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jeudi, mars 28, 2024

Exclusif. Ces trois méga-projets scandaleux que Djerad et Hakkar veulent absolument conclure

Depuis l’hospitalisation d’Abdelmadjid Tebboune en Allemagne à la suite d’une sévère infection au COVID-19, le doute s’est emparé du clan du Premier-ministre, Abdelaziz Djerad. Se croyant naguère tout puissant et à l’abri des salves de ses adversaires, ce clan composé par Abdelaziz Djerad et ses fidèles soldats parmi les ministres et hauts fonctionnaires de l’Etat qui lui doivent tous leur ascension, commence à vaciller sérieusement.  Preuve en est, dans le secteur des hydrocarbures, craignant un prochain retournement de la situation qui leur sera fatal, Djerad et son allié le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, sont en train d’accélérer les dernières manoeuvres pour conclure trois méga-projets très douteux qui ont été négociés dans des conditions troublantes donnant naissance à des pratiques illicites ou immorales. 

En effet, les trois marchés derrière lesquels court comme un fou ces derniers jours le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, l’un des piliers du clan Djerad au sommet du pouvoir algérien, comme il a été longuement expliqué dans les révélations d’Algérie Part, sont la future jetée GNL du port de Skikda d’un coût de 400 millions de dollars, le futur projet de production de Polyéthylène en partenariat avec la compagnie Sud-Coréenne DAELIM d’un investissement de 5,4 milliards US$ à Skikda (en cours) ainsi que la sélection et pré-qualification de fournisseurs étrangers de matériel tubulaire pour le forage pétrolier.

Le troisième marché concentre justement ces derniers jours l’essentiel des dernières manoeuvres de lobbying de Toufik Hakkar et ses plus proches collaborateurs à la direction générale de Sonatrach. L’enjeu est stratégique et majeur car il s’agit de sélectionner une dizaine de fournisseurs étrangers parmi les 43 sociétés internationales qui sont candidates au marché De fourniture de pipes de forage pétroliers et gaziers, un marché de près d’un 1 milliard de dollars.

Algérie Part avait expliqué récemment comment les hauts responsables actuels de la direction générale de Sonatrach sont en train de violer toutes les procédures légales et réglementaires pour sélectionner à leur guise les futurs fournisseurs étrangers qui doivent approvisionner la compagnie nationale des hydrocarbures en tubes en acier, en pipelines ou en divers autres équipements très prisés dans les activités du forage. Une société bénéficie particulièrement de l’attention de l’actuel establishment de Sonatrach. Il s’agit de l’opérateur russe TMK.

A ce titre, ces derniers jours, les 8 membres de la commission chargée d’étudier et de valider les dossiers de pré-qualification des fournisseurs de matériel tubulaire subissent une énorme pression de la part d’un certain Messikar Réda, conseiller auprès du directeur de la production du groupe Sonatrach, Taleb Messaoud, pour les persuader d’accorder leur feu vert au dossier de la société russe TMK afin qu’elle puisse être sélectionnée parmi les fournisseurs qualifiés pour participer aux marchés publics de fourniture des pipes et tubes nécessaires aux forages des gisements des hydrocarbures de notre pays.

Nous avons pu confirmer au cours de nos investigations que Réda Messikar est en train d’exercer un puissant lobbying auprès des 8 membres de cette commission technique en leur promettant des généreuses rétributions si le dossier TMK, la société parrainée secrètement par Toufik Hakkar et ses alliés au sein de la direction générale de Sonatrach, passe comme une lettre à la poste. Il faut savoir que cette commission chargée de l’étude des dossiers de pré-qualification des fournisseurs étrangers relève la division production de Sonatrach et plus exactement de la direction approvisionnements et transport.

Réda Messikar abuse ainsi de ses fonctions de conseiller influent auprès du directeur de production de Sonatrach pour impressionner les membres de cette commission technique afin de réaliser le voeu de Toufik Hakkar : imposer la société russe TMK parmi les principaux fournisseurs étrangers de Sonatrach et accéder ainsi à un marché juteux estimé à près de 1 milliard de dollars.

Et pourtant, le dossier de la société TMK est déficient et ne satisfait pas de nombreux critères fixés la réglementation interne à Sonatrach concernant les qualifications exigées aux fournisseurs étrangers pour les pipes ou le matériel tubulaire, à savoir les tubes en acier sans soudure indispensables pour les puits d’exploration et de production de pétrole et de gaz.

