Pour étayer ses récentes révélations sur les choix chaotiques adoptés par la direction générale de Sonatrach contre les investissements dans le forage, l’exploration et la mise en service de nouveaux puits pétroliers ou gaziers, Algérie Part publie des documents qui proviennent directement des services de l’activité Exploration-Production (EP), la direction stratégique de SONATRACH qui a pour mission la recherche, le développement, l’exploitation et la production des hydrocarbures.
Cette direction s’articule autour de trois axes : Le développement et l’exploitation des gisements pour une valorisation optimale des ressources. Les documents obtenus par nos soins au cours de nos investigations sont des schémas et des tableaux qui résument parfaitement la situation réelle des efforts fournis par Sonatrach pour exploiter les réserves nationales des hydrocarbures et lancer de nouveaux projets productifs. Et comme il a été révélé récemment par nos investigations, ces efforts sont dérisoires et frisent le ridicule en raison du très mauvais management de l’administration actuelle qui préside aux destinées de la Sonatrach depuis février 2022.
Nos documents sont des graphiques qui nous dévoilent les objectifs fixés par la Sonatrach au cours de l’année 2022 concernant les puits d’exploration à forer, à savoir les potentiels puits qui abritent du gaz ou du pétrole et dont les réservoirs doivent être explorés encore et examinés avant de décider de les inclure dans le dispositif de production nationale des hydrocarbures.
Ces graphiques révèlent nombre de puits visé par la direction générale de Sonatrach durant les 52 semaines de l’année 2022. Et dans ce domaine très sensible, nos documents démontrent que la Sonatrach n’envisagent que de forer et d’explorer un total de 45 puits d’ici la fin de l’année 2022. Un objectif nettement en deçà des attentes et besoins de la production nationale qui a cruellement besoin de l’entée en service de nouveaux puits pour augmenter les capacités d’exportation du pays afin de profiter de l’actuelle envolée exceptionnelle des prix du baril de pétrole ou du MMBTU du gaz naturel.
S’agissant des puits de développement, à savoir les puits qui sont officiellement en production, mais qui nécessitent des travaux de forage supplémentaires pour renforcer l’extraction des hydrocarbures contenus dans leurs réservoirs, le graphique élaborée par la direction générale de Sonatrach indique qu’il est question de forer seulement 83 puits durant toutes les 52 semaines de l’année 2022. Un seuil très faible qui explique l’impuissance actuelle de la production nationale du pétrole ou du gaz. De l’avis de plusieurs experts et anciens dirigeants de Sonatrach, l’Algérie a besoin au moins de forer de 150 jusqu’à 250 puits de développement par an pour espérer augmenter sa production et gagner ainsi de nouvelles capacités d’exporter vers l’étranger afin de renforcer les entrées des recettes en devises dont le pays a tant besoin pour assurer sa stabilité économique.
Nos documents dévoilent aussi que le rythme des forages menés actuellement par les divisions spécialisées de Sonatrach est d’à peine 2 puits d’exploration en 4 semaines et de 6 puits de développement chaque 4 semaines. C’est dire que le fonctionnement actuel des divisions les plus névralgiques de l’activité Exploration-Production est marqué par une nonchalance intrigante alors que les marchés mondiaux de l’or noir dépassent les 115 dollars USD !
Nos documents démontrent enfin que le nombre des appareils de forage opérationnels mobilisés pour les travaux d’exploration et de production de nouveaux puits pétroliers tout au long de cette année 2022 est de seulement 35 appareils. Le nombre des appareils dédiés uniquement à l’exploration de nouveaux puits est d’à peine 12. 4 appareils seront utilisés jusqu’à la fin de cette année 2022 pour une évaluation des capacités de production des puits explorés et 4 autres appareils pour explorer les réservoirs des puits nouvellement identifiés.
Et ces graphiques provenant des services mêmes de l’activité Exploration-Production affirment que seulement 23 appareils de forage seront dédiés en 2022 au développement de puits entrés en production. En tout, la Sonatrach a mobilisé uniquement un parc de 35 appareils de forage pétrolier pour toute l’année 2022. Il s’agit d’une organisation totalement inadéquate par rapport aux besoins urgents du secteur des hydrocarbures qui nécessite régulièrement des investissements importants pour renforcer la production du pétrole comme celle du gaz dans le but de maintenir une capacité élevée d’exporter vers l’étranger lorsque les prix des hydrocarbures atteignent des seuils aussi vertigineux comme ceux observés depuis le début de la guerre Russie-Ukraine.
Il faut savoir enfin qu’une seule filiale de la Sonatrach, à savoir l’Entreprise nationale des travaux aux puits (l’ENTP), peut explorer à elle-seule le sous-sol algérien avec 67 appareils de forage. La Sonatrach dispose également d’un autre filiale appelée l’Entreprise nationale algérienne du forage (l’ENAFOR). Le forage des puits de pétrole ou les gisements de gaz au sud du pays est assuré par ces deux filiales de Sonatrach : l’ENTP et l’ENAFOR. La première filiale gère un parc de 67 machines de forage et la deuxième utilise 52 appareils de forage. Plus de 60 % de ces appareils sont immobilisés depuis juin 2021. C’est dire que cette décision qui touche de plein fouet le processus de forage a un impact énormément préjudiciable sur le plan économique puisque plusieurs centaines de nouveaux puits auraient pu être explorés et plusieurs dizaines d’entre eux auraient pu commencer à produire de nouveaux volumes de pétrole et de gaz naturel permettant ainsi à l’Algérie d’exporter davantage à l’étranger pour augmenter ses recettes en devises. Les choix de l’actuelle direction générale de Sonatrach ont provoqué tout bonnement un énorme gâchis pour l’économie algérienne.
