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mercredi, avril 24, 2024

Enquête. L’école algérienne : des milliards de dollars d’investissements pour des résultats décevants

Grèves cycliques, colère des enseignants, protestations sociales, mauvaises condition de travail, agressions sauvages à l’encontre des enseignants, appréhension des parents des élèves et risque de boycott des examens de fin d’année, l’école algérienne est plus que jamais au coeur de l’actualité. Il est temps de s’attarder sur son fonctionnement et son bilan. Depuis de très longues années, l’Algérie a consacré des budgets colossaux à son école pour finalement des résultats très moyens, pour ne dire médiocres. Enquête. 

 

La priorité donnée à l’éducation et à la formation de la jeunesse n’est pas nouvelle en Algérie. Depuis l’indépendance du pays, des ressources et des investissements massifs ont été consacrés à l’éducation. L’État algérien garantit l’accès à l’éducation de tous les enfants algériens âgés de 6 à 16 ans. L’Algérie a, par la suite, mis en place l’enseignement primaire pour tous. Le taux net de scolarisation primaire est de 98,5 %. La parité entre filles et garçons est pleinement respectée (2ème objectif du Millénaire pour le développement (OMD).

Au niveau de l’enseignement supérieur, le taux de scolarisation des 18–22 ans a considérablement augmenté au cours de la décennie écoulée, passant de 18,7 % en
2005 à 34,6 % en 2015. Cette croissance a notamment profité aux femmes qui constituent désormais plus de 61 % de la population étudiante, et dont le taux tertiaire brut de scolarisation a dépassé 43 % en 2015 contre 26,5 % pour les hommes. Les ressources financières et humaines mobilisées pour le secteur de l’éducation ont considérablement contribué à une réduction de l’illettrisme chez les plus de 10 ans qui, de 75 % en
1966, est passé en 2008 à 22 %.

En dépit des progrès des indicateurs d’efficacité internes et externes, ainsi que la qualité
de l’éducation, le système éducatif reste faible et requiert besoin urgent de réformes de fond. Il existe un gaspillage persistant, caractérisé par un taux élevé de redoublement et d’abandon scolaire, en particulier dans l’enseignement secondaire où le taux d’abandon atteint 9,6 %.

De manière générale, 68,5 % des élèves redoublent au moins une fois au cours de leurs
études primaires, du premier ou du second cycle de l’enseignement secondaire. Ce taux est le plus élevé des économies et des pays ayant participé à l’enquête PISA, à savoir le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), un ensemble d’études menées par l’Organisation de coopération et de développement économiques, et visant à mesurer les performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres.

Ce pourcentage est aussi le plus élevé pour les élèves appartenant à un milieu défavorisé (80,2 %) que pour ceux issus de milieux plus favorisés (53,1 %). Les diplômés rencontrent des difficultés pour accéder au marché du travail : le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur est ainsi de 17,7 %.

Ce taux est de 7,7 % pour les personnes sans qualification et de 13,4 % pour les titulaires de diplômes professionnels. Cette réalité témoigne de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. La qualité du système éducatif à tous les niveaux demeure donc un objectif majeur.

Dans ce contexte, force est de constater que les résultats de l’Algérie dans le domaine de l’éducation sont faibles au regard des critères internationaux, en particulier.

L’Algérie s’est classée à l’avant-dernier rang des 72 économies et pays ayant pris part à l’enquête PISA 2015. Dans le domaine des connaissances scientifiques, qui constituait l’axe principal de l’édition 2015 de l’enquête PISA, les élèves algériens de 15 ans ont obtenu 376 points, en comparaison à 493 points en moyenne dans les pays de l’OCDE.

La performance algérienne par rapport à un ensemble de pays choisis à des fins de comparaison en sciences, mathématiques et lecture. Le résultat moyen en termes de performance scientifique est l’un des plus faibles des économies et des pays ayant pris part à l’enquête PISA.

Bien que les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons, les uns comme les autres sont cantonnés aux profondeurs du classement. Le pourcentage d’élèves dont les résultats en sciences sont mauvais (c’est-à-dire, inférieurs au niveau 2) est l’un des plus
élevés, et celui dont les résultats en sciences sont, au contraire, bons (niveau 5 ou 6) compte parmi les plus faibles.

