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jeudi, avril 18, 2024

ENQUETE EXCLUSIVE – Qui Se Cache Derrière Les Sombres Affaires Qui Baignent Dans l’Huile Afia ?

Afia International Algeria est une société de droit algérien, filiale à 99,99% du groupe Savola, un groupe coté à la bourse saoudienne avec près de 160 000 actionnaires et 17 000 employés dans le monde.

Le groupe a été créé en 1979, et a pu devenir l’un des plus importants conglomérats de la région Menaca (Moyen-Orient, Afrique du Nord et Asie centrale), qui gère un portefeuille d’affaires diversifiée, dont trois secteurs d’activités principales, à savoir l’agroalimentaire (huile alimentaire, sucre, pâtes) ; le secteur de la grande distribution (près de 140 hypermarchés et supermarchés portant la marque Panda) et le secteur du plastique.

Le groupe Savola, dont la marque Afia est l’une des premières marques du groupe et celle parmi les plus connues à travers le Monde arabe, a toujours souhaité investir en Algérie. C’est en 2006 que le projet a fini par voir le jour et l’usine construite dans la zone industrielle de Hassi Ameur, dans la wilaya d’Oran qui a pu produire la première bouteille d’huile Afia et la commercialiser sur le marché algérien à la fin de l’année 2008.

Depuis, Afia International Algeria emploi plusieurs centaines de salariés et a créé autant de postes indirects sur le territoire national, au travers de distributeurs qui acheminent, pour leur majorité et de manière exclusive, les produits de la société Afia International Algeria, dont l’huile alimentaire à base de soja qui est subventionnée par l’état algérien.

Le groupe Savola, maison mère de Afia International Algeria, possède une très forte culture d’entreprise basée sur la notion : « The balanced way » ou la voie de l’équilibre inspirée de la culture arabo-musulmane avec des éthiques et des valeurs universelles : engagement, respect et bienveillance, conscience professionnelle, collaboration et solidarité, l’excellence pour donner le meilleur, attitude positive, persévérance et discipline dans le sens du respect des autres valeurs…

De bien belles valeurs que devrait naturellement faire sienne la société Afia International Algeria. Mais est-ce bien le cas ? On vous laisse le soin d’en juger par vous-même !

Pour les habitants des Pays frontaliers du sud de l’Algérie, s’adonner à un commerce de troc frontalier, même s’il a depuis évolué en contrebande, est considéré comme une activité normale le long de la frontière. Ce commerce ancestral entre localités à petite échelle fournit des marchandises que leurs propres États respectifs ne sont pas capables d’offrir, rendant cette activité tolérable dès lors que cela sert toute la société…

Or une étude élaborée par Sami Bensassi, Anne Brockmeyer Matthieu Pellerin et Gaël Raballand, avait démontré que le chiffre d’affaires hebdomadaire du commerce au nord Mali en 2014 s’élevait à environ 1,36 million USD, ce qui permet d’estimer les importations maliennes à plus de 54 millions USD annuels.

« Les flux de commerce enregistrés entre les deux pays sont extrêmement faibles ce qui indique soit peu de commerce soit beaucoup d’informe l’’ avait révélé leur rapport : Commerce Algérie-Mali – La Normalité de l’Informalité.

Aujourd’hui, avec près de 200 camions chargés de produits subventionnés par l’Etat algérien traversant la frontière malienne et nigérienne chaque semaine, on pourrait estimer ce business à plus de 150 millions de dollars pour les 9 premiers mois de l’année 2020 ! Une somme qui échappe à tout contrôle des autorités, malgré les satisfécits inconscients de nos gouvernants…

« Le commerce de troc frontalier revêt un caractère exceptionnel et est destiné à faciliter l’approvisionnement des seules populations, qui résident dans les wilayas d’Adrar, d’Illizi, de Tamanrasset et de Tindouf », a précisé un arrêté interministériel publié au journal officiel N° 44, signé le 2 juillet 2020 conjointement par le Ministre du Commerce, Kamel Rezig et le Ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane.

