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vendredi, avril 26, 2024

Décryptage. Gestion de la crise financière : Pourquoi le régime algérien se trompe en s’attaquant uniquement aux importations

Face à la crise financière et ses conséquences désastreuses sur la stabilité nationale du pays, la priorité absolue est de réduire drastiquement la facture des importations. C’est le discours dominant en Algérie depuis l’aggravation de la crise financière qui s’est emparée de l’Algérie dans le sillage de la pandémie de la COVID-19. Or, il s’avère que ce discours dominant est un leurre. L’Algérie ne pourra pas s’en sortir en réduisant uniquement ses importations. Elle avait déjà tenté ce levier entre 2014 et 2016, mais en vain. Explications. 

 

Entre novembre 2014 et janvier 2016, les prix du pétrole qui s’établissaient à une moyenne de 100 $ le baril recule de plus de 60%, atteignant en janvier 2016, leur plus bas niveau depuis de nombreuses années, 27 $. Entre-temps, un accord sur le nucléaire iranien est signé entre l’Iran et les pays occidentaux, ce qui mécontente les dirigeants saoudiens qui encouragent un regain de production. La production russe côtoie toujours les sommets et l’Iran fait son retour sur le marché, menaçant d’optimiser sa capacité de production.
Seul élément de modération, la production américaine chute à 9,2 millions de barils par jour grâce à un essoufflement du marché du schiste.

En Afrique, tous les pays producteurs d’or noir souffrent de cette situation désastreuse. La plupart de ces pays dépendent à plus de 80% des revenus pétroliers pour financer leurs budgets. L’Algérie figure à la tête de la liste des pays qui ont payé un lourd tribut à ce choc pétrolier.

En 2016, la position extérieure de l’Algérie s’est dégradée considérablement. Le pays a affiché un important déficit des paiements courants (15,6 % du PIB). La balance commerciale a connu son deuxième déficit à deux chiffres consécutif. La valeur des importations algériennes a diminué de 5,9 %, ce qui n’a pas permis de compenser le rapide déclin des importations qui se sont contractées de 16,8 %. Au cours du premier semestre 2016, les pouvoirs publics ont intensifié leur utilisation des licences d’importation pour infléchir et réduire le déficit de la balance des paiements courants par l’action administrative. Les réserves brutes officielles ont chuté, après un pic de 177 milliards USD (environ 83 % du PIB) en 2014 pour s’établir à 112 milliards USD (69 % du PIB) en 2016. À un niveau correspondant à 21 mois d’importations, elles excèdent de très loin les seuils internationaux d’adéquation mais sont en train de fondre rapidement. Comme en 2021, en 2015-2016, le pouvoir algérien pensait que la réduction des importations suffira pour bien réduire le choc de l’impact de la crise financière sur le pays.

Il avait fausse piste. Et à l’époque, ce qui avait sauvé l’Algérie était la dette extérieure
reste faible, à moins de 2,4 % du PIB en raison de la politique appliquée par l’État au cours de la décennie écoulée, consistant à ne pas emprunter à l’étranger, alors que l’encours total de la dette est de 20,6 %.

Les apports en capitaux étaient faibles et en déclin malgré la nécessité d’investissements considérables dans le pays. Les investissements directs étrangers (IDE) ont décliné et sont passés de 3,1 milliards USD en 2012 (1,5 % du PIB) à environ 1,5 milliard USD en 2016 (0,9 % du PIB). Diverses restrictions introduites en 2009 en matière d’IDE, et notamment un plafond de participation étrangère de 49 % pour tout nouveau projet d’IDE, n’ont pas contribué à contenir la tendance baissière des apports nets d’IDE. En fait, la réglementation des changes mise en place par l’Algérie compte parmi les plus rigoureuses des pays arabes. Les investisseurs étrangers potentiels indiquent que ces restrictions constituent un obstacle majeur à leurs activités en Algérie.

En se concentrant uniquement sur la bataille des importations, les autorités algériennes ont fini par perdre le contrôle sur d’autres leviers importants comme la stabilité monétaire du pays et le dinar algérien s’est déprécié dangereusement par rapport au dollar américain.

Depuis le milieu de l’année 2014, le dinar s’est considérablement affaibli par rapport au dollar américain et à l’euro, étant donné la baisse des prix du pétrole plaçant le dinar sous pression, et la Banque d’Algérie ayant permis à la devise de se déprécier afin de décourager la demande d’importations et préserver les réserves de change du pays. En fait, le dinar est passé de 107,3 DZD pour un dollar américain en moyenne en 2015, jusqu’à 87,9 DZD pour un dollar américain en 2014 et 78,2 DZD pour un dollar américain en 2013. Sur le marché parallèle néanmoins, les principales devises s’échangeaient à l’époque avec une prime d’environ 60 % qui atteste de l’importance des contrôles des changes et de la faiblesse de la demande de devise locale.