La performance de l’Algérie est, en outre, plus faible qu’attendu au regard de son PIB.  La faible performance reste similaire et faible en ce qui concerne la lecture, les mathématiques, la performance d’ensemble et le pourcentage d’élèves les plus performants.

Cependant le pourcentage d’élèves dont les résultats sont mauvais est parmi les plus élevés. En moyenne, les élèves algériens de 15 ans ont obtenu, en mathématiques, 360 points, contre 490 points en moyenne dans les pays de l’OCDE. Plus de la moitié des élèves algériens de 15 ans ont obtenu un résultat inférieur au niveau 1. Les performances des filles ont excédé celles des garçons en mathématiques, avec une différence statistiquement significative de 7 points. En lecture, le résultat moyen des élèves algériens de 15 ans a été 350 points, contre 493 points en moyenne dans les pays de l’OCDE.

Les performances des filles ont excédé celles des garçons en lecture, avec une différence
statistiquement significative de 31 points. Les résultats de performance algérienne se
situent sur une fourchette relativement étroite et montre le caractère endémique des problèmes systémiques de qualité dans l’ensemble du système.

Les résultats des élèves et étudiants sont tout aussi médiocres. L’écart entre la tranche de 10 % des élèves obtenant les meilleurs résultats et celle de 10 % des élèves dont le résultat est le plus faible est l’un des plus faibles des économies et des pays ayant pris part à l’enquête PISA. À cela s’ajoute le fait que la performance des élèves dans les établissements d’enseignement ruraux ou périurbains est moins bonne que celles des
élèves d’autres régions.

Cette faible qualité des résultats en sciences est, en partie, explicable par plusieurs facteurs dont les enseignants mal formés, les ressources d’enseignement limitées et le manque d’intérêt des élèves. Les établissements d’enseignement algériens ne sont pas suffisamment bien équipés d’un point de vue technologique, et ni les enseignants ni les élèves ne disposent d’un accès aisé à la technologie pour apprendre en milieu scolaire. S’il est exact que la présence d’outils technologiques au sein des établissements scolaires ne
saurait constituer un facteur prédictif de performance, il est utile d’examiner les efforts engagés par l’Algérie pour améliorer l’accès et l’usage des technologies de l’information et de la communication.

Les résultats de l’enquête PISA 2015 montrent que les indicateurs algériens
comptent parmi les plus faibles des pays participants en termes de rapport élève-étudiant/ordinateur, de nombre d’ordinateurs dans les établissements d’enseignement,
d’ordinateurs connectés à Internet et d’ordinateurs disponibles à l’usage des enseignants. La participation des élèves leur confiance en leurs compétences scientifiques sont relativement faibles.

Le pourcentage d’élèves indiquant avoir confiance en leur capacité à exécuter des tâches requérant des compétences scientifiques est l’un des plus faibles des économies et des pays ayant pris part à l’enquête PISA. De manière plus générale, la médiocrité des
résultats requiert une évaluation de l’organisation, de l’administration, du financement et de la gouvernance du système éducatif.

Soulignons enfin que le secteur de l’Education nationale est depuis de longues années le deuxième budget de l’Etat algérien après celui de la Défense Nationale. L’Algérie a consacré des budgets qui ont avoisiné les 8 milliards de dollars pour développer son système éducatif. En pleine crise financière, en 2021,l’Algérie va dépenser en 2021 l’équivalent de 4,3 milliards d’euros pour financer les besoins et le développement de son système scolaire, a constaté Algérie Part en décryptant la répartition des crédits ouverts au titre du budget de fonctionnement de 2021 de l’Etat algérien, décidée dans le cadre des comptes financiers approuvés par la Loi de Finances de 2021.

En effet, les salaires des enseignants, des surveillants, du personnel contractuel, les frais d’entretien des écoles, lycées ou collèges ainsi que les frais d’acquisition du matériel scolaire ou les frais liés aux manuels scolaires sans oublier de nombreuses autres prestations liées à la vie scolaire comme le transport des écoliers vont coûter à l’Etat algérien plus de 694 milliards de Da, soit l’équivalent de 4,3 milliards d’euros. Il s’agit de l’une des plus grosses dépenses budgétaires de l’Etat algérien en 2021.

