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vendredi, avril 26, 2024

Décryptage. Pourquoi le modèle algérien n’a jamais pu devenir viable

Une production nationale faible et peu diversifiée, une industrie quasi-inexistante et forte dépendance vis-à-vis des importations, les maux sont de l’économie algérienne sont connus et reconnus par de très nombreux experts et économistes. Mais le temps passe, presse, et malgré tous les efforts annoncés par les autorités algériennes, aucune solution n’a été mise en place pour guérir l’Algérie de ces maux. C’est pour cette raison que le pays demeure otage d’un modèle qui n’est pas du tout viable. Explications. 

Le pétrole et le gaz encore et toujours. Depuis 2013, le secteur des hydrocarbures contribue à hauteur de près de 32,4% à la formation du produit intérieur brut (PIB) en Algérie. Il est le seul coeur battant du pays.  Il est suivi par les services marchands (25%), l’agriculture (10,6%) et les BTP (10,6%). L’industrie se classe, quant à elle, au dernier rang des secteurs productifs avec une contribution estimée à seulement 5% du PIB. Comparée aux autres pays de la région, la part du secteur industriel dans le PIB de l’Algérie est très faible (Tunisie 17,7%, Egypte 16,2% et Maroc 15,7%).

Elle n’a d’ailleurs cessé de décliner au cours de la dernière décennie. Lors de la première moitié des années 80, le secteur industriel représentait plus de 15% du PIB. Ce qui témoigne d’une baisse de la contribution de ce secteur à la croissance et à la création de richesses et d’emplois. Au cours de la dernière décennie (2004-2014), la croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel en Algérie -estimée à près de 3,2%-a été essentiellement tirée par les secteurs du BTP (croissance annuelle moyenne de 8,2%), les services marchands (croissance annuelle moyenne de 6,6%) et l’agriculture (croissance annuelle moyenne de 8,2%). Ces secteurs, bien qu’en progression, peinent toutefois à devenir de réels moteurs de croissance.

Ils restent en effet tributaires de nombreux aléas. La croissance du secteur de l’agriculture est en effet très erratique car dépendante des conditions climatiques. Le BTP est surtout soutenu par les programmes d’investissements publics (infrastructures, logements sociaux, etc.) financés par le Budget de l’Etat. Ceci le rend dépendant de la capacité de l’Etat à mobiliser suffisamment de ressources pour soutenir de tels programmes sachant qu’une partie significative des recettes budgétaires (62%) est issue de la fiscalité pétrolière.

Les effets d’entrainement de ces investissements sont en outre amoindris par un contenu significatif en importations. Enfin, l’expansion des services marchands (ex: commerce), est surtout liée à la forte progression des importations de biens de consommation(18,5% du total des importations en 2013) et est peu créatrice d’emplois qualifiés. Face au déclin du secteur de l’industrie manufacturière, les autorités ont fait de la relance de la production nationale et du développement du secteur industriel -hors hydrocarbures -et de la valorisation de son potentiel une priorité.

Des politiques transversales (développement des ressources humaines, politiques d’appui à l’innovation, amélioration de l’environnement des affaires, etc.) ont été adoptées ces dernières années par les autorités algériennes et plusieurs stratégies sectorielles ont été mises en place, notamment dans les secteurs de la pharmacie, de la métallurgie, et de l’agro-alimentaire.

Le processus de restructuration/privatisation du secteur industriel public a été poursuivi. Cinq programmes de mise à niveau des entreprises industrielles ont été conduits au cours des années 2000. Des zones industrielles (72 recensées en 2014) et des zones d’activité (450 recensées en 2014) ont été aménagées et des mesures 8Les zones industrielles (crées par le décret 73-45 du 28 février 1973) constituent des espaces destinés à recevoir des investissements industriels. Leur gestion a été confiée à des organismes spécialisés. Les zones d’activités sont créées à l’initiative des communes par arrêté et ce dans le cadre de l’ordonnance 74-26 du 20 février 1974.

Plusieurs autres mesures incitatives (bonification d’intérêts, avantages fiscaux et parafiscaux, subventions, etc.), orientés vers les filières créatrices de valeur ajoutée et d’emplois, ont été mises en place. Parallèlement, d’importantes réformes -sans quoi les politiques de développement industriel n’aboutiraient que partiellement -ont été conduites par les autorités algérienne. Il s’agit, entre autres, de réformes pour la stabilisation du cadre macro-économique et de mesures visant à améliorer l’environnement des affaires (ex: Commission de recours pour les investisseurs, facilitation de remise des documents fonciers, simplification des procédures de dédouanement, etc.).

Enfin des investissements conséquents ont été réalisés dans les infrastructures (ports, énergie, etc.), notamment dans le cadre du dernier plan quinquennal 2010-2014. Malgré ces efforts, l’industrie algérienne n’a pu reprendre la part qui était la sienne au cours des années 90. Ce secteur reste en effet insuffisamment compétitif, inadapté à un environnement concurrentiel, peu sophistiquée et faiblement diversifié. Seules cinq filières ont été à l’origine de 80% de la valeur ajoutée industrielle. Il s’agit des secteurs de l’eau et énergie/Industries Sidérurgiques Métalliques Mécaniques et Electriques/ secteur de la chimie, plastique, caoutchouc/matériaux de construction/Industries agro-alimentaires.

Au niveau des échanges extérieurs, la part des produits industriels et des produits semi-finis (27% et 18,5%) dans le total des importations ne cesse de croitre, alors que les exportations sont quasi-exclusivement constituées d’hydrocarbures (96 % jusqu’à 98% des recettes d’exportation). Ce qui souligne que le tissu industriel n’est pas capable de répondre à la demande du marché intérieur. Cela a en outre entrainé une détérioration significative du solde de la balance commerciale (l’indice de couverture des exportations est passé de 250% en 2005 à près de 116% en 2013).

En effet, pour la première fois depuis 15 ans, l’Algérie avait accusé en 2014 un déficit de sa balance courante à  8,3 milliards de dollars USD, sous l’effet combiné d’une croissance de ses importations et de la chute des cours du pétrole. Face à un secteur industriel qui peine à émerger et à la transition énergétique qui s’annonce(baisse de la production nationale, chute des cours du pétrole, réserves en hydrocarbures limitées, etc.), la question de la viabilité sur le long terme du modèle de croissance de l’économie algérienne est posée. Dès lors, il devient impératif pour les autorités de développer un tissu industriel compétitif, diversifié, générateur de valeur ajoutée et d’emplois et à même d’inverser la tendance au recours massif aux importations.

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2 تعليقات

  1. Depuis le début, les membres du FLN se disaient en # Révolution contre la France coloniale et contre le capitalisme #
    L’agriculture qui était la seule richesse a été sacrifiée à l’indépendance !
    Le rôle de Boumediene est important pour l’Algérie avec son # Nationalisme – Étatiste – socialiste et anticoloniale # !
    A l’exemple des grandes démocraties populaires de l’est de l’Europe, Boumediene a lancé un programme d’industries lourdes ( sans penser à l’industrie légère) ! Échec !
    Voir Arte l’Algérie le Grand Gâchis !