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vendredi, mars 29, 2024

« Epais brouillard » autour de la gestion des fonds et argent des travailleurs de l’ENNA

L’Établissement national de la navigation aérienne (ENNA) continue de défrayer la chronique. Cette entreprise publique très sensible et stratégique, véritable pilier du transport aérien en Algérie, organise depuis ce mardi 6 juillet les élections pour le renouvellement du bureau des dirigeants de son comité de participation. Ces élections se déroulent dans des conditions troublantes marquées par de nombreux scandales de mauvaise gestion et des dilapidations de deniers publics. Des scandales sur lesquels la justice algérienne refuse d’entamer la moindre investigation. 

Et pourtant, les enjeux financiers sont énormes. Pour ces élections des membres du comité de participation, Algérie Part a pu confirmer au cours de ses investigations que les mêmes responsables actuels de cet organe névralgique de l’entreprise sont candidats à la reconduction de leurs mandats. Il s’agit de Khelifi Abderrahmane, qui occupe également les fonctions de secrétaire général de la section syndicale de l’UGTA de l’ENNA, Rouag Bellabess, Rezkallah Benyoucef, Abdeliche Youcef et Meddour Amine ainsi que Khaled Nasseri.

Ces hauts responsables de l’ENNA veulent obtenir le renouvellement de leurs mandats et orchestrent une campagne de lobbying très intense pour s’accrocher encore aux commandes du pouvoir du comité de participation de l’entreprise. Et pourtant, ils sont décriés par les travailleurs et contestés pour leur légitimité sans oublier leur bilan entaché de malversations financières. Nous avons pu confirmer auprès de plusieurs sources concordantes que les contrôleurs aériens à l’échelle nationale ont décidé de boycotter ce vote en raison de l’absence d’un bilan moral et financier de la dernière mandature. Les membres du Syndicat national des personnels de la circulation aérienne (SNPCA) ont également rejoint ce boycott.

Les boycotteurs ont également saisi le ministère du Travail ainsi que l’Inspection Générale du Travail pour dénoncer la tenue de cette élection qualifiées d’illégitimes en raison de l’opacité du fonctionnement actuel du Comité de Participation. Mais même si les quelques 700 contrôleurs aériens de l’ENNA boycottent le processus de vote, l’ENNA a maintenu tout de même le scrutin étouffant ainsi toutes les contestations. Le personnel administratif de l’ENNA et d’autres agents qui travaillent au niveau des directions logistiques et des aérodromes répartis sur le territoire national vont ainsi combler l’absence des… contrôleurs aériens.

Et c’est ainsi que l’ENNA, l’une des plus sensibles entreprises publiques en Algérie, disposera d’un « nouveau » comité de participation qui ne sera nullement représentatif de la plus importante frange des travailleurs de l’entreprise.

Il faut savoir qu’à partir de 20 travailleurs, toute entreprise algérienne doit élire un comité de participation, chargé de représenter les salariés. C’est à travers le comité de participation (CP) que le législateur algérien fait jouer aux salariés un rôle majeur auprès de l’employeur qui doit composer avec cet organe dans la gestion quotidienne. La mise en place de ce comité est conditionnée par un vote en vue de désigner ses membres. Une fois élus, ces derniers se voient confier des fonctions visant à améliorer la prise en compte des intérêts des travailleurs par l’organisme employeur. Le CP peut également gérer les œuvres sociales de l’organisme employeur. Consulter les états financiers de l’organisme employeur : bilans, comptes d’exploitation, comptes profits et pertes et informer régulièrement les travailleurs des questions traitées sauf celles ayant trait aux processus de fabrication, aux relations avec les tiers ou celles revêtues d’un cachet confidentiel ou secret.

Soulignons enfin que l’ENNA est une société publique quasiment méconnue en Algérie. Et pourtant, cette grosse entreprise publique est parmi l’un des premiers établissements stratégiques de l’Etat algérien. C’est l’organisme qui est chargé  de l’exploitation et de la sécurité du transport aérien algérien.  Une mission très délicate qui engage la sécurité nationale et la souveraineté de tout notre pays. L’ENNA est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) placé sous la tutelle du ministère des Transports algériens. Et en tant qu’EPIC, il doit gérer des fonds très conséquents et de nombreux marchés aux montants faramineux. De l’exploitation technique des aérodromes jusqu’à la réglementation de la circulation aérienne en passant par la sécurité de la navigation aérienne dans l’espace aérien algérien, le travail de l’ENNA lui permet de gérer des budgets de plusieurs Milliards de Da et de plusieurs Millions d’Euros et de Dollars. Algérie Part a publié de nombreuses enquêtes sur les dessous de la gestion douteuse de l’ENNA.

Algérie Part est le seul média algérien qui ose enquêter à chaque fois sur les pratiques et gestion de l’ENNA. Nous avons publié de nombreuses enquêtes et des révélations appuyées par de nombreux documents démontrant des anomalies et des irrégularités qui devraient interpeller les pouvoirs publics. Malheureusement, les autorités algériennes chargées de surveiller cette importante entreprise publique n’ont jamais voulu réagir en sévissant contre ces pratiques immorales et illégales dénoncées par nos publications.

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