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vendredi, avril 19, 2024

Décryptage. Pourquoi Djerad se trompe lourdement sur la croissance et les résultats de l’Agriculture algérienne

C’est devenue une fâcheuse habitude. Pour maquiller son bilan économique catastrophique et peu reluisant, le régime algérien met toujours et régulièrement en exergue les performances supposées « positives » et « remarquables » de l’agriculture algérienne. Or, la communication du régime algérien repose essentiellement sur des contre-vérités et des constats qui ne traduisent pas du tout la réalité des agriculteurs algériens. Décryptage. 

Ce lundi 12 avril, Abdelaziz Djerad a participé aux travaux du Forum sur l’investissement agricole et agroalimentaire, organisé au Centre international des conférences (CIC) à Alger sous le thème « l’investissement, levier de la croissance agricole et agroalimentaire ». Lors de cet évènement, Abdelaziz Djerad « a salué les agriculteurs qui ont été à la hauteur du défi en pleine pandémie ».

« Nous avons tous relevé comment le secteur de l’agriculture a contribué dans la lutte contre la pandémie en assurant les produits agricoles essentiels. Nos agriculteurs ont été à la hauteur en approvisionnant l’ensemble des marchés nationaux et en quantités suffisantes », a déclaré le Premier ministre algérien qui a présidé l’ouverture des travaux de ce Forum avec le ministre de l’Agriculture et du développement rural , Abdelhamid Hemdani, en présence du Conseiller du Président, Abdelhafidh Allahoum, des membres du Gouvernement, des opérateurs économiques et des experts.

Djerad n’a pas manqué également de souligner l’apport important et croissant du secteur de l’Agriculture dans le PIB avec un taux dépassant 12.4% soit une valeur de production de 25 mds dollars en 2020, contre 23 mds en 2019. Abdelaziz Djerad a rappelé aussi que le secteur de l’Agriculture assurait plus de 2,5 millions d’emplois directs. « La croissance du secteur constitue un bond qualité en dépit de la conjoncture difficile qu’a traversé le pays en raison des répercussions de la crise sanitaire », a-t-il estimé.

Le constat enthousiaste de Djerad est, malheureusement, faux et infondé. Et pour cause, l’agriculture algérienne dispose, certes, d’un immense potentiel agricole. Mais son bilan est plutôt très modeste, pour ne pas dire faible.

D’après le dernier recensement de l’agriculture, nous avons 8,4 millions d’hectares de surface agricole utile (SAU). C’est une surface considérable sauf qu’elle est
difficilement extensible du moins par rapport au rythme de l’extension démographique et des besoins en consommation. Toutes les expertises le soulignent : l’Algérie dispose d’un énorme potentiel agricole qui demeure, certes, non extensible à volonté, en raison de facteurs physiques naturels mais aussi de mode de peuplement.

En outre, ce que Djerrad ne dit pas, plus de 70 % des exploitants agricoles évoluent dans de petites parcelles ou pratiquent des métiers agricoles à petite échelle, ce qui rend difficile d’assoir une véritable politique de développement agricole. Dans cette configuration de l’activité agricole, l’Algérie a  besoin d’une politique de remembrement pour la constitution de grandes exploitations agricoles qui structurent les systèmes de production.

Mais cet objectif est difficile à concrétiser. Pourquoi ? L’extension des infrastructures
des travaux publics se fait généralement sur des terrains qui sont accessibles, donc
potentiellement agricoles. Les terres agricoles représentent un potentiel qui n’est guère
préservé en Algérie et l’extension urbaine et d’infrastructures publiques sur des terres
agricoles doit être considérée à titre exceptionnel sur des terres à qualité moyenne ou médiocre mais jamais sur des terres de bonne qualité agronomique. En clair, les terres agricoles algériennes sont les premières victimes de la forte croissance démographique algérienne avec une population qui croit chaque année de plus d’un million de bébés par an.

De plus, les terres agricoles algériennes sont menacées par les changements climatiques qui viennent contraindre cette non-extension à volonté du potentiel. Les zones de production agricoles en Algérie sont contraintes d’année en année par une évolution des changements climatiques en diminution des précipitations et en augmentation des
phénomènes extrêmes : des pluies torrentielles qui produisent des dégâts, des sécheresses qui s’allongent en termes de nombre de jours consécutifs d’absence de précipitations, et puis des températures également qui sont de plus en plus hautes et de plus en plus précoces.