Il faut savoir que le secteur de l’Education nationale est la deuxième plus grosse dépense publique de l’Algérie après celle de la Défense Nationale. L’ensemble du budget de fonctionnement accordé au ministère de l’Education nationale est fixé à 771 milliards de Da, à savoir l’équivalent de 4,8 milliards d’euros. A cause de la dévaluation du dinar algérien, ce budget en devises est tiré vers le bas, mais il reste légèrement en hausse ou moyennement stable par rapport aux budgets consentis par l’Etat algérien lors des précédentes années.

Les budgets évoluent très doucement et en pâtissent de la dévaluation du dinar alors que la pression démographique sur l’école algérienne est de plus en plus importante. En effet, durant l’année scolaire 2018-2019, un total de 4.513.749 élèves a été inscrit au cycle primaire contre 4.373.459 élèves durant la période précédente, en hausse de 3,21% (140.290 élèves). Grâce, ou à cause, de la très importante croissance démographique de l’Algérie, chaque année une moyenne de plus de 3 % de nouveaux écoliers doivent être admis dans les écoles primaires. Cela signifie concrètement que chaque année l’Algérie doit prendre en charge 140 mille nouveaux élèves dans les écoles primaires publiques. Face à cette pression, l’Algérie peine encore à concilier l’exigence de la qualité avec les réalisations quantitatives dans ce secteur névralgique pour l’avenir du pays.

 

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17 تعليقات

  1. Je suis désolé, mais je ne suis pas d’accord , l’école algérienne est l’une des meilleurs au monde
    il n’ya qu’à voir le degré de notre développement , différents instruments de politique économique dont nous disposons
    Nous avons la meilleure justice du monde et puis notre modèle social que tous les pays développés voudrait copier .
    Et enfin remarquer le degré d’intelligence de nos dirigeants politique, c’est quand même grâce a eux
    que l’Algérie se trouve la aujourd’hui.
    C’est le slogan que tiendrait toutes les mouches a merde.
    PAUVRE DE NOUS ET PAUVRE ALGÉRIE .

  2. Toutoune is seek miskine26 mai 2021 At 16 h 57 min
    Je réponds (désolé Kabylos pour mon intrusion)
    Ca va prendre 15 années avec régionalisation des structures
    Ecole primaire six années : enseignement des langues et calcule (savoir lire et écrire en CM2 je savait lire et écrire) PAS DE TERBIA DINIYA NI SYASSIYA NI QUOI QUE SE SOIT
    LANGUES trois aux choix entre (Amazigh, Anglais, Arabe et Français) ordre alphabétique pour cacher mes préférences
    Collège : mathématiques (choix de la langue Anglais ou Français), histoire, géographie, langues (3 comme au primaire), sciences physiques et sciences naturelles
    EXAMENS d’entrée au lycée avec spécialisation ( science-littérature-mathématiques)
    Lycée : en seconde langues toujours trois les mêmes qu’au primaire) littérature, sciences du vivant, sciences physiques et mathématiques fin de seconde examen de rattrapage de la spécialisation
    en première :4 spécialités avec les langues toujours trois les mêmes qu’au primaire) littérature, sciences du vivant, sciences physiques et mathématiques
    Pour le cycle lycée toutes les spécialités doivent utiliser l’informatique
    Terminal idem
    BAC deux langues au choix plus l’histoire pour le bac sciences du vivant, sciences physiques, mathématiques
    BAC trois langues pour les littéraires
    Si tu veux le programmes pour fabriquer des ingénieurs j’en ai déjà un prêt à l’emploi

  3. Dans une dictature qui se respecte, l’Education est la dernière des priorités car un peuple éduqué reste dangereux.
    Cependant, ni les enseignants ni le peuple ne s’achète ( comme nos traîtres de juristes) et leurs tristes sorts annoncent toujours la fin de l’oppression.
    Le savoir est une arme…

  4. Pour BALOU
    l’école algérienne était bonne (il ne faut pas oublier qu il y a deux prix Nobel Algérien EH OUI
    je suis le fruit de l’école algérienne avant L’ARABISATION et L’ISLAMISATION
    je n ai jamais eu de problèmes de niveau ou connaissances scientifiques (j ai voyagé pas mal pour les études et le travail)

  5. El Hassi
    Psahtek
    Et ?
    ( je vois pas où tu veux en venir)
    Si tu me parles de l’enseignement d’y il y a un demi siècle, je rappelle qu’on est en 2021 et que le niveau académique en Algérie est un des pires qu’il puisse avoir…
    Combien d’ingénieurs se font manger par les poissons depuis les années 90….