Or par essence, le troc est une opération d’échanges de marchandises entre vendeurs et acheteurs, de ce fait, les populations des régions citées par le Ministre Rezig bénéficiant de produits issus des pays frontaliers, l’Algérie fournit à son tour des produits en compensation.

« Cette activité de troc est dominée par l’informel, une pratique illégale, pourtant savamment entretenue par les autorités et certaines sociétés peu regardantes, à l’instar de la filiale algérienne même du groupe inernational Savola, avec l’aide de certains grossistes locaux. » Nous indiquent nos sources.

En effet, nous avons pu nous assurer que la société Afia International Algeria réalisait des ventes faramineuses à destination des wilayas du sud algérien, un flux commercial qui pouvait atteindre 18000 tonnes d’huile raffinée par mois !

Or la population algérienne, très inégalement répartie sur le territoire, est majoritairement concentrée dans 36 wilayas du nord du pays, ayant une densité supérieure à 20 habitants au km². Les statistiques indiquent en 2020 que, plus de 87 % de la population algérienne se concentre sur ces 11 % de la superficie du nord du Pays.

Dans le Sud, la population se regroupe dans 12 wilayas qui enregistrent une densité de moins de 20 habitants au km². Cela représente à peine 13 % de la population qui occupent 89 % de la superficie du sud du Pays !

Alors comment pas moins de 30 à 40% de la production nationale de la société Afia Algérie, peuvent-ils être écoulées dans le sud algérien ?

Selon nos sources, cette marchandise irait directement alimenter les réseaux de contrebande et de trafics de marchandises, à travers des ventes réalisées grâce à des registres de commerce secondaires avec des prête-noms.

Ces opérateurs indélicats tendent à développer un marché d’échange non déclaré, qui durerait, selon nos sources, depuis Septembre 2017, suite à la nomination du Directeur Général de la société, d’origine jordanienne, un certain Raed Kamel Hassan Ashhab.

Raed Kamel Hassan Ashhab – DG de Afia Algérie

Par ailleurs, Slim Othmani, Vice-président et membre du conseil d’administration de Afia Algérie depuis 2010, et qui avait un mandat au niveau de la banque saoudienne Swicorp, institution financière qui avait accompagné Savola en Algérie, n’a jamais évoqué ou soulevé ce problème au sein de la société qu’il était censé contrôler.

Ce qui fait demander à nombre d’observateurs, quels réels conseils l’ex Président du conseil d’administration de la société NCA Rouiba aurait bien pu proposer à Afia Algérie, alors que la propre affaire familiale qu’il gérait a fait faillite, « après des défaillances de gestion des créances, des dettes et du contrôle interne ». Nous y reviendrons.

Notons que nombre des opérations d’exportation réalisées sous-couvert du commerce frontalier, ne font guère l’objet d’une déclaration d’exportation et des factures d’achat des produits à exporter, de même la liste officielle des marchandises autorisées au commerce de troc frontalier entre l’Algérie, le Mali et le Niger, concerne l’huile d’olive mais ne porte pas sur l’huile alimentaire Afia…

Il est aisé aux services des fraudes du Ministère du Commerce ou celui des Finances et douanes algériennes ainsi qu’aux services de sécurité, de contrôler où réellement vont les impressionnantes commande d’huile Afia passées par certaines grossistes, que notre enquête a facilement permis de débusquer, à l’image de :

