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vendredi, avril 19, 2024

Enquête. 80 % des entreprises algériennes en grosses difficultés à cause de l’instabilité politique et de la pandémie du COVID-19

Les entreprises algériennes notamment les entreprises privées de taille moyenne, à savoir des Petites Moyennes Entreprises (PME), sont en très grosses difficultés financières en raison de l’impact de la crise et des effets du confinement sanitaire provoqué par la pandémie du COVID-19. Mais cette pandémie n’a fait qu’aggraver leurs problèmes financiers qui remontent jusqu’au début de l’instabilité politique du pays, à savoir depuis le début de janvier 2019 et l’enclenchement de la crise politique du 5e mandat brigué par Abdelaziz Bouteflika et qui a provoqué une immense vague de colère populaire donnant ainsi naissance au Hirak le 22 février 2019. 

Hirak, instabilité politique, des autorités politiques contestées par des masses populaires et pandémie du COVID-19, ces ingrédients explosifs ont provoqué une crise économique et financière sans précédent en Algérie. Preuve en est, 80 % des entreprises privées algériennes notamment les PME et petites entreprises familiales sont en grosses difficultés financières, a appris Algérie Part grâce à un rapport de conjoncture et de prospective établi par un cabinet international de conseil en stratégie installé à Alger, mais dont nous allons taire le nom pour des raisons de confidentialité. Nous avons obtenu en exclusivité une copie de ce rapport de conjoncture qui nous apprend énormément de données sur la situation des entreprises algériennes.

D’après ce rapport très détaillé qui fournit des données très précises sur l’état des lieux actuel de la situation économique dont souffrent les entreprises privées algériennes, au moins 40 % des entreprises privées algériennes peinent à payer les charges sociales de leurs travailleurs et ce depuis le début de l’année 2020.  40 % des autres entreprises privées n’ont pas pu redémarrer leurs investissements ou développer leurs activités et souffrent de perspectives très sombres de la situation économique du pays depuis la fin de l’année 2019.

20 % des entreprises privées algériennes qui tenaient bon jusque-là à cause de la situation politique instable du pays ont commencé à trouver des difficultés financières et économiques depuis le début de l’épidémie du coronavirus COVID-19. Avec le Hirak, les évènements politiques et l’épidémie du coronavirus COVID-19, il ne reste aujourd’hui en Algérie qu’à peine 20 % des entreprises privées qui continuent à travailler sans subir de grosses difficultés. Mais il s’agit essentiellement de sociétés internationales activant dans certains secteurs épargnés par les troubles sanitaires et politiques en Algérie comme les opérateurs de téléphonie mobile ou les les laboratoires pharmaceutiques établis en Algérie.

Les autres secteurs souffrent énormément et pas moins de 40 % entreprises privées y compris celles associées à des capitaux étrangers sont menacées par le spectre de la faillite. Il s’agit notamment des entreprises qui activent dans le bâtiment, l’assainissement ou les travaux publics. Selon le rapport confidentiel en notre possession, près de 12 mille entreprises privées algériennes risquent la faillite dans ce secteur. Pourquoi ? Parce que depuis le début des troubles politiques, ces entreprises détiennent énormément de factures impayées. Leur principal client est l’Etat à travers les administrations publiques ou les services des wilayas. Les projets de BTP ou d’assainissement ont été entamés depuis 2018. Mais avec la chute brutale du pouvoir Bouteflika, au sein de l’Etat algérien, personne n’a voulu payer l’addition ou les factures de ces entreprises infortunées qui sont aujourd’hui totalement paralysées.

Certaines de ces entreprises étaient les sous-traitants des sociétés détenues par Ali Haddad, les Kouninef, Tahkout ou Oulmi, à savoir les oligarques de l’ère Bouteflika emprisonnées successivement depuis avril 2019. Ces sous-traitants ont subi les dégâts collatéraux de cette crise politique alors qu’ils ne sont nullement concernés par les affaires suspectes ou illicites des oligarques algériens.

L’autre secteur durement touché est l’industrie manufacturière. Ce secteur dépend lui-aussi de la commande publique. Il faut savoir que si dans les pays de l’OCDE, les marchés publics représentent près de 12 % du produit intérieur brut (PIB) et 29 % de l’ensemble des dépenses publiques en 2015, en Algérie, ils représentent plus de 20 % du PIB ! L’Etat algérien est donc le premier investisseur du pays. Et il réduit ses dépenses, c’est toute l’économie qui entre en récession.

C’est exactement ce qui s’est passé en Algérie. Depuis le début de la crise politique en février 2019, l’Etat algérien a été totalement secoué et ses programmes de dépenses ont été totalement perturbés. Début 2020, l’épidémie du COVID-19 a contraint l’Etat algérien à réduire drastiquement ses dépenses et ses investissements. Par conséquent, les commandes des entreprises étatiques, des administrations publiques, des institutions de l’Etat ont énormément baissé. Les entreprises privées de l’industrie manufacturière ont été totalement bouleversées. Ces entreprises peinent depuis le début 2020 à renouveler leurs stocks des matières premières faute de moyens de financements. Les banques, fortement déstabilisées par les scandales judiciaires autour des sociétés privées des oligarques algériens, ont durci les conditions de l’octroi des crédits bancaires portant ainsi un préjudice direct aux entreprises algériennes du secteur manufacturier qui ne peuvent plus prétendre aux financements par des crédits bancaires.

A cette situation, l’épidémie du COVID-19 est venue aggraver les déséquilibres de ces entreprises algériennes. Par exemple, l’industrie agroalimentaire dépend totalement des offices de l’Etat algérien pour obtenir du blé, de farine ou de la semoule. Or, depuis le début de la crise sanitaire, les minoteries privées algériennes reçoivent de la part de L’Office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC) à peine 20 % de leurs besoins réels en matière première. Cette rationalisation a été décidée par l’Etat algérien pour gérer les stocks stratégiques du pays mis en difficulté par les tensions sur le marché international des céréales. Des tensions provoquées par la pandémie du COVID-19.

Enfin, la rapport en notre possession souligne particulièrement l’impact de la crise sanitaire par le biais du confinement sur les commerces et les transports. Les entreprises algériennes présentes dans ce secteur subiront toutes d’énormes pertes financières les obligeant jusqu’à réduire de plus de 50 % de leurs effectifs de travailleurs. C’est cette crise sociale et économique que devra affronter l’Algérie à la fin de la crise sanitaire.

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