  6. La déception est par définition un sentiment d’échec; comme ne pas avoir atteint un objectif qu’on s’est assigné au préalable.
    Aussi, le résultat de notre école aurait été décevant si l’objectif assigné à L’école n’a pas été atteint. Or, l’école ne s’est jamais fixé un objectif hormis celui de faire du chiffre; scolariser le plus possible d’élèves et discerner des diplômes de fin d’étuds aux plus grand nombre possible d’entre eux . Et de ce point de vue là mission accomplie. Que je sache, l’école n’a jamais promis de former ou de sortir des savants ou de préparer de futures prix Nobel ! Auquel cas on serait déçus ou on pourrait lui reprocher d’avoir lamentablement échoué.
    Tout les Algériens sont aujourd’hui dieu soit loué tous détenteurs de diplômes de bacheliers, d’ imams, de docteurs d’état, d’ingénieurs en tout genre,… Même si,…on est toujours incapable de planter un chou, ou de réaliser le moindre projet sans faire appel au moins à des turques ou des chinois… Mais, est-ce l’objectif ?
    On ne « forme » pas des architectes pour qu’ils nous dessinent des plans sophistiqués. On ne « forme » pas des microbiologistes pour nous trouver des vaccins pour le covid. On na jamais formé dans un but précis. On forme pour former, juste pour dire qu’on en formé, et dans cette optique là , rien que dans ce point de vue, on peut dire et même le répéter haut et fort que mission accomplie, preuve à l’appui ( en l’occurrence le nombre incalculable de diplômés produits chaque année et le nombre augmente de façon exceptionnelle) .

  7. Depuis 1962 ont a les mêmes stupide, imbécile, analphabète qui dirigent le pays et le peuple a leurs guise. Les soldats les plus vieux et les plus corrompus en exercice au monde. Comment voulez vous que quelque chose marche, aucun plan depuis 1962 n’est réfléchi, ni étudier, ni implémenter convenablement a part la dictature, les détournements, la corruption et les assassinats.

  8. En essayant d’être lucide une seconde, quelle est vraiment la part de ces milliards investit dans l’école ?
    Car depuis que les islamistes ont pris le contrôle de l’éducation, la tchipa elle a dû faire un bond exponentielle avec toutes les crèches et écoles coraniques qui ont poussés comme des champignons.
    Un article d’El Manchar résume bien la situation.
    Eli kra kra Bekri.

  9. Vous êtes sans cesse à incriminer la langue arabe comme si c’est un dialecte parlé uniquement sur Mars et en Algérie ???
    Je n’ai pas eu de scolarité en Algérie mais je me demande encore en quoi il y a un rapport entre la décadence du pays dû à la traîtrise de nos valeureux harkas et une langue d’apprentissage?
    Dois je comprendre que puisque que nous nous exprimons en français, on fait parti de la haute ?
    Je suis sincère, vraiment.
    Si vous avez une réponse cohérente sans me sortir votre CV , je suis preneur.
    Merci

  10. A Toutoune,
    Que tu le veuilles ou non, l’histoire est têtue, l’Algérie est amazigh comme toute l’Afrique du Nord.
    Nous avons notre langue qui est comprise et parlée par tous les Algeriens, la derja.
    L’arabe classique nous à été imposé sans discussion ni concertation dans les années 70.
    Nos parents ont tous été francophone, et ont rejeté la langue Arabe car cela à été imposé à marche forcée. Des centaines de milliers de collégiens, lycéens,et même universitaires, sont passés du jour au lendemain à la langue Arabe sans préparation,sans mise à niveau, ni quoi que ce soit. Ceux qui pouvaient ont quitté l’Algérie,et ceux qui sont restés sont passés par perte et profit. Sans compter que ceux qui étaient sensés nous apprendre l’arabe sont tous Venus, d’Égypte, de Syrie et d’autres pays arabes et la majorité d’entre eux n’avaient rien de professeurs, certains d’entre eux étaient cordonniers, ce n’est pas une légende.
    Maintenant personne n’empêche personne de parler arabe, par contre tu ne peux contraindre personne à le parler. Comme tu aimes l’arabe, tu peux en même temps détester l’amazigh, je respecte ton choix car tu es libre, comme je suis libre d’aimer ma langue maternelle, le basque et le Français et détester l’arabe.
    Bien à toi.