Les techniques et façons culturales, le matériel végétal qu’on utilise doivent être mieux réfléchis pour qu’on puisse s’adapter au changement du cycle végétatif, à son raccourcissement en raison de pluies plus tardives et de fortes températures plus précoces.

Par conséquent, l’intégration de la technologie et des produits de la recherche et de
l’innovation sont les seuls moyens qui s’offrent à l’Algérie pour exploiter au mieux le potentiel déjà considérable comme terres productives, tirer un maximum de gains et préserver au mieux les ressources naturelles (eau et sol), pour des performances de production soutenables et durables avec une empreinte écologique des plus estompées.

Il faut savoir qu’en Algérie, il y a entre 1 million et 1,2 million d’exploitations agricoles et plus de 75 % sont en dessous du seuil théorique de soutien. Cela signifie qu’elles sont des exploitations qui s’étendent sur moins de 8 hectares. Ceci pose des problèmes pour l’orientation de la politique agricole.

Or, pour assoir une politique d’amélioration de la sécurité alimentaire, il faut de grandes exploitations (entre 100 et 500 ha) voire même de mégaexploitations qui structurent les systèmes de production. Il est très difficile de fédérer les petits exploitants et les amener à adhérer à telle ou telle politique agricole. C’est ce à quoi s’attèle le ministère de l’Agriculture en créant les maillons complémentaires que sont les comités
interprofessionnels des différentes filières. L’agriculture est une activité presque industrielle, productive, économique.

Elle a besoin de promoteurs qui développent l’activité et non pas de personnes qui en vivent à titre de rente. L’orientation vers la fédération des facteurs et moyens de production peut être une solution.

Les petits agriculteurs sont fédérés autour d’un promoteur qui leur montre les
techniques pour produire mieux. Un promoteur qui stimule les agriculteurs. C’est de cette façon qu’on peut espérer transformer l’agriculture algérienne. L’État est là pour apporter une touche de catalyseur, d’encouragement, d’incitation à s’engager dans des créneaux
porteurs : les filières stratégiques, la mécanisation, l’utilisation des techniques
d’économie d’eau, les conditions de collecte et de stockage, etc. L’État ne devrait pas être le préalable à travers le soutien à la mise en culture.

L’État vient réguler, orienter, soutenir à travers des incitations financières pour que les
producteurs s’alignent vers telle ou telle filière pour d’une part assurer leur capitalisation et de l’autre contribuer, chemin faisant, à l’amélioration de la sécurité alimentaire. C’est ce modèle agricole dont l’Algérie a cruellement besoin pour augmenter réellement sa production agricole afin de créer de la valeur ajoutée et réduire l’immense facture des importations des produits alimentaires et agricoles. En l’absence de ce modèle productif, l’agriculture algérienne est condamnée à une existence artisanale et archaïque avec une incapacité avérée pour satisfaire les besoins alimentaires de la population algérienne.

 

 

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4 تعليقات

  1. Aux problèmes politiques, on apporte des solutions techniques. Dans ce pays qui est le nôtre, jusqu’à preuve du contraire, tous les problèmes (économiques, culturels, religieux) convergent et mènent vers les Tagarins, « haut lieu » du commandement militaire. Rien ne se décide, rien ne se fait sans lui.

  2. oh que si, et même que algériepart a publié « des articles sur la production de pomme de terre , sur le cheptel, on pourra rajouter l’augmentation des surfaces cultivées dans le sud et la production de nos wilaya du sud
    L’avantage du sud c’est le prix bas du foncier , la nappe phréatique albienne ( la plus grande réserve d’eau souterraine du monde) et la possibilité de produire de l’énergie à volonté grâce au photovoltaïque …
    Le hic, c’est l’isolement…il faut absolument développer le fret ferroviaire et aérien …
    L’Algérien a consommé 111 kgs de batata par personne par an contre une moyenne mondiale de 31 kgs…3 fois plus que la moyenne mondiale …et le pays est passé d’importateur net en 2000 a exportateur
    Le poids de l’agriculture sur le PIB algérien selon la Banque mondiale est de 12,4 % soit environ 20 millards de Dollard
    Il y’a

  3. Encore un article bidon faux et mensonger..Tout cela juste pour assouvir une vengeance personnelle…Tout est faux et il manque les vrais chiffres…
    Bref encore un article pour sangliers enragés néo harkis et mouche à khra marocaine…
    Rien de nouveau dans les incantations de Semmar qui souhaite un cataclysme..Lui aussi comme les Neo Harki en a besoin pour se soigner et guérir…