais…

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