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jeudi, avril 25, 2024

Décryptage. Pourquoi l’Algérie devrait utiliser le gaz naturel pour extraire le Bitcoin au lieu de le torcher

Le torchage du gaz naturel en Algérie est à la fois un problème économique et écologique qui n’a jamais pu être traité ou solutionné alors qu’il fait perdre facilement chaque année plus d’un milliard de dollars USD à notre pays. Et pourtant, une solution révolutionnaire existe pour permettre à l’Algérie d’éviter ce préjudice financier et de protéger également l’environnement contre une pollution dangereuse : utiliser le gaz naturel pour extraire le Bitcoin au lieu de le torcher. Explications. 

Il faut savoir que l’Algérie fait partie des sept pays responsables des deux tiers du volume mondial de gaz torchés, en occupant la 5e position du classement en 2020, selon Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés (GGFR) de la Banque mondiale. Les nouvelles estimations reposant sur des données satellitaires recueillies par la GGFR, indiquent qu’en 2020, la Russie, l’Iraq, l’Iran, les États-Unis, l’Algérie, le Venezuela et le Nigeria sont à la tête du classement des pays émetteurs de gaz torchés depuis 2012, l’année du lancement du premier satellite.

Selon la Banque mondiale, ces sept pays représentent 40% de la production annuelle de pétrole à travers le monde, mais sont responsables de près des deux tiers du volume mondial de gaz torchés (65%). Ainsi, l’Algérie brulent 9,32 milliards de mètres cubes de gaz en 2020. Une baisse de 0,02 milliard de mètres cube par rapport à l’année 2019, selon le rapport de la Banque mondiale, qui relève que « la pratique du brûlage du gaz naturel sur les sites de production pétrolière est le résultat d’une diversité de contraintes liées aux marchés et aux difficultés économiques, mais aussi à l’absence de réglementations appropriées et de volonté politique ».

Selon le même rapport, l’Algérie, comme l’Irak, l’Iran et le Venezuela, possèdent quelques grands champs de torchage, ce qui se traduit par l’émission d’une panoplie de polluants dans l’atmosphère. « Ces émissions de méthane issues du torchage, contribuent substantiellement au réchauffement de la planète à court et à moyen terme, parce que les effets de ce gaz sont au moins 80 fois plus puissants que ceux du dioxyde de carbone sur un horizon de 20 ans », relève le rapport.

Une telle de gaz naturel torché en Algérie représente effectivement financière de plus d’un milliard de dollars, voire plus de 1,5 milliards de dollars et les pertes peuvent facilement se chiffre à 2 milliards de dollars USD si l’on prend en considération les augmentations actuellement vertigineuses des cours mondiaux du gaz naturel. Il faut savoir que lorsque le gaz naturel est torché, il ne peut pas être exploité commercialement comme il ne peut être transformé industriellement pour qu’il soit exporté à l’étranger. C’est une perte sèche et irrécupérable d’une précieuse source d’énergie massivement recherchée dans le monde entier.

Il faut savoir que le torchage du gaz naturel est une pratique dangereuse que la communauté internationale tente d’endiguer dans les meilleurs délais. Et pour cause, cette pratique est à l’origine d’une pollution lumineuse qui désoriente les insectes et oiseaux nocturnes. Le bruit lié aux opérations peut également perturber les écosystèmes avoisinants le site d’extraction de pétrole. Lors de l’extraction de pétrole, du gaz et de l’eau peuvent remonter en surface. Une fois séparé de l’eau et du pétrole, le gaz, considéré comme un sous-produit, est brûlé sur site faute d’infrastructure de traitement (unité de liquéfaction, de compression, de purification) ou de transport (gazoduc). Cette problématique est dénoncée comme une problématique environnementale mondiale.

En Algérie, la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach avait annoncé en août 2018 qu’elle rejoignait l’initiative « Zero Routine Flaring d’ici 2030 » lancée par la Banque mondiale en 2015 et qui vise la réduction du torchage systématique de gaz avant cette échéance. La Sonatrach rejoignait à cette époque ainsi dans l’initiative, 35 sociétés pétrolières et gazières, 27 gouvernements, dont la Californie et 15 institutions. Parmi ceux-ci, on peut notamment citer le producteur publique de la Tunisie, l’Etap, celui de l’Egypte et celui du Maroc.

La Banque mondiale s’était dite à l’époque satisfaite d’accueillir au sein du groupe, un si important producteur d’autant plus que la Sonatrach cherchait « à identifier et mettre en œuvre des solutions pour réduire le brûlage des gaz depuis 1976 ». Mais cet engagement n’a absolument rien produit de concret sur le terrain et le torchage du gaz continue de faire des dégâts économiques et écologiques en Algérie. Quelle est donc la solution la plus rapide et appropriée à ce problème ?

L’utilisation du  gaz naturel pour extraire le Bitcoin au lieu de le torcher. L’Algérie devrait s’inspirer de cette expérience conduite ces dernières années au Texas aux Etats-Unis où l’exploitation minière de Bitcoin est utilisée pour monétiser l’énergie créée par l’extraction de pétrole et de gaz plutôt que de la brûler. Aux Texas, il a été constaté qu’une énorme opportunité se présente pour le Bitcoin afin de capturer le gaz des gisements des hydrocarbures au lieu de le gaspiller dans le torchage.

Il faut savoir que la moitié du gaz naturel brûlé aux Etats-Unis est actuellement brûlé dans l’ouest du Texas. Face à ce constat, des études ont démontré la capacité de l’exploitation minière de Bitcoin à être mobilisée de manière réfléchie en réponse à la fluctuation de l’approvisionnement en énergie. Ainsi, l’énergie pourrait être immédiatement renvoyée au réseau en cas de panne soudaine ou de pénurie d’électricité. Grâce à cette nouvelle orientation, le Texas est devenu ces derniers temps la meilleure destination pour le minage de Bitcoin. En octobre 2021, le sénateur américain Ted Cruz prédit que d’ici cinq ans la plupart des entreprises pétrolières au Texas pourront capturer et exploiter le gaz naturel plutôt que le brûler.

Soulignons enfin que le minage est un travail de vérification des transactions intervenant sur une crypto-monnaie. Le minage est devenu ces dernières années de plus en plus complexe et la tâche est  effectuée par de gigantesques fermes de serveurs. De nombreux pays se sont lancés dans ce business prometteur au regard de l’expansion rapide de la crypto-monnaie à travers la planète. Il s’agit notamment de la Mongolie, l’Islande ou la Russie. Le minage exige une très forte consommation électrique. Il est à noter à ce sujet que la consommation électrique annuelle du Bitcoin dépassait celle de pays tels que la Colombie ou le Bangladesh. Signalons en dernier lieu que l’Algérie interdit toujours l’usage de la monnaie électronique. Selon l’article 113 de la loi de finances 2018, il est interdit d’acheter, de vendre, d’utiliser et même de posséder une monnaie virtuelle. Les crypto-monnaies entrent donc sous l’égide de cette loi et rien n’a changé à cette interdiction depuis 2018.

 

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