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jeudi, avril 25, 2024

ENQUÊTE EXCLUSIVE – L’Algérie Paie Ses Surestaries l’Équivalent d’Un Baril de Pétrole !

Que cela soit à cause de l’incompétence des responsables portuaires et des pouvoirs publics incapables de gérer les programmations d’arrivée et de sorties de navires, ou à cause du passe-droit établi par la mafia des débarcadères donnant l’autorisation d’entrée au quai à tel bâtiment plutôt qu’au premier arrivé, pour chacun des bateaux stationné en rade, l’Algérie est tenue de payer d’importantes surestaries en devises aux compagnies maritimes étrangères !

Comme nos lecteurs le savent désormais, les surestaries sont des indemnités que l’affréteur doit payer au propriétaire du navire lorsque le temps de chargement ou de déchargement dépasse le temps prévu dans le contrat de voyage.

Pour transporter sa marchandise vers l’Algérie, un importateur doit signer un contrat bail avec une compagnie maritime pour un délai d’acheminement et de débarquement précis. Au-delà de ce délai, il commence à payer une amende, des surestaries.

C’est en général un montant moyen s’établissant à 17 Dollars, et pouvant même atteindre 25 Dollars par conteneurs, qu’en cas de retard l’affréteur algérien devra alors transférer en devise aux compagnies de transports maritimes étrangères, à travers ses comptes bancaires qui puisent dans la réserve de devises de l’Algérie… Car cette somme est versée au trésor en dinars et ce dernier la reverse en devise à la compagnie maritime !

Le montant de ces pénalités s’évalue entre 10.000 USD et jusqu’à 40.000 USD par navire et par jour de retard selon le volume et l’état des navires. Un navire qui transporte des céréales par exemple s’acquitte de 20.000 USD/Jour, cette somme pouvant aller jusqu’à 40.000 USD/Jour pour les navires de plus 32.000 Tonnes.

Nous avons fait une rapide recherche sur le nombre de navires en rade ces derniers jours de Mai 2020, sur 10 ports algériens dont celui d’Oran, de Mostaganem, d’Alger, de Djendjen, de Bejaia, Annaba et Skikda.

Liste des Navires en Rade au port de Béjaïa

Selon nos informations, c’est une fourchette comprise entre trente et soixante navires quotidiennement qui sont stationnés au large des ports algériens, en attente d’une décision émanant de la commission d’emplacement des navires de chaque port, pour entrer à quai…

Dans la seule ville d’Oran par exemple, et même si le site du port de la capitale de l’Ouest n’est pas actualisé, nous savons appris que pas moins de 5 navires attendaient actuellement au large, alors qu’un autre bâtiment était prévu arriver le 31 Mai 2020, cumulant ainsi un nombre total de 1936 containers en attente de déchargement.

Comme les conteneurs sont de dimensions distinctes (20 et 40 pieds) et de différents types puisqu’on a également affaire à des conteneurs frigorifiques dont les surestaries sont plus importantes, si on doit évaluer le montant des pénalités dont l’Algérie devra s’acquitter aux compagnies de transports étrangères, il faudra nécessairement prendre en considération un montant moyen en EVP (équivalent vingt pieds).

L’équivalent vingt pieds, ou EVP est une unité de mesure des terminaux et navires porte-conteneurs, basé sur le volume d’un conteneur de 20 pieds utilisé pour simplifier le calcul du volume de conteneurs dans un navire. Un conteneur 20 pieds équivalent à 1 EVP et celui de 40 pieds sera équivalent à 2 EVP.

On vous épargnera les calculs détaillés, mais au total ce sont plus de 65.000 dollars par jour que le port d’Oran fait perdre au trésor algérien dans cette configuration. Si on extrapole ce simple constat pour les 10 ou 11 ports d’Algérie, ce sont tout de suite plus de 650.000 milles dollars quotidiens que supportent le trésor public et le contribuable algérien!

Un malheur n’arrivant jamais seul, les mesures de confinement décidées par les pouvoirs publics ont malheureusement aggravé la situation, puisque les ports algériens, qui ont maintenus les salaires pour l’ensemble de leurs employés, n’utilisent actuellement que la moitié de leurs effectifs pour décharger les navires depuis 2 mois… Dommage !

A l’Etat algérien, qui peine à faire des économies dans un environnement affecté par un ralentissement économique dû à la pandémie du coronavirus et à la crise pétrolière ayant réduit le prix du baril à osciller entre 10 et 30 Dollars depuis plusieurs mois, nous disons que les surestaries qu’Il paie pour les marchandises contenues dans les containers en rade (qui peuvent s’élever jusqu’à 25 dollars par Conteneur), représentent l’équivalent de 21.500 barils jetés à l’eau… Chaque jour ! Une véritable catastrophe dans la situation actuelle n’est-ce pas?

Achour Djelloul – PDG Serport 

Car il semblerait que nous soyons les seuls à nous demander ce que fait réellement Mr Achour Djelloul, PDG groupe Serport, lui qui est censé veiller à la bonne marche des Ports algériens…

Et d’ailleurs, pourquoi la Direction de la Marine Marchande et des Ports (DMMP), dépendant du Ministère des Travaux Publics et des Transports, qui reçoit pourtant quotidiennement la liste complète des navires en rade avec leur date d’arrivée, n’intervient jamais pour réclamer des explications sur la gestion des commissions d’emplacement des navires dans chaque port ? Surprenant non !?

Enfin, pour conclure nous dirons qu’avant de taxer fiscalement les citoyens pour maintenir le riche train de vie de l’Etat et du gouvernement avec sa pléthore de Ministres inutiles, il serait plus judicieux de faire préalablement le ménage dans ces services publics qui contribuent laborieusement à l’érosion de nos réserves de change !

Y.F.Cheikh

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