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jeudi, avril 25, 2024

Envois de fonds vers l’Afrique : l’Algérie ne profite pas de l’importance de sa diaspora

Les envois de fonds vers l’Afrique constituent une source financements majeurs pour le continent. Malheureusement, l’Algérie dispose d’une part très marginale de ce gâteau en devises en dépit de l’importance de sa diaspora à l’étranger. Pis encore, les transferts de devises des Algériens établis à l’étranger vers leur pays natal connaît une baisse vertigineuse et inquiétante. Preuve, selon les statistiques de la Banque mondiale (BM) sur les transferts de migrants vers leurs pays d’origine, la diaspora algérienne n’a transféré que 1,8 milliard de dollars en 2019, soit plus de 300 millions de dollars en moins par rapport à 2018 où les transferts ont été estimés à plus de 2,157 milliards de dollars.

Ce chiffre est totalement ridicule par rapport au véritable potentiel de la diaspora algérienne qui peut contribuer à améliorer les rentrées de devises de son pays. L’Algérie dispose tout de même d’une diaspora à travers le monde qui est estimée à près de  7 millions d’Algériens vivant à l’étranger. En fait, il s’agirait plus d’une estimation que d’une statistique avérée puisque le nombre de nationaux immatriculés dans les consulats n’excéderait pas les 2 million de personnes. Mais l’émigration est une vieille tradition en Algérie et plusieurs générations d’algériens ont grandi maintenant à l’étranger.

Avec une telle diaspora établie en Europe, Amérique du Nord ou Moyen-Orient, l’Algérie aurait pu drainer d’importantes rentrées de devises comme le font de nombreux autres pays africains. Dans son dernier rapport sur la situation économique et financière en Afrique, la Banque Africaine de Développement (BAD) a fait savoir que le total des apports financiers extérieurs à l’Afrique est resté inchangé en 2018, à 205,7 milliards d’USD, avec quelques changements dans l’importance relative des sources de financement.

Les envois de fonds et l’IDE ont dominé le financement extérieur en 2018 dans le contexte de la reprise économique mondiale qui a débuté à la mi-2016. Les envois de fonds dominent, atteignant 82,8 milliards d’USD, soit une hausse de 7 % par rapport à 2017. L’IDE a augmenté de 10,9 %, en 2018, atteignant 45,9 milliards d’USD, mais reste en deçà de son niveau le plus élevé de 2015 (56,9 milliards d’USD).

Le rapport de la BAD souligne que les envois de fonds vers l’Afrique augmentent depuis 2016, atteignant de nouveaux sommets en raison d’une reprise de la croissance économique mondiale en 2017 et 2018 et d’une augmentation des migrations (qui ont presque doublé entre 2000 et 2019)4. L’Égypte et le Nigéria, suivis par le Maroc, le Ghana et le Kenya, représentent 76,2 % des envois de fonds en 2018. D’après la BAD,  cela n’est pas surprenant, car ils représentent 44 % de la migration internationale de l’Afrique vers les pays à haut revenus. Si l’on tient compte de la taille de l’économie, les envois de fonds représentent plus de 10 % du PIB au Lesotho, en Gambie, au Cabo Verde,
au Libéria, aux Comores et en Égypte.

C’est dire que les diasporas africaines participent énormément aux financements de leurs pays. Or, ces pays africains ont pu tirer profit de leurs diasporas respectives parce qu’ils ont établis des politiques attractives qui récupèrent des capitaux en devises pour ensuite les réinvestir à l’échelle locale.

Au Ghana, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo,  a décrété 2019 « année du retour ». Une façon d’inviter les membres de la diaspora, qui vivent outre-Atlantique ou en Europe à venir visiter le pays, voire à s’y installer.

Et depuis janvier 2020, le gouvernement ghanéen espère lever $3 milliards auprès de sa diaspora pour financer des projets de développement dans l’agriculture, les infrastructures et le tourisme. Pour réussir cette mission, le Ghana a structuré un véhicule d’investissement pour offrir de meilleurs taux que ce que les déposants peuvent généralement gagner dans des pays tels que les États-Unis. Le ministère des Finances est en pourparlers avec la Banque centrale pour finaliser l’offre qu’elle compte lancer avant la fin de 2020.

Le Ghana a collecté $3,8 milliards en 2018 auprès de sa diaspora, ce qui représente 7,3% de son PIB. Il se situe en deuxième position dans les envois de fonds en Afrique sub-saharienne, après le Nigeria avec $24,4 milliards en 2018, selon les chiffres de la Banque mondiale. Contrairement au Ghana, l’Algérie n’offre aucune politique financière avantageuse à sa diaspora. Les Algériens à l’étranger continuent donc  d’approvisionner leurs proches et familles avec des devises transférées par le biais du marché noir échappant ainsi au canal bancaire et provoquant des pertes considérables pour tout l’Etat. Triste gâchis dans une période aussi cruciale pour l’avenir économique de l’Algérie.

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