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mercredi, avril 24, 2024

De victime à bourreau : l’intrigante histoire du patron de la Police de la wilaya d’Alger

Le 17 avril 2021, le Contrôleur de police Badis Nouioua a été installé dans ses fonctions de Chef de Sûreté de wilaya d’Alger, remplaçant à ce poste le Contrôleur de police Mohamed Chakour. A l’époque, cette nomination décidée par le nouveau patron de  la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Farid Zinedine Bencheikh , est passée quasiment inaperçue. 

Mais au sein de la DGSN, cette nomination a beaucoup fait jaser. Et pour cause, Badis Nouioua est un véritable « miraculé » lui qui a connu une véritable traversée du désert à l’époque du puissant et influent Abdelghani Hamel, l’homme qui a régné sur la DGSN de 2010 jusqu’à 2018.  Les commissaires les plus expérimentés et avertis connaissent l’histoire secrète de Badis Nouioua. Ce dernier a connu une terrible  déchéance à la suite des évènements d’octobre 2014, à savoir les protestations spectaculaires organisées par les policiers algériens.

Pour rappel, des centaines de policiers ont organisé un certain 14 octobre 2014 une marche le long de l’autoroute menant du quartier de Bab-Ezzouar, à Alger centre, après un mouvement similaire de leurs collègues la veille à Ghardaïa, dans le Sud. La mobilisation se poursuivait le 15 octobre où des centaines de policiers se sont rassemblés devant les portes du Palais Présidentiel d’El-Mouradia. Les policiers protestants réclamaient de meilleures conditions de travail, la création d’un syndicat ainsi que le départ du général Abdelghani Hamel, nommé à la tête de la police nationale en juillet 2010.

A l’époque, l’ancien Premier-ministre, Abdelmalek Sellal, était intervenu pour gérer cette crise et répondre aux aspirations socio-professionnelles des policiers. Mais à la fin de cette crise, Abdelghani Hamel a lancé une purge au sein des rangs de la Police algérienne pour neutraliser les « meneurs » de la fronde qui ont été accusés d’avoir orchestré ce mouvement de protestation pour obtenir son départ de la DGSN. Badis Nouioua occupait à l’époque les fonctions de chef de sûreté de wilaya de Blida. Il a été limogé à partir de fin 2014 et sera totalement mis à l’écart dés le début 2015. Révoqué des rangs de la DGSN par Abdelghani Hamel, l’un des plus puissants dirigeants algériens à l’époque, Badis Nouioua va tout perdre y compris son logement de fonction. Et il paiera encore un lourd tribut à cause de la vengeance d’Abdelghani Hamel.

En effet, le fils de Badis Nouioua a été incarcéré en 2015 et il a purgé une peine de 3 mois de prison ferme à la suite… d’un simple commentaire sur une page Facebook où il avait dénoncé le sort malheureux réservé à son père par l’ex-patron de la DGSN, Abdelghani Hamel. Ce dernier avait déposé plainte et exercé toutes les pressions imaginables sur la justice algérienne pour que le fils de Badis Nouioua soit puni et condamné pour calomnie et diffamation publique.

Après avoir perdu son travail, son grade, ses privilèges et assisté impuissant à l’incarcération de son propre fils, Badis Nouioua va goûter à la misère sociale. Privé de salaires et de revenus, il a été contraint d’utiliser son propre véhicule personnel pour travailler comme « taxi clandestin » au niveau des localités de Boudouaou et Tidjelabine dans la wilaya de Boumerdès. Il sortait chaque matin « chercher désespérément du pain » pour nourrir sa famille.

Le cauchemar de Badis Nouioua connaîtra un dénouement avec la chute d’Abdelghani Hamel en juin 2018 dans le sillage du scandale de la cocaïne du port d’Oran. Mustapha Lahbiri, sénateur,  ancien directeur général de la Protection civile et successeur d’Abdelghani Hamel, réhabilite de nombreux commissaires divisionnaires bannis par le patron déchu de la DGSN. Badis Nouioua réintègre les rangs de la Police algérienne et se retrouve promu chef de sûreté de wilaya de Chlef. Le départ de Mustapha Lahbiri en février 2019 de la DGSN ne va replonger Badis Nouioua dans la détresse puisque le nouveau DGSN Abdelkader Kara Bouhadba lui renouvelle sa confiance.

Mais c’est Khelifa Ounissi, arrivé à la tête de la DGSNl le 24 août 2019, qui va renforcer encore davantage la posture de Badis Nouioua puisqu’il sera nommé Chef de sûreté de wilaya de Boumerdès. Badis Nouioua va continuer son ascension jusqu’à se retrouver à la tête de tous les policiers de la wilaya d’Alger, le poste le plus stratégique de la DGSN au regard de l’importance vitale de la capitale Alger. Un retour en force totalement miraculeux pour celui qui a connu l’exclusion, la Hogra et la misère à l’époque de Hamel.

Malheureusement, celui qui fut par le passé « victime » est devenu aujourd’hui… « Bourreau ». Sous l’égide de Badis Nouioua, les policiers frappent, tabassent, molestent et brutalisent gratuitement des manifestants totalement pacifiques du Hirak. Jamais Alger n’a connu des violences policières aussi terrifiantes ou inquiétantes. Depuis l’arrivée de Badis Nouioua à la tête de la sûreté de wilaya d’Alger, les violences policières ont redoublé, pour ne pas dire pris une dimension très alarmante. Les arrestations abusives et les placements en garde-à-vue sont devenues une réalité amère quotidienne pour les activistes du Hirak comme pour les journalistes indépendants. Les dérives autoritaires se banalisent et la peur se propage au sein de la société civile à Alger.

L’histoire intrigante de Badis Nouioua démontre finalement que les anciennes victimes du système Bouteflika sont capables de faire pire que leurs anciens… bourreaux.

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3 تعليقات

  1. Quelle démocratie vous parler en fait des commentaires qui vous plait pas vous les supprimer sait ça la démocratie que vous voulez dommage monsieur le journaliste qui vous revendiquait soit disant la démocratie sait ça la démocratie que vous voulez vous êtes comme le pouvoir il y’a rien de différence soit vous êtes avec nous soit en vous lynche monsieur abdou j’étais vraiment un fan de vous mais vous êtes tous pareil comme zaitout j’ai pas l’argent pour acheter un micro aides mois

  2. Comment faire confiance a serpent? c’est certainement les mêmes personnes (hirakistes) qu’il a fait arrêter et torturés qu’ils lui on permis de ne pas crever de faim pendant qu’il était taxi clandestin .
    Réchauffez un serpent gelé, c’est vous qu’il piquera le premier.

  3. Parce que vous pensez vraiment que les directives arrivent de ce clampin de service ?
    Bourreau, je ne sais pas, opportuniste certainement.
    Vous auriez voulu qu’il dise non à sa promotion.
    Il est , à l’instar de ceux qui sont nommés aux postes clés du pays, un parfait incompétent mais rien d’autres.
    Chez nous, l’expression «  les mouches en changés d’âne prends tout son sens…