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jeudi, avril 18, 2024

Documents exclusifs. Comment depuis Alger Mokhtar Reguieg a acheté pour sa famille plusieurs biens immobiliers à Paris pour près de 3 millions d’euros

Diplomate de carrière, Mokhtar Reguieg a été nommé au Palais Présidentiel d’El-Mouradia depuis 2005. Il fut pendant de longues années, l’un des collaborateurs les plus proches de la famille Bouteflika et notamment du Président Abdelaziz Bouteflika. Ancien ambassadeur algérien en Espagne et en Italie, Mokhtar Reguieg a mis fin à sa carrière diplomatique pour devenir à partir de 2005 le Directeur général du Protocole présidentiel.  Il a succédé dans ce poste à Rachid Maarif, l’ancien secrétaire d’Etat au Tourisme qui est devenu plus tard ambassadeur d’Algérie à Rome. 

Mokhtar Reguieg a hérité d’un poste qui a vu passer avant lui Ali Benflis, Larbi Belkhir, Moulay Guendil et Ahmed Ouyahia. C’est dire tout le prestige dont jouissait ce haut responsable et membre du sérail algérien durant les années Bouteflika. A la suite du Hirak du 22 février 2019 et la chute des Bouteflika le 2 avril 2019, Mokhtar Reguieg a connu une terrible déchéance. Il avait été limogé quelques jours après la démission, le 2 avril 2019, de Bouteflika, sous la pression d’un mouvement («Hirak») populaire de contestation sans précédent, né moins de deux mois auparavant. Une année plus tard, il a été placé en détention provisoire tard dans la soirée du 24 et 25 février 2020 après avoir été entendu par un magistrat à Alger dans une affaire de trafic de produits alimentaires subventionnés.

Cette affaire impliquait le milliardaire et homme d’affaires Hocine Metidji, puissant patron du groupe Metidji spécialisé dans la production de produits agroalimentaires issus des céréales. Hocine Metidji était effectivement le principal accusé dans cette affaire dans laquelle ont également été entendus deux anciens Premiers ministres d’Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison dans un autre dossier de corruption en décembre 2019.

A la suite de l’incarcération de Hocine Metidji et de Mokhtar Reguieg à la fin du mois de février 2020, cette affaire n’a connu aucun autre rebondissement et il a été entièrement passée sous silence. L’opinion publique algérienne n’a absolument pas pris connaissance des dessous cachés de ce dossier. Et la justice algérienne n’a jamais approfondi ses investigations se contentant de quelques effets d’annonce.

Et pourtant, Mokhtar Reguieg est un homme qui s’est enrichi dans des conditions très troublantes. En effet, Algérie Part a pu obtenir au cours de ses investigations des documents exclusifs démontrant l’acquisition de Mokhtar Reguieg de plusieurs biens immobiliers dans les 11e et 12e arrondissements de Paris, des zones huppées de la capitale française. Mokhtar Reguieg était en poste à la Présidence lorsqu’il a consenti à des investissements immobiliers qui se chiffrent, selon nos investigations, à plus de 2,7 millions d’euros.

Entre le 31 octobre et le 19 décembre 2017, Mokhtar Reguieg, son épouse Yasmine Debbagh et sa fille Rym Reguieg ont créé à Paris la SCI Debbagh. Cette société civile immobilière (SCI) a pour mission de gérer plusieurs biens immobiliers situés au 18 rue Dugommier 75012 Paris, à savoir le douzième arrondissement parisien. La SCI Debbagh devait également gérer les charges, les frais que nécessitaient la jouissance d’un autre appartement situé au 15 rue Nicolai dans le 12e arrondissement à Paris. La rue Nicolaï est une voie située dans les quartiers de Bercy et Picpus du 12 arrondissement de Paris. Il s’agit d’une adresse chic et très prisée à Paris.

Les documents obtenus par nos soins indiquent également que la famille de Mokhtar Reguieg occupait aussi un autre appartement situé au 18 impasse Saint Sébastien dans le 11e arrondissement. Grâce à la SCI Debbagh, Mokhar Reguieg a offert à son épouse et sa fille plusieurs biens immobiliers qui peuvent rapporter gros. Il s’agit d’un patrimoine immobilier composé d’au moins 3 appartements dans le 12e et 11e arrondissement. Le Prix m2 moyen dans ces deux arrondissements est de 10 026 €; de 7 303 € à 13 195 €. Selon la description des biens immobiliers contenue dans les documents officiels récupérés au cours de nos investigation, la valeur des trois appartements de la famille de Mokhtar Reguieg dépasse largement les 2,7 millions d’euros.

