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mardi, avril 16, 2024

Décryptage. Les dessous de la stratégie d’influence de la France pour maintenir sa forte présence en Algérie

La France craint énormément pour l’avenir de sa présence en Algérie. Fortement concurrencée par plusieurs autres grandes puissances qui développent des relations avec l’Algérie, la France a établi une stratégie de lobbying pour conserver ses intérêts dans notre pays. Et l’axe primordiale de cette stratégie est d’abord l’ouverture des Instituts Français dans toutes les grandes villes du pays afin d’empêcher la régression de la langue française et maintenir encore ce lien culturel et linguistique qui assure à la France un important rayonnement en Algérie. Décryptage. 

Une nouvelle stratégie d’influence a été établie par la France en Algérie depuis les évènements de 2019 qui ont fortement bouleversé la stabilité politico-économique de l’Algérie. Algérie Part a pu confirmer au cours de ses investigations que le 10 avril 2019, le groupe parlementaire d’amitié France-Algérie avait auditionné Jean-Louis Levet, ancien haut responsable à la coopération technique et industrielle franco-algérienne de juin 2013 à janvier 2019. Au cours de cette audition, tous les problèmes qui menacent les intérêts français en Algérie ont été abordés, analysés et des solutions concrètes ont été envisagées, des nouvelles pistes ont été esquissées.

Economiste spécialiste des questions liées au développement technologique et industriel, Haut Responsable à la coopération industrielle et technologique franco-algérienne, Jean-Louis Levet avait expliqué aux parlementaires français que « la relation franco-algérienne se transforme même si cela n’est pas visible ». « C’est le cas si l’on considère les seuls chiffres de part de marché de la France en Algérie qui est passée de 100 % dans les années cinquante à 30 % dans les années soixante et à 12 % aujourd’hui, alors que la Chine a vu sa part de marché augmenter de 2 % à presque 15 % », avait-t-il relevé en insistant sur l’importance d’établir une nouvelle stratégie pour permettre à la France de résister aux avancées très inquiétantes de ses concurrents internationaux en Algérie.

Et pour ce faire, Jean-Louis Levet avait estimé que la relation franco-algérienne doit d’abord passer « par une stratégie de travail commun à l’international avec les universités, les territoires et les entreprises pour constituer des pôles de compétitivité ».

En Algérie, la France a privilégié depuis 2013 des investissements dans la formation. Ce qui a permis d’assurer à la présence française une certaine supériorité « aux présences italienne, espagnole, allemande et même chinoise ».

« Beaucoup d’efforts restent cependant nécessaires dans la durée. Il faut impérativement se distinguer des concurrents des autres pays en s’appuyant sur un mode de pensée (partenariat) et un mode d’action (co‑investissement, formation, co‑innovation) nouveaux et adaptés aux besoins de l’économie algérienne. Deuxièmement, le tissu entrepreneurial privé, moins lié au pouvoir que les entreprises publiques et plus en phase avec la demande finale, monte en qualité et en compétences. Il ne faut pas le sous-estimer. Troisièmement, si les freins et les blocages sont souvent dénoncés, ils sont d’abord la résultante du système algérien et non pas des Algériens qui cherchent à travailler. Quatrièmement, France-Algérie doit être le duo gagnant en Afrique pour les quarante ans à venir et a vocation à construire la relation entre l’Union européenne et l’Afrique. Encore faut-il que la France se mobilise fortement autour de cet objectif, là où des pays européens comme l’Allemagne, pour ne parler que d’eux, ont fait du Maghreb leur cible économique pour les années à venir », avait analysé ainsi lors son audition parlementaire Jean-Louis Levet.

La langue et la culture française demeurent, par ailleurs, un important levier que la France veut exploiter massivement pour protéger sa présence en Algérie. A ce sujet, Jean-Louis Levet avait avoué au cours de son audition parlementaire que  la langue française avait certes régressé en Algérie « mais qu’elle restait un facteur d’ouverture sur le monde pour les Algériens ».

« L’accès à l’apprentissage du français est resté inégal ces quarante dernières années et depuis une vingtaine d’années seuls ceux qui ont des moyens financiers élevés peuvent suivre des cours pour apprendre le français. Et c’est à l’université que les inégalités explosent dans la mesure où beaucoup de cours sont donnés en français. Actuellement, il y a trois Instituts français à Annaba, Oran et Alger. Il en faudrait dans toutes les grandes villes et il est certain qu’ils auraient du succès car il existe une demande chez les jeunes, les chambres de commerce, etc. Il faut notamment mixer culture et économie dans l’offre de français », avait conclu ainsi ce Haut Responsable à la coopération technologique et industrielle franco-algérienne qui avait averti en avril 2019 qu’il faut » très vigilant à l’égard de la situation actuelle en Algérie ». Le même interlocuteur avait appelé les autorités français à « préparer l’après et réfléchir collectivement à ce qui peut être une nouvelle étape de coopération entre les deux pays ».

 

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