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mardi, avril 23, 2024

Enquête Exclusive – L’Armée Algérienne Aurait-Elle Menti à Propos de Ses Drones ?

Actuellement, les véhicules aériens sans pilote (UAV) opèrent principalement dans le domaine militaire, même si le rôle de ces avions sans pilotes ne cesse d’augmenter dans la supervision des frontières et autres de surveillance dans le cas de catastrophes naturelles. A long terme, leur objectif sera d’atteindre une utilisation à plus de 80% dans le secteur civil.

Le site Army Technology avait répertorié à la fin du mois de Juin 2019, les dix meilleurs drones de combat au monde en fonction de la capacité de charge utile et des armes à bord.

  1. Predator C Avenger
  2. Heron TP
  3. MQ-9B SkyGuardian
  4. Predator B (Reaper MQ-9)
  5. CH-5
  6. Yabhon United 40
  7. MQ-1C Grey Eagle
  8. CAIG Wing Loong II
  9. MQ-5B Hunter
  10. TAI Anka

Il faut noter que quatre des dix premiers drones sont américains et produits par la société General Atomics Aeronautical Systems, filiale de General Atomics qui est une entreprise de défense et de physique nucléaire basée à San Diego, en Californie.

General Atomics Aeronautical Systems est notamment connue pour ses drones dont les fameux MQ-1 Predator et le MQ-9 Reaper.

Classé à la 6ème position, le drone de combat Yabhon United 40 de moyenne altitude et longue endurance (MALE), également connu sous le nom de Smart Eye 2, est conçu et développé par le constructeur Emirati Adcom Systems.

Le groupe Adcom a été fondé il y a 23 ans et compte aujourd’hui 20 sociétés. Son siège social est situé dans la ville industrielle d’Abu Dhabi (ICAD) à Mussafah, aux Emirats Arabes Unis (EAU).

Le Yabhon United 40, ainsi nommé pour commémorer la 40ème année des Emirats Arabes Unis, est en service dans les Forces algériennes et porte le nom local d’Algérie 54.

Ce drone de combat multi-mission (en anglais UCAV : Unmanned Combat Air Vehicle) est capable de transporter une charge utile maximale de 1 000 kg, qui comprend des capteurs et des systèmes de surveillance tels que des plates-formes de caméras, un radar à synthèse d’ouverture (SAR) et un sonar. Le drone de combat comprend quatre pods sous l’aile pour transporter des munitions pesant jusqu’à 400 kg.

Poussé par un système de propulsion hybride turbine-électrique, l’avion peut atteindre une vitesse maximale de 118 km et peut rester en vol pendant 120 heures. La masse maximale autorisée au décollage de l’avion est de 1 500 kg.

L’avion sans pilote Yabhon United 40 est incontestablement le produit phare du groupe Emirati Adcom.

Après s’être rapprochée de la société biélorusse Indela, un producteur de petits systèmes sans pilote, Adcom aidée de l’opérateur ukrainien Kharkhov Aggregate Design Bureau, avait commencé à produire des drones sans pilote à partir de 2002, après que les États-Unis aient restreint la vente de véhicules sans pilote aux EAU.

Ali Al Dhaheri – PDG Adcom

Ali Al Dhaheri, le PDG d’Adcom avait alors déclaré « Nous sommes très clairs. Je suis le designer général. Nous faisons tout nous-mêmes. Nous ne dépendons d’aucune technologie étrangère. Nous utilisons notre propre technologie. La plupart de nos bénéfices vont directement à la recherche et au développement aux EAU. » avant de pousser sa société Adcom à rechercher des commandes à l’export.

Lors d’un salon aux Emirats Arabes Unis, Ali Al Dhaheri, PDG et concepteur général d’Adcom, avait déclaré que l’Algérie avait souhaité acquérir la version Block 5 du Yabhon United 40 (également connu sous le nom de Smart Eye 2) pour le renseignement, la surveillance et la reconnaissance (ISR) et enfin pour des missions d’attaques légères, traquant des militants, des insurgés et des trafiquants dans le vaste vide du Sahara.

Deux ans plus tard, Adcom signalait un intérêt algérien pour le petit drone Yabhon Flash-20 non armé.