Il est à souligner que seuls la femme et la fille de Mokhtar Reguieg sont résidentes en France. Rym Reguieg est née le 8 juin 1986. A 31 ans, la fille de l’influent conseiller au sein du sérail de Bouteflika s’était ainsi retrouvée en train de gérer trois biens immobiliers dans les plus prestigieux arrondissements parisiens.

Il est à noter que Mokhtar Reguieg ne s’était même pas déplacé à Paris pour créer la SCI familiale pour gérer l’acquisition des biens immobiliers parisiens. Il avait signé une procuration au profit de son épouse pour lui permettre de le représenter au cours de toutes les démarches administratives nécessaires à la création de la SCI Debbagh. Cette procuration a été faite depuis Alger et Mokhtar Reguieg a reconnu dans les statuts constitutifs de la SCI familiale qu’il n’est pas résident en France. Il s’est présenté comme « ambassadeur » qui réside à… la Villa 103 à la Résidence d’Etat de Club Des Pins.

Ainsi, depuis Club-des-Pins, l’ex-directeur du Protocole au Palais Présidentiel d’El-Mouradia a pu acquérir pour plus de 2,7 millions d’euros de biens immobiliers à… Paris. Jusqu’à aujourd’hui, les autorités algériennes n’ont pas traité sérieusement ce dossier et n’ont diligenté aucune enquête pour déterminer l’ampleur de la fortune cachée à l’étranger de cet ex-directeur du Protocole à la Présidence de la République.

Les autorités algériennes n’ont entamé aucune démarche pour identifier cette fortune ni la moindre démarche pour tenter de la récupérer au nom de la traque des biens mal-acquis.

Notons que dans le droit français, une SCI est entité familiale qui permet aux membres d’une même famille d’être propriétaires, dans des proportions différentes ou pas, et de gérer ensemble, un ou plusieurs biens immobiliers, et ce, dans un but non commercial. Une SCI permet à des membres d’une même famille, qui le souhaitent, d’apporter une quote-part d’un immeuble qu’ils possèdent et c’est alors la société qui en devient le propriétaire, chaque apporteur récupérant en contrepartie des parts sociales correspondant à son apport. Les SCI sont réglementées par les dispositions communes à toutes les sociétés, fixées par les articles 1832 et suivants du code civil, ainsi que par les articles 1845 et suivants.

Il est à souligner enfin que ces acquisitions immobilières douteuses sont totalement interdites par la législation algérienne. Ce qui est formellement interdit par l’article 8 du règlement de la Banque d’Algérie numéro 07-01. Cet article précise clairement que « Hormis les cas expressément prévus par l’article 126 de l’ordonnance n°03- 11 du 26 août 2003, susvisée, la constitution d’avoirs monétaires, financiers et immobiliers à l’étranger par les résidents à partir de leurs activités en Algérie est interdite ».

 

 

 

 

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6 تعليقات

  1. « Mokhtar Reguieg a hérité d’un poste qui a vu passer avant lui Ali Benflis, Larbi Belkhir, Moulay Guendil et Ahmed Ouyahia. » Je ne savais pas que que Mrs Benflis, Belkhir et Ouyahia avaient aussi occupé le poste de Directeur général du Protocole présidentiel de Mr Bouteflika. Est-ce bien le cas?

  2. Si l’on prend en compte le cas de Mohamed Bedjaoui qui a gardé une carte de diplomatique jusqu’à 91 ans en étant plus Diplomate. Il est fort probable que M. Reguieg qui a été ambassadeur en Italie et en Espagne a encore une carte diplomatique ! En conséquence, il a l’immunité et il ne paie pas d’impôts dans les pays étrangers (France).
    On peut constater que le pouvoir Algerien donne facilement des cartes diplomatiques mais éprouve beaucoup de difficultés à les retirer !

  3. La pseudo-fille de Bouteflika la madame maya etait la petite amie de Reguieg c’est lui qui lui a permis d’utiliser les bureaus de la presidence et les telephones. Aussi plusieurs autres dames ont des affaires florissante en Algerie et a l’etranger grace a lui, il est celui qui sait tous sur Bouteflika, sur Said Bouteflika, sur Ouyahia et sur tous les hommes d’affaires de said Bouteflika. Les dames d’affaire qui gerent les bien de Reguieg en Algerie surtous dans l’immoblier, construisent des centaines d’immeubles en Algerie. 3 millions d’euro c’est rien contre ce qu’il a reelement.

  4. Ou êtes vous mr Zegmati pour faire e trader tous ces voleurs? La liste des ces personnes est longue. CHEKIB KHELLIL, SAHDANI, BOUCHOUAREB, DES GÉNÉRAUX….. Le peuple algerien est impatient, et aucun résultat de votre part. A croire que notre pays n’a aucun poids dans le concert international. Si rien n’est fait, le peuple vous jugera d’une façon ou d’une autre. La patience d’un peuple à ses limites.