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vendredi, mars 29, 2024

Document exclusif. Sécurité aérienne en danger : de graves déficiences au niveau de la nouvelle tour de Contrôle de l’aéroport d’Oran

La sécurité aérienne en Algérie est gérée dans une opacité totale et sans aucun contrôle rationnel à postériori. C’est la conclusion que l’on peut tirer des investigations menées par Algérie Part. Nous avons effectivement obtenu un document exclusif qui révèle de graves déficiences concernant la réalisation de la nouvelle tour de contrôle de l’aéroport d’Oran. 

Ce lundi 10 août, une mission d’inspection a été menée  au niveau de la nouvelle tour de contrôle de l’aéroport d’Oran pour s’assurer du « bon fonctionnement des différents équipements » installés au niveau de cet édifice qui devait être occupé prochainement par les aiguilleurs du ciel et les contrôleurs aériens. Malheureusement, à la suite de cette mission d’inspection, de graves anomalies ont été relevées. Ce document nous apprend ainsi que les experts de la  Direction Technique de la Navigation Aérienne (DTNA) et de la Direction de l’exploitation de la navigation aérienne, deux branches stratégiques de l’Établissement national de la navigation aérienne (ENNA), ont constaté de multiples problèmes informatiques sur les Voice Communication Systems (VCS), le  système de communication utilisé pr les contrôleurs aériens.

Les mêmes inspecteurs ont constaté également des anomalies au niveau de l’enregistreur de la nouvelle tour de contrôle. Même le câblage des lignes téléphoniques n’avait pas été réalisé comme il se doit et en conformité avec les normes techniques et de sécurité requise dans ce domaine très délicat qui est la sécurité aérienne. En conclusion, cette mission d’inspection a estimé qu’il n’est pas encore possible de transférer les équipes des contrôleurs aériens de l’ENNA de l’ancienne tour de contrôle vers la nouvelle. Cette dernière n’est pas encore opérationnelle et ne permet pas de gérer le trafic aérien en toute sécurité. Un véritable scandale car cette tour de contrôle a été réceptionnée provisoirement depuis la fin du mois de décembre 2018.

Jusqu’à aujourd’hui, l’ENNA n’a toujours pas pu l’exploiter. Et pourtant, sa réalisation avait coûté la bagatelle de 2,42 milliards de Da, à savoir près de 16 millions d’euros. Et cet argent a été dépensé uniquement durant la première phase de Génie civil. L’Algérie avait dépensé depuis 2013 plus de 11 milliards de Da, soit l’équivalent de 73 millions d’euros, dans le cadre d’un projet de développement et de modernisation de la gestion de l’espace aérien national, décidé par les pouvoirs publics pour cinq aérodromes (Alger, Oran, Constantine, Ghardaïa et Tamanrasset). A cela, il faut rajouter les budgets d’équipements nécessaires à l’acquisition du nouveau matériel de communication et de sécurité aéronautique essentiel au fonctionnement de ces tours de contrôle. Pour la tour d’Oran, l’ENNA avait conclu deux marchés divers avec deux fournisseurs différents, à savoir l’espagnol DF Nucleo et INDRA, un autre groupe espagnol spécialiste des technologies de la navigation et du contrôle de sécurité aérienne. Algérie Part publiera prochainement toute une enquête approfondie sur ces marchés publics attribués dans des conditions très opaques par l’ENNA.

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