Pendant quelques années, on a peu entendu parler des activités d’Adcom Systems jusqu’à la fin de 2018, lorsque des images de la télévision algérienne avaient révélé deux Yabhon United 40 armés (appelés localement El Djazair 54 ou Algeria 54) et deux Yabhon Flash 20 non armés plus petits (El Djazair 55 / Algeria 55) utilisés par l’armée de l’air algérienne.

Zone de stationnement drones Algérie

Les avions sans pilotes algériens avaient été vus la première fois à Hassi Bahbah, à l’instar des drones d’attaque chinois Ch 3A et Ch 4B qui y opéraient depuis 2014, dans la province de Djelfa à environ 45 km au sud d’Aïn Oussera, qui relève du commandement de la 1ère Région militaire. Ils avaient été rendus opérationnels de manière officielle lors d’une manifestation militaire en présence du vice-ministre de la défense nationale et chef d’état-major de l’armée nationale feu Ahmed Gaid Salah.

 

Inventaire Drones Algériens

 

Un communiqué officiel du Ministère de la Défense National algérien Adcom affirmait que :

« Ces drones ont été construits localement par des ingénieurs, des techniciens et des cadres de l’Armée National Populaire », insinuant que l’Algérie avait obtenu le droit de fabriquer les Yabhon United 40 et Yabhon Flash 20 sous licence Adcom.

Dans le même esprit, l’Agence de Presse algérienne avait relayé le communiqué du MDN en Juin 2019 déclarant que :

« Des drones fabriqués en Algérie de type El-Djazaïr-55 ont exécuté, durant la dernière semaine de ce mois, des vols diurnes et nocturnes de reconnaissance pour la destruction d’objectifs de groupes terroristes »

Or selon nos informations, aucune activité de construction relative aux produits d’Adcom n’a été transférée dans son l’intégralité en Algérie.

Certes l’armée de l’air algérienne avait bien testé les drones émiratis Yabhon sur plusieurs vols d’endurance et des simulations d’attaques au sol à différentes altitudes. La hiérarchie militaire avait alors décidé de la nécessité d’apporter des modifications in situ par des ingénieurs pour répondre aux exigences de l’armée de l’air algérienne.

Selon le magazine spécialisé Mena Defense, un montage local et des améliorations avaient bien été apportés en 2016 en Algérie, consistant en un changement du train atterrissage, un allègement de la structure et une modification du système d’armes et du type d’armement.

Ainsi, les drones acquis auraient plutôt subis des transformations dont ceux apportés au fuselage pour être armés d’obus de mortier de 120 mm et de missiles air-surface (ASM) émirati Namrod.

Des experts notent par ailleurs l’énorme différence entre le poste de pilotage d’origine du United 40 et celui d’El Djazair 54, avec des écrans plus larges et un montage sur Shelter mobile climatisé sur châssis Mercedes Zetros.

Mais de là à propager l’idée que l’Algérie aurait acheté les droits du Groupe Adcom et qu’elle fabriquerait sous licence les drones sur son sol est une démarche qui surprend les spécialistes de la question.

Sinon pourquoi s’être lancé, dans ce cas, dans la fabrication que de deux uniques Yabhon United 40 ?

Pourquoi ne pas avoir lancé, à l’instar de la Turquie ou des EAU, une véritable industrie d’avions sans pilotes qui pourraient servir aussi bien dans le secteur militaire que dans le civil ?

Et finalement, pourquoi feu Ahmed Gaid Salah avait opté pour ce minuscule territoire classé 45ème puissance militaire mondiale en 2020, bien après l’Algérie 28ème.. ?

Eléments de réponses dans la deuxième partie de notre enquête, à paraître prochainement.

Amir Youness

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1 تعليق

  1. L’énergie dépensée et l’obstination à chercher le moindre petit couac dans tout ce qu’entreprend l’Algérie dénote d’une frustration et d’une haine du pays incommensurable. Admettons même que l’armée ai menti, que cherche alors à prouver l’auteur de l’article ? Vraiment, cette obsession maladive à vouloir toujours déconstruire (comme dirait ZitZit) et à contredire toutes les actions de l’Algérie rend les instigateurs de cette compagne hideuse tout simplement hors circuit. Ils ne sont plus crédibles avec ces « enquêtes à charge ».