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vendredi, avril 26, 2024

« Depuis plusieurs semaines, ils nous tirent dessus » : de nouveaux témoignages accablants contre les garde-côtes algériens accusés d’avoir assassiné des Harragas

De nouvelles graves accusations ont été formulées contre les garde-côtes algériens qui relèvent du commandement des Forces navales algériennes. Cette fois-ci, c’est le prestigieux Mediapart, un site d’informations français spécialisés dans l’investigation et le journalisme d’enquête, qui a publié hier mercredi 4 mai des documents vidéos démontrant la violence excessive employée par les garde-côtes algériens dans leur traque des migrants clandestins, les Harragas, qui quittent illicitement le territoire algérien pour rejoindre les côtes du sud de l’Espagne. 

Aux images qui montrent des gardes-côtes algériens tirer sur l’embarcation d’un passeur, probablement à son retour d’un « voyage » entre Oran et le sud de l’Espagne, Mediapart a recueilli le témoignage de plusieurs sources oculaires affirmant que certains passeurs auraient déjà été abattus au cours des dernières semaines. « Depuis plusieurs semaines, ils nous tirent dessus », accuse ainsi un guide qui fait régulièrement des allers-retours entre Oran et Almería, dans le sud de l’Espagne, pour déposer des Harragas.

 » Au cours des deux derniers mois, les gardes-côtes ont tué trois ou quatre personnes entre Corales, la Madrague, cap Falcon et Aïn El-Turck. Ils les ont tués par balle de la même manière que ce qu’on voit sur la vidéo, en direct devant les gens », a révélé le même témoin qui donne des détails glaçants sur les circonstances de ces « assassinats » entièrement passés sous silence en Algérie.

« Ça fait quelques mois qu’ils tirent sur les passeurs. Vendredi dernier [le 29 avril – ndlr], peu avant le coucher du soleil, trois bateaux de passeurs se sont enfuis et se sont cachés à cap Lindles », a raconté à Mediapart un autre témoin, un certain Zak présenté comme un pêcheur oranais qui habite sur la corniche. « Deux frégates de la marine et deux semi-rigides noirs avec des agents spécialisés les ont encerclés là-bas en tournant autour d’eux pour provoquer de grandes vagues, puis ils leur ont tiré dessus. Il y a eu au moins un blessé et plusieurs pêcheurs ont été témoins des faits », révèle encore la même source.

« Le lendemain matin, la marine aurait bloqué l’accès par la mer aux pêcheurs à cap Lindles », a assuré le même témoin d’après lequel les passeurs ripostent également aux garde-côtes algériens en faisant usage, de leur côté, « de fusils harpons ou de mortiers d’artifice ».

Ces scènes d’une violence inouïe se déroulent sur les côtes maritimes des wilayas de l’ouest algérien. Ces témoignages accablants contre les garde-côtes algériens n’ont suscité aucune réaction à Alger. Et pourtant, depuis plusieurs jours, des témoignages et des vidéos sont diffusés sur les réseaux sociaux par des observateurs avertis de la harga pour déplorer ou dénoncer l’agressivité inappropriée et la violence disproportionnée des garde-côtes algériens contre des harragas inoffensifs. Le commandement du Service national de Garde-côtes du Commandement des Forces navales n’a pas fait le moindre commentaire à propos de ces informations alarmantes. Aucune enquête interne n’a été diligentée et ces accusations de meurtre ne semblent guère empêcher les responsables des garde-côtes algériens de dormir la nuit.

 

 

 

 

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