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vendredi, avril 19, 2024

Document. Tinzaouatine : les autorités algériennes savaient depuis mars dernier que la situation était très tendue

Comme il avait été rapporté hier lundi par Algérie Part, le drame survenu à Tinzaouatine où un manifestant pacifique est mort grièvement blessé à la suite d’un tir à balle réelle était prévisible depuis plusieurs mois. Et pour cause, au mois de mars dernier, un groupe de députés avait saisi le Premier-ministre Abdelaziz Djerad sur la colère et frustrations populaires qui sont en train de créer un climat très délétère dans toute la région.

A l’occasion de la triste mort d’un jeune tué par les forces de l’ordre, alors qu’il était à bord de son véhicule, sept députés des wilayas de Tamanrasset, Illizi et Adrar avaient envoyé un courrier de protestation au Premier Ministre. Ils avaient réclamé, une meilleure régulation des zones fermées par barbelés, un passage pour les agriculteurs et les éleveurs, de l’eau, une meilleure façon de faire de la part des autorités sécuritaires et enfin du développement local.

Dans ce document que nous mettons à la connaissance de nos lecteurs et lectrices, les députés du grand sud algérien avaient mis en garde contre les dangers des frustrations qui animent les jeunes de la région frontalière de Tinzaouatine. « Monsieur le Premier-ministre, il est urgent de canaliser ces frustrations et de trouver des solutions pour éviter les dérapages qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur la sécurité de notre pays », avait prévenu ce groupe de députés de l’extrême-sud algérien. Dans leur document, ces députés ont énuméré tous les problèmes sociaux et politiques qui alimentent une forte exaspération de la population de Tinzaouatine.

Mais, ils ont attiré beaucoup l’attention de Djerad sur le problème de la barrière de sécurité qui a été construite autour de la ville de Tinzaouatine privant ainsi les habitants d’un accès vital à l’ouest situé à proximité de la ville.

« Il faut savoir que cet oued reste sec pendant une dizaine de mois par an mais et se remplit pendant deux mois en été, généralement juillet et août. Les autres mois, l’oued est vital pour la petite ville, on y trouve des puits (voir carte), des petits pâturages et c’est la seule zone fraîche et sans poussière à Tinzaouatine. L’été il est un lieu de détente pour les familles », a observé à ce sujet le journaliste algérien spécialisé des questions sécuritaires Akram Kharief.

« Pour des raisons de sécurité, les autorité ont installé un talus agrémenté d’un mur de concertina tout au long de la berge Nord de l’oued et donc directement côté ville.
Cette construction en elle même entre dans la stratégie de sécurisation des frontières, elle protège des infiltrations terroristes et des attaques suicides. Personnellement je ne la remet pas en cause et certains habitants que j’ai contacté partagent mon avis. Par contre ce que contestent les habitants c’est le fait de ne pas l’avoir construite de l’autre côté, celui de la frontière administrative. Car telle qu’elle est faite elle coupe complètement la populations de l’oued, des puits, de la zone de détente, des pâturages ..etc », explique encore la même source.

Les habitants de Tinzaouatine souffrent donc d’une véritable injustice qui remonte à plusieurs mois. Les autorités algériennes ont été interpellées et sensibilisées. Malheureusement, rien n’a été encore fait. Et même après le drame de la journée d’hier, lundi 15 juin, aucune réaction officielle de la part de l’Etat algérien pour trouver des solutions à ce problème.

Par conséquent, la colère populaire a explosé. Il y a eu un rassemblement de jeunes qui ont saccagé le grillage lundi matin. Il y a eu, ensuite, intervention des GGF (gardes frontières dépendant de la Gendarmerie) et plus tard d’un groupe anti-émeutes de la Gendarmerie. Il y a eu des tirs. Une victime a perdu la vie et toute une région bouillonne encore de colère dans un moment où l’Algérie traverse une véritable zone de turbulences.

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