–       Eurl El Hadibiya commerce et investissement : Reggane wilaya d’Adrar
–       Sambaoui Ibrahim: wilaya de Tindouf
–       Raggadi Lamine : Reggane wilaya d’Adrar
–       Neklia Djamila : Reggane wilaya d’Adrar
–       ETS Djelfa distribution agro : wilaya de Djelfa
–       Assali Ali : wilaya de Tamanrasset
–       Meriama Azzi : wilaya de Tamanrasset
–       Zarhouni Haiballah : wilaya de tamanrasset
–       Sarl Bordj el haouas import/export : wilaya de Tamanrasset
–       Maache Adel : wilaya de Tamanrasset
–       Ouled El Bakai Mohammed Ben Hamed : wilaya de Tamanrasset
–       Ben Tamer Slimane: wilaya de Tamanrasset

Nos lecteurs doivent savoir que la liste des grossistes autorisés à réaliser des opérations de commerce de troc frontalier est fixée annuellement par arrêté du wali, qui peut par ailleurs retirer l’autorisation d’exercer le commerce de troc frontalier au commerçant n’ayant pas réalisé d’opérations d’importation et d’exportation durant l’année considérée, ou n’ayant pas respecté la législation et la réglementation commerciales, douanières, fiscales, vétérinaires et phytosanitaires en vigueur. Mais il semble que personne n’ait rien vu…

« La société Afia International Algeria fournit de grandes quantités de cartons afin d’emballer la marchandise à destination des wilayas du sud et de faciliter le transfert de cette marchandise pour la contrebande, alors que ce produit est le plus souvent en rupture de stock dans certaines autres wilayas du pays » Insistent nos sources.

En ce sens, la filiale algérienne du géant Saoudien ne pouvait ignorer que les chiffres réalisés dans le Sud algérien étaient surprenants et dépassaient largement la consommation locale…

D’autant plus que le transport de cette huile en  »frac » vers le sud algérien est en partie assurée par les gros camions citernes de la société Petroser, chargés du transport… d’hydrocarbures !

Il y a lieu de signaler que cette société appartient au sulfureux oligarque Abdelmalek Sahraoui, et que l’un des membres de son conseil d’administration n’était autre que … Slim Othmani !

Rappelons enfin que le député FLN et homme d’affaire de Mascara, Abdelmalek Saharaoui, qui avait largement soutenu les campagnes présidentielles de l’ex Président déchu Abdelaziz Bouteflika, a déjà eu recours à la précieuse aide de Slim Othmani pour régler son différend avec la banque saoudienne Swicorp qui l’avait aidé à démarrer la société Petroser. Slim Othmani a pu régler cette affaire en faisant appel à un cabinet d’avocats tunisien, son pays natal…

Slim Othmani et Abdelmalek Sahraoui

Voilà en somme à quoi et à qui était livrée l’Algérie. Une caste d’entrepreneurs dont les intérêts personnels étaient bien protégés par un pouvoir politique corrompu, et qui malgré l’action salvatrice du Hirak entamé le 22 Février 2019, continuent dans cette Algérie nouvelle à faire renaitre un régime honni par l’ensemble de la population algérienne.

Tant que des institutions réellement libres, une justice impartiale et un pouvoir réellement démocratique ne seront pas installés, nul ne pourra protéger l’économie nationale et pourra faire barrage à ce fléau de rapine et de contrebande institutionnalisé. Un système qui ignore sa population tout en permettant d’enrichir quelques-uns, au risque d’alimenter les groupes terroristes qui sévissent à nos frontières…

Après cela, ne venez pas compter sur ma voix pour légitimer une énième constitution, qui porte préjudice aux aspirations des algériens, à l’économie de notre pays et à sa sécurité.

Pauvre Algérie…

Amir Youness

[email protected]

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1 تعليق

  1. Si je comprends et en regardant tout ça ,toute l’industrie algérienne est dirigé par une mafia qui n’a aucun sentiment vis a vis du peuple ni de la nation entière, seuls leurs intérêts qui compte , finalement ils se revendiquent algeriens que par le titres du nom , mais ces voyous qui n’ont aucune âme ni pitié envers le peuple ,vont ils vivres éternellement ou quoi ? Pharaon est passé avant eux .