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samedi, avril 20, 2024

De nouvelles usines pétrochimiques, de nouvelles usines d’engrais : Ce dont l’Algérie a le plus besoin pour ne pas vendre à perte ses hydrocarbures

L’Algérie perd de l’argent, beaucoup d’argent, à chaque crise économique ou pétrolière parce qu’elle vend ses hydrocarbures en brut et elle n’a pas développé une industrie de transformation de ces produits pétroliers ou gaziers en produits dérivés industriels qui sont toujours demandés ou recherchés par l’industrie mondiale. 

Malheureusement, au lieu de développer cet axe de la réflexion, les dirigeants algériens continuent de mentir à leur population et débitent sans cesse des mensonges sur l’espoir d’une remontée rapide des prix du baril du pétrole. Il faut savoir que dans le secteur des hydrocarbures, les clauses de contenu local dans les contrats sont la façon dont les dirigeants d’un pays producteur de pétrole ou de gaz peuvent garantir que l’exploitation des ressources naturelles locales ont un effet d’entraînement sur l’économie locale, à travers la création d’emplois et l’augmentation de la participation locale dans la chaîne de valeur que l’industrie apporte.

Depuis le début de cette pandémie mondiale et la crise économique historique qu’elle avait provoqué dans son sillage, plusieurs pays producteurs des hydrocarbures ont entamé des chantiers de réflexion pour tirer les enseignements nécessaires. En Afrique, des pays comme le Nigeria, le Gabon ou la Guinée Equatoriale ont demandé l’assistance des cabinets internationaux pour établir des stratégies de localisation  pour le secteur du pétrole et du gaz afin de développer des industries associées véritablement locales, en particulier au sein de la chaîne d’approvisionnement en gaz naturel.

Comme la Chambre africaine de l’énergie l’a préconisé depuis sa création, les pays africains doivent avoir leurs usines pétrochimiques, des usines d’engrais et des centrales électriques au gaz pour ne pas gaspiller leurs richesses de leur sous-sol uniquement en les vendant en brut aux pays développés. Cette crise provoquée par la pandémie COVID-19 nous apprend l’urgence de se doter d’une économie locale, nationale industrialisée et capable de transformer par elle-même les énergies fossiles en produits industriels.

Dans plusieurs régions sur le continent africain, le commerce intra-africain de gaz naturel et de gaz naturel liquéfié (GNL) a commencé à augmenter de manière significative, en raison de l’urbanisation et du développement rapide à travers le continent qui devrait augmenter la consommation d’énergie sur le continent de plus de 50% avant 2040. Cela accélérera la création de richesses et le renforcement des capacités au-delà des frontières. L’Algérie grand pays gazier ne devrait-elle pas tenter de se positionner dés maintenant sur ces marchés au lieu de subir à chaque fois les aléas de sa dépendance vis-à-vis de l’Europe du sud ?

Une réflexion est plus qu’urgente est nécessaire à ce sujet au plus haut sommet du pouvoir algérien.

En Afrique, certains pays ont tiré des leçons depuis le dernier  krach pétrolier de 2014. Depuis cette époque,  de nombreux pays africains ont cherché à se repositionner pour attirer les investissements dans leurs secteurs énergétiques en introduisant diverses incitations. Ces incitations allaient de l’octroi d’allégements fiscaux aux investisseurs potentiels à la réduction de la bureaucratie affectant le secteur.

Aujourd’hui, la crise provoquée par la pandémie du COVID-19 nous apprend la nécessite d’adopter « la transition énergétique ». Et l’Algérie accuse dans ce domaine, un immense retard !

Et pourtant, L-la question du changement climatique a fini par dominer le débat mondial sur le secteur de l’énergie. Une transition énergétique est nécessaire pour lutter contre les effets des émissions de CO2 à l’échelle planétaire. À bien des égards, plusieurs études internationales notent que la canalisation du gaz naturel pour la production d’électricité et la mise à niveau des infrastructures et des équipements pétroliers et gaziers afin d’améliorer l’efficacité et de réduire l’empreinte carbone de l’industrie contribuent déjà largement à cet objectif. De nouveaux projets d’énergie renouvelable du Kenya à l’Afrique du Sud aideront également à équilibrer la matrice énergétique du continent africain en augmentant ses taux d’électrification pour atteindre tous les Africains dans tous les coins du continent.

L’Algérie ne fait aucun effort pour améliorer sa transition énergétique et ne dispose d’aucun programme sérieux pour développer les énergies renouvelables. Pis encore, son attentisme lui coûte cher puisqu’en tardant d’adapter son outil de production du pétrole et du gaz aux nécessités écologiques, elle assiste à l’augmentation de ses coûts et à la multiplication des problèmes environnementaux qui vont ralentir encore davantage son développement.

Et au moment où l’Algérie dort sur ses lauriers faute de dirigeants visionnaires, stratèges et travailleurs, de nombreuses institutions internationales et étrangères ont déjà commencé à partager leur expertise et leur soutien avec les autres gouvernements africains et de nombreux investisseurs étrangers ont commencé à développer leurs propres projets sur le continent. Les parcs éoliens, les parcs solaires, les forages géothermiques, les centrales hydroélectriques, etc., profitent des ressources disponibles de chaque région. Ces projets peuvent participer d’une manière durable sur le plan économique et à une échelle capable de soutenir la croissance d’une industrie qui assure la création d’emploi rémunérateurs.

En Algérie, rien de cela n’est encore prévu ! Et dire que nous sommes en 2020.

Il est fondamental pour le monde d’après la pandémie du COVID-19 que ces nouvelles technologies et sources d’énergie conviennent aux collectivités qu’elles sont censées desservir. Les préoccupations climatiques ne peuvent pas détourner les discussions sur le contenu local et les stratégies de localisation. Elles doivent aller de pair, faire front commun, sinon nous pourrions à nouveau nous retrouver dépendants de connaissances étrangères pour subvenir à nos besoins énergétiques.

Les programmes d’éducation et les clauses d’emploi sont une étape fondamentale de la transition énergétique et non un aspect secondaire. Les cadres de contenu local axés sur le marché doivent être conçus pour le renforcement des capacités, la création d’emplois et, dans l’ensemble, l’application d’un effet multiplicateur à valeur ajoutée dans nos économies.

Ce débat est désormais plus important que jamais, car l’Algérie a besoin de nouvelles industries et d’une plus grande intégration commerciale. Alors que de plus en plus de nations africaines acquièrent l’expertise pour explorer leurs ressources naturelles pour l’amélioration de leurs économies et de leurs populations, nous les Algériens, nous devons militer pour une plus grande intégration et une coopération plus poussées avec ces pays afin que nous puissions profiter des opportunités du continent africain.  Ces synergies que différentes régions et industries peuvent offrir sont précieuses.

Déjà, nous voyons des exemples de pays pauvres en gaz comme l’Afrique du Sud investir dans des projets de gaz naturel et de GNL dans un Mozambique riche en gaz dans le but de réduire leur déficit énergétique croissant. À mesure que la demande augmente, l’exploration s’accélérera, tout comme l’utilisation des vastes ressources gazières, y compris celles qui continuent d’être gaspillées par le torchage.

Encore une fois, il est fondamental que l’Algérie inspire de ces politiques de développements. Sans de nouvelles politiques industrielles, sans une véritable transition énergétique, l’Algérie gaspillera ses ressources naturelles pour ne subir enfin que des crises économiques répétitives provoquées par les mutations incessantes d’un monde qui change très rapidement sous nos yeux et sous l’indifférence générale de nos dirigeants.

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