  11. Rêvons un peu…

    1° Constat que l’Ecole est le reflet de la société dans laquelle nous vivons et notre société est en souffrance et même en déshérence. Comme il a été dit maintes fois.

    2° Notre système d’enseignement de la première année jusqu’au Bac doit adopter une pédagogie active favorisant les développements intellectuel, culturel, scientifique, artistique (expression orale/corporelle débouchant sur une initiation au théâtre, chant choral) et sportif (sports collectifs et individuels, danses folkloriques).

    3° La citoyenneté doit être une des données principales que l’enseignant doit faire découvrir à ses élèves par des activités leur permettant d’assurer des responsabilités et des prises de décision. En n’hésitant pas à ouvrir des débats critique sur des sujets de société ou ayant trait à des problèmes relationnels au sein de l’école.

    4°L’Ecole algérienne doit s’ouvrir sur le Monde. Notre pays est à la croisée de l’Europe, de l’Afrique et du monde Arabe. Elle a le devoir d’adapter le futur citoyen à ce fait géographique et culturel. Elle ne doit pas s’enfermer sur elle-même ni de se figer dans le passé.

    5°L’évaluation des élèves doit se faire non seulement sur la connaissance mais, aussi et surtout, sur des items de compétences. Abandon du système des notes qui ne correspondent à aucune aptitude. Mettre en pratique une évaluation formative qui aura pour fonction d’améliorer l’apprentissage en cours en détectant les difficultés de l’apprenant (diagnostic) afin de lui venir en aide. Pratiquer une pédagogie de l’effort, basée sur les encouragements, sur le travail en équipe, sur l’auto-évaluation, sur l’auto discipline, sur le dialogue inter élèves…

    6° La formation pédagogique du personnel enseignant doit être revue en fonction des objectifs préalablement définis mais adaptables selon la nécessité. Cette formation doit être de très haut niveau et doit porter particulièrement sur la psychologie de l’enfant et de l’adolescent mais aussi sur une culture générale sans idéologie, ouverte sur le monde, la science, l’histoire mondiale, la philosophie, la sociologie, la littérature algérienne et mondiale, l’informatique pédagogique, les langues…

    Etre enseignant est une vocation avant d’être un métier. Son aptitude est autant dans ses connaissances théoriques que dans ses qualités intuitives, son esprit imaginatif, sa capacité à s’adapter, dans la confiance que ses élèves doivent avoir en lui. Il importe surtout qu’il enseigne avec passion. Sa formation doit être continue durant toute sa carrière

    7° Rendre à l’enseignant, dans le cadre de son métier, une liberté pédagogique lui permettant de s’adapter au niveau de la cohorte d’élèves qu’il a sous sa responsabilité. Lui permettre d’avoir la possibilité d’innover dans sa pratique pédagogique et de l’améliorer. Lui apprendre à s’auto-évaluer afin de progresser dans sa pratique.

    8° Réduire le nombre d’élèves à 25 par classe maximum. Adapter les classes aux élèves handicapés. Equiper les classes de matériels pédagogiques appropriés : bibliothèque, matériel de science, de sport, de jardinage, salle informatique, magnétophones, caméras…Sortir les élèves des classes afin de faire des observations de paysage, des visites de sites archéologiques, de musées, d’usines, de fermes, les parties historiques de nos villes et villages et d’en rendre compte par des moyens audiovisuels et des reportages écrits et photographiés qui seront présentés aux parents en fin d’année scolaire lors d’une exposition ou d’une fête scolaire.