L’angoisse intense que suscitait la dépendance vis-à-vis des importations a obscurci la lucidité du régime algérien au point où il a reculé dans de nombreux dossiers stratégiques concernant l’intégration du pays aux mécanismes des marchés et échanges internationaux.

L’intérêt manifesté pour l’intégration internationale s’était estompé. Le 2 juin 2016, les autorités algériennes avaient remplacé le gouverneur de la banque centrale. Même si aucune réorientation de la politique monétaire n’avait encore été annoncée, à l’époque ce changement avait constitué un tournant vers un contrôle accru du dinar. Cette éventualité devait aboutir à conduire aucun ajustement fiscal plus rigoureux qui s’était traduit à court terme par une nouvelle dégradation des indicateurs économiques et de bien-être.

Tellement obsédés uniquement par la réduction des importations, les dirigeants algériens ont raté la maîtrise de stabilité monétaire et le renforcement  de la production nationale. Pour ne pas beaucoup importer depuis l’étranger, il faut produire localement. Cette équation a été totalement occultée par le pouvoir algérien. Ce dernier pense qu’il est possible de réduire les importations en réduisant uniquement la consommation nationale. Mais avec une croissance démographique de plus d’un million de bébés par an, l’Algérie ne pouvait pas réduire sa consommation interne en se privant de nombreux produits de base comme les produits alimentaires. Oui, l’Algérie a pu réduire les importations des voitures ou autres produits manufacturiers, en se privant de leur consommation, mais elle n’a jamais pu réduire sérieusement la facture des produits alimentaires ou certains équipements industriels incontournables pour le fonctionnement du pays. Et avec une monnaie de plus en plus faible, le coût de l’importation sera de plus en plus élevé.

Si les volumes sont réduits, la valeur des importations ne pourra pas baisser significativement à moins que l’Algérie sombre dans le fléau des pénuries comme c’est le cas en ce moment depuis le début de 2021 avec les crises de l’huile de table, du lait ou certains médicaments importés de l’étranger. La solution est donc ailleurs. Le rééquilibre de la balance commerciale passe seulement par une véritable production nationale et de nouvelles exportations hors hydrocarbures. L’Algérie devait tirer la leçon depuis son échec en 2016. Mais le régime algérien est un mauvais élève.

 

 

 

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6 تعليقات

  1. Akhairedine tu a raison ce guignols et paye par le makhzan comme lui et les autres zaitout dz aboud et les autres sait aux qui veulent à tout pris voir l’Algérie comme la Syrie et les autres payers sait Laure obsession pourquoi pas un seul article sur 8000 marocain qui sont parti à la nage pour rejoindre l’Espagne et 1500 mineurs aucun article sont article pour dire que le régime algérien et impliqué ça fait pas réfléchir

  2. Il faut interdire le payement des importations des importateurs prive’ avec l’argent du tresor publique. Les generaux genocidaires stupide, criminels et analphabetes ont cree une caste de voleurs, corrompu qu’ils nomment hommes et femmes d’affaires mais qui gerent leurs patrimoine financiers qu’ils ont vole’ au peuple Algeriens. Les crenaux d’importations et les lignes de credits sont que pour eux. Les importations tuent toutes productions locales et innovations. Les generaux genocidaires stupides, imbeciles et analphabetes ne veulent pas de productions locales ou innovations car ca achevera leurs crenaux d’importations, donc tant que des generaux genocidaires aussi stupides, imbeciles qu’analphabetes determinent la vie economique, financiere, sociale, politique, organisationel, etc. Le peuple et l’Algerie est et restera a la merci des racistes et colonialistes du monde tel les francais , les europeens et les USa.

  3. @ Kheireddine Mostefaoui 27 mai 2021 At 21 h 23 min

    Salut Compatriote C juste pour vous signalé

    que vous avez oublier les quartes milliards de faux billets
    en provenance du Maroc ça aussi on en parle pas monsieur ABDU
    n’en fait pas mansion ne ce risque une toute petite ligne!
    non riens de riens!!

    Bien Cordialement

  4. Et oui c’est fini les fausses factures à plusieurs millions de dollars, l’importation de conteneurs Taiwan , des kiwi et de la glace HagenDazs aux frais de la banque d’Algérie…
    Renault algérie a du dédouaner , payé la TVA sur les pièces pour « monter  » ses Dacia pour redémarrer
    Comment cette entreprise française a pu échappé au fisc 5 années en prétendant « fabriquer des voitures » alors que c’était uniquement du montage bénéficiant des réserves de devises de l’état, d’exonérations fiscales et de TVA?
    Zemmar a bien publié un article ici pour défendre son ami TAGHOUT ( Takhout) et son usine de gonflage de pneu et maintenant il nous la joue « patriote »