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vendredi, mars 29, 2024

Documents exclusifs. Masques et tests de dépistage : des fabricants chinois et coréens étrangement ignorés par la PCH

L’Algérie est au coeur de la tourmente. Elle frôle depuis plusieurs jours la catastrophe sanitaire et le pays a besoin de s’équiper sérieusement en moyens de protection et en tests de dépistage pour faire face à la flambée des contaminations. Des opérateurs chinois et coréens ont proposé récemment des offres très alléchantes pour fournir à la Pharmacie Centrale des Hôpitaux (PCH) des masques de protection et des tests de dépistage. Mais du côté algérien, aucune réponse, ni la moindre transparence ni la moindre considération alors que la Présidence algérienne avait exigé le 28 juin dernier au ministère de la Santé et ses organismes de renforcer le stock vital des produits pharmaceutiques nécessaires à la lutte contre le coronavirus COVID-19.

Lors d’un conseil des ministres organisé le 28 juin dernier, Abdelmadjid Tebboune a demandé l’acquisition de 252.000 tests PCR et deux (2) appareils de dépistage par PCR d’une capacité de 2.000 tests par jour chacun. Le Chef de l’Etat a donné son accord pour l’importation de 20 millions de masques chirurgicaux pour maintenir le stock national, de 200.000 masques pour les personnels de santé travaillant dans des services COVID, « lesquels équipements viendront s’ajouter aux quantités suffisantes de médicaments destinés au traitement des patients atteints de coronavirus, sachant que le stock des médicaments a été plusieurs fois doublé », avait expliqué le communiqué finale de ce Conseil des ministres.

Mais force de constater que ces nouveaux marchés publics sont gérés, comme d’habitude, avec une énorme opacité et sans aucun mise en concurrence pour éviter les dilapidation des deniers publics et les manoeuvres illicites de la corruption. Preuve en est, concernant les tests de dépistage, un fabricant coréen, Ahram Biosystems INC., s’est rapproché des autorités sanitaires algériennes notamment la PCH pour leur proposer des offres concernant des tests de dépistage réputés pour leur efficacité. Ce fabricant coréen a proposé un test de dépistage conforme aux normes coréennes, les plus sévères au monde et la Corée du Sud est l’un des rares pays au monde qui maîtrise scientifiquement le processus du dépistage massif de la population. Il s’agit d’un test de dépistage apprécié pour sa rapidité car il donne le résultat du dépistage en moins d’une heure. Les prix de ces tests avoisinent entre 3,8 et 6,4 dollars. Il s’agit de prix réellement compétitifs.

Mais ce fabricant coréen n’a reçu aucune réponse de la PCH ni du ministère de la Santé qui veut, apparemment, géré les budgets publics pour l’acquisition des tests de dépistage à l’étranger dans un manque total de transparence et sans aucune procédure d’appel d’offres ou de consultations publiques. Une anomalie qui suscite la controverse et peut enclencher, comme au mois de mai dernier, un nouveau scandale de corruption dans le secteur de la corruption.

Idem pour les masques de protection. Un opérateur chinois Foshan Trading a fait à la Pharmacie Centrale des Hôpitaux (PCH) une offre  concernant les masques FFP2/KN95. Il s’agit de masques très recherchés par l’Algérie notamment pour les mettre au service des soignants algériens mobilisés dans les unités COVID-19.L ‘opérateur chinois a proposé des masques FFP 2 à 0.36 USD l’unité , soit un end-user price de 70 DA.  Le prix de vente moyen actuel au niveau des pharmacies en Algérie est de 400-500 DA l’unité.

Quant au masque chirurgical, cet opérateur chinois le propose à 0.16 USD l’unité, soit un end-user price de 30 DA. Le prix de vente moyen actuel au niveau des pharmacies algériennes est de 100 DA l’unité. Les end-users prices ont été obtenus en multipliant les prix FOB par 190 ( 1 USD = 130 DA, DD 5%, transport 0.033 l’unité, autres frais bancaires et taxes, marge de 20%). Les prix FOB signifiant qu’une marchandise est achetée ou vendue sans les frais de transport et autres frais et taxes y afférents et sans les assurances. Cependant, le transport via un avion cargo d’AIR ALGÉRIE depuis la Chine a été estimé à 200.000,00 USD. L’Algérie est donc toujours gagnante en s’intéressant à ces masques notamment en cette période où elle tente de gérer une crise sanitaire sans précédent. Malheureusement, les gestionnaires du secteur de la Santé font preuve d’une gouvernance très obscure de l’argent public et nargue  des opérateurs internationaux qui ne vont plus s’intéresser à notre pays lorsque la demande mondiale sur ces produits pharmaceutiques va exploser une nouvelle fois en cas d’une deuxième vague de COVID-19 à travers le monde.  Une enquête sur le fonctionnement opaque du secteur de la Santé s’impose plus que jamais.

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