    9° Rétribuer l’enseignant à sa juste valeur quant à son rôle primordial dans la société de telle sorte qu’il consacre essentiellement son temps aux élèves dans le cadre de l’Ecole publique gratuite et obligatoire.

    10° Combattre l’échec scolaire en développant au sein d’un groupe d’école une équipe d’enseignants spécialisées dans la remise à niveau des enfants en difficultés gratuitement dans le cadre de l’école.

    11° Interdiction des punitions corporelles.

    On va me dire: Quoi? Vous voulez une « occidentalisation » de l’Ecole algérienne et partant de la société algérienne. Vous allez procédez à une «dépersonnalisation» et une «aliénation» de l’Algérien.
    Face aux nombreuses résistances observées, peut-on en effet demander à des enseignants et enseignantes dont la pratique d’enseignement est généralement faite de routines et de dogmes, de changer du tout au tout.
    Evidemment vous évitez de traiter le problème linguistique!

    Mais non au contraire.
    Il est reconnu de manière absolue que la langue maternelle prépare à l’élaboration et aux développements cognitifs. Aussi le premier remède à donner à la majorité de nos jeunes élèves qui commencent leur cursus d’étudiant est de leur faire apprendre à lire et à écrire leur langue maternelle… la derdja et le tamazigjht. Et pas une autre ! Cette langue est le vecteur principal de la socialisation de l’enfant. C’est avec elle qu’il va se construire jusqu’à son adolescence, ce sera la socialisation primaire puis viendra la secondaire qui l’accompagnera dans sa vie d’adulte.
    C’est le seul et unique remède qui amènera les petits algériens à maitriser les apprentissages fondamentaux de l’école. Ils en retireront d’ailleurs beaucoup d’avantages sur le plan psychosociologique ainsi que sur leurs résultats scolaires.
    A partir de la connaissance de sa langue maternelle valorisée et institutionnalisée, le jeune algérien va se lancer dans l’apprentissage d’une seconde langue avec plus de facilités comme le démontrent les recherches actuelles et passées en neurosciences cognitives C’est alors qu’on peut introduire l’arabe, le français,…car le bilinguisme est un facteur d’ouverture et d’adaptation. C’est un atout que nous devons valoriser et conforter. Il faut insister sur le fait que la langue maternelle prépare à l’élaboration et développement cognitifs. Chaque région développe et enseigne sa langue maternelle quitte à reporter l’enseignement de la langue «nationale/officielle » plus tard. Comme cela se fait ailleurs dans d’autres pays de par le monde sans que cela se termine par des insultes.

    Il revenait à la génération de l’Indépendance et à ses dirigeants d’alors de miser sur l’intelligence comme l’ont fait d’autres nations. Ils ne l’ont pas fait. Il devrait revenir à la génération actuelle de reprendre cette mission essentielle et la mener à bien. Nous avons d’excellents linguistes, psychologues, spécialistes de l’éducation, etc.… qui sont à même de mettre leur expertise au service de la Nation afin de remettre en marche ce pays qui n’en finit pas de régresser dans tous les domaines. Nous avons des filles et des garçons qui sont intelligents et plein de vie qui ne demandent qu’à s’épanouir.

    Investi, dès 1963, sur l’éducation et l’intelligence aurait eu pour résultante une nation économiquement et culturellement puissante, dynamique et inventive au grand bénéfice de ses citoyens.

    Il est évident que toute réforme difficile et complexe du système éducatif décide de l’avenir de ce pays, de son identité et particulièrement de son unité. Il est nécessaire de dépasser l’idée d’une primauté de telle ou telle langue ou ethnie et d’envisager enfin l’intérêt général au travers de l’efficacité de réformes courageuses.
    Notre diversité est le pilier de notre force et nous donne les capacités de nous adapter à toutes formes d’évolution à condition que l’on arrête de formater nos enfants dans un moule qui fait et fera d’eux d’éternels sous développés.

    Cela dépend d’une volonté et d’un courage politique que nos dirigeants n’ont pas et qu’ils n’ont jamais eus par idéologie, par incompétence ou par calcul politique.

    Je profite de cette intervention pour saluer Monsieur Abdou Eliman que je ne connais pas mais qui, par ses écrits sur le Maghribi, œuvre pour que notre pays avance et évolue pour le bien de tous