Algérie Part a pu obtenir un document interne au sein de Sonatrach qui confirme les déficiences de l’offre TMK. A titre d’exemple, la société russe n’a pas paraphé le document des règles d’éthique exigé par Sonatrach. Plusieurs formulaires d’information n’ont pas été fournis et il manque dans le dossier des russes encore plusieurs pièces fondamentales comme les rapports d’audit détaillés, les états financiers ainsi que les licences ou les brevets prouvant que le matériel tubulaire est fabriqué selon les normes mondiales homologuées par Sonatrach.

Le plus bizarre demeure tout de même la candidature de la filiale suisse de TMK dont les états financiers révèlent un chiffre d’affaires d’à peine 3 millions d’euros. Les représentants de TMK vont ensuite se raviser et remplacer cette filiale suisse par la maison mère basée en Russie. Mais les membres de la commission technique de Sonatrach vont uniquement formuler des réserves sans exclure le dossier de ce fournisseur étranger.

Et pourtant, le groupe français Vallourec a été exclu de la course à la pré-qualification des fournisseurs étrangers de Sonatrach parce qu’il a présenté deux dossiers de candidature : le premier au nom de la maison-mère, le deuxième au nom d’une de ses filiales.

Mais étrangement, les responsables de la division production de Sonatrach se comportent beaucoup de complaisance à l’égard de cette société russe parrainée par le clan Hakkar. Ce lobbying va-t-il finir par payer en dépit de toutes les irrégularités flagrantes ?

Cette question se pose avec acuité pour les deux autres marchés qui vont saliver le clan Hakkar-Djerad. Le Projet de production de Polyéthylène en partenariat avec la compagnie Sud-Coréenne DAELIM d’un investissement de 5,4 milliards US$ à Skikda n’a pas été validé par le ministère de l’Energie depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Attar lequel a bien décelé les anomalies de ce projet qui repose sur la surfacturation de plusieurs prestations et réalisations d’infrastructures énergétiques. Et l’Algérie, frappée par la crise financière, ne peut pas se permettre un autre gâchis budgétaire. Hakkar ne recule pas et avec le soutien de Djerrad, son parrain, il continue de se battre pour imposer la signature de ce méga-projet avec les sud-coréens.

A Skika toujours, le projet du jetée de GNL de Skikda a, quant à lui, été signé en janvier 2019. Mais Hakkar et ses lieutenants veulent offrir à la compagnie chinoise CHEC une rallonge de 200 millions de dollars pour justifier la réévaluation de plusieurs chantiers de ce projet qui est en train de se transformer en un immense scandale de dilapidation des deniers publics. Rappelons enfin que la rédaction d’Algérie Part avait publié des documents exclusifs prouvant que la réalisation de la nouvelle jetée de GNL et l’extension du port pétrolier de Skikda laquelle devait permettra au méga-train GNL de Skikda de porter sa production à sa capacité nominale, l’accostage de navires de grandes capacités afin d’explorer des perspectives supplémentaires de marchés pour le GNL algérien, est en réalité une immense fumisterie donnant lieu à un scandale de corruption sans aucun précédent dans le secteur des hydrocarbures en Algérie.

Ce projet de la fameuse Jetée GNL n’a connu aucun taux d’avancement appréciable ou notable. Pis encore, la compagnie chinoise CHEC accuse 18 mois de retards dans les travaux de ce méga-chantier qu’elle s’est engagée au bout de 28 mois. Un engagement qu’elle ne respectera jamais parce qu’avec tout le retard accusé dans les travaux de construction, il est impossible de livrer cette jetée, un ouvrage qui s’avance dans la mer pour couvrir l’entrée d’un port, GNL dans les délais impartis. La compagnie chinoise CHEC a fait l’objet de 3 mises en demeure qui lui ont été adressées par Ali Belaid, le chef de projet nommé par Sonatrach pour superviser les travaux et la réception de cette future jetée stratégique du port pétrolier de Skikda. Malgré toutes ces irrégularités, la direction générale de Sonatrach conduite par Hakkar et son mentor Djerad veut à tout prix offrir un avenant de 200 millions de dollars aux chinois de la CHEC…

Algérie Part reviendra sur ces trois méga-projets avec de nouvelles révélations dans ses prochaines publications.

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