18.9 C
Alger
jeudi, mars 28, 2024

De 2011 jusqu’à 2020 : les chiffres qui dévoilent l’explosion du coût de la vie en Algérie

Entre 2011 et 2020, la cherté de la vie est devenue un phénomène social et économique qui a pris des proportions totalement alarmantes en Algérie. Les évolutions du coût de la vie sont illustrées par des « chiffres officiels » qui viennent d’être publiés par l’Office National des Statistiques (ONS), un organisme statistique officiel qui relève du gouvernement algérien. Et ces chiffres « officiels », mêmes s’ils sous-estiment largement la réalité amère de l’explosion de l’inflation dans le pays, témoignent de la profonde aggravation de la cherté de la vie en Algérie de 2011 jusqu’à 2020. Explications.

L’ONS a publié effectivement l’Indice des Prix à la Consommation de la période 2011-2020. C’est un « indice qui a pour objet de mettre en évidence les variations, au cours du temps, des prix payés par les consommateurs pour un ensemble des biens et services achetés dans les magasins, au marché ou à tout autre point de vente », explique à ce sujet l’ONS qui a le statut d’établissement public à caractère administratif.

« Ce type d’indice a une signification bien précise, il mesure l’évolution de prix d’un même « panier » des biens et services jugé représentatif de la consommation des ménages. Plus simplement, il indique combien il faut dépenser en plus (ou en moins) pour consommer la même chose qu’à une période donnée », indique le même organisme gouvernemental.

Et cet indice nous fournit énormément de données qui mesurent l’inquiétante poussée de l’inflation durant ces dix dernières années en Algérie. Ainsi, de 2011 jusqu’à 2020, les prix des produits de large consommation classés dans la catégorie « Alimentation et boissons non alcoolisées » ont augmenté en moyenne de 4 % jusqu’à 5 % par an durant toute cette période. Certaines années, ces produits de consommation ont connu des augmentations vertigineuses dépassant les 10 % comme c’est le cas en 2012 avec une augmentation des prix estimée à une variation moyenne de 12,2 % par rapport à 2011. En 2017, les prix de ces produits alimentaires ont augmenté en moyenne de 5 % par rapport à 2016. C’est  dire enfin que la problématique de la cherté de plus en plus importante des produits alimentaires est ancienne en Algérie et précède de loin les conséquences de la pandémie de la COVID-19.

Les prix de la viande de mouton ont augmenté ainsi durant cette période de 2011-2020 de 4 % jusqu’à 14 % pour atteindre ensuite les 30 % avant de stabiliser chaque année autour de 1 et 2 %. Idem pour les prix de la viande de boeuf dont les prix ont augmenté en moyenne de 4 jusqu’à 15 % durant la même période. La dernière importante augmentation des prix de la viande de boeuf a été constatée en 2019 avec plus de 9,5 % par rapport à 2018. C’est un autre exemple édifiant démontrant que la cherté de la vie n’a aucun lien en Algérie avec les effets désastreux de la pandémie de la COVID-19 puisqu’il s’agit d’un mal socio-économique beaucoup plus ancien dans notre pays.

Les poissons frais ont connu également une augmentation régulière des prix estimée par l’ONS à une moyenne variant de 7 jusqu’à 17 % durant la période de 2011 jusqu’à 2020. Les légumes frais et fruits frais ont connu pendant la même période une instabilité chronique au niveau des prix avec des augmentations illustrée par une moyenne de 7 jusqu’à 11 %.

Le lait, fromages et dérivés ont connu des augmentations de prix d’une moyenne variant de 3 jusqu’à 6,6 % entre 2011 et 2020. Les boissons non-alcoolisés ont subi des augmentations estimées en moyenne de 5 jusqu’à 14 % durant la période étudiée par l’ONS.

Bref, toutes les catégories des produits alimentaires ont connu des augmentations conséquentes de leurs prix. Et cette inflation galopante a touché de nombreux autres produits de large consommation car elle ne s’est pas limitée uniquement aux produits alimentaires.

Par exemple, le groupe des produits liés à l’Habillement Chaussures a enregistré une hausse des prix de 5,9% en 2020 par rapport à 2019 qui s’est caractérisée par un taux plus élevé (+6,6%). Tous les produits relevant de ce groupe ont plus ou moins contribué à cette tendance. Certains produits affichent tout de même une légère décélération du rythme de hausse entre 2019 et 2020. Ainsi, la variation des prix passe, respectivement, de +4,0% à +2,9% pour l’habillement hommes et de +9,1% à +5,6% pour l’habillement enfants. Même constat pour les tissus coutures et les chaussures enfants et bébés. Par ailleurs, des augmentations assez importantes caractérisent, notamment, les chaussures hommes (+6,9%), les chaussures femmes (+6,8%) et les chaussures enfants et bébés (+12,8%).

Le même constat est à dresser au niveau des Meubles et articles d’ameublement qui ont enregistré une hausse des prix de 4,0% en 2020 par apport à 2019 qui s’est caractérisée par une variation des prix +5,0%. L’ensemble de meuble complet accuse une hausse de 4,3%, soit un taux moins important que ceux enregistrés au cours des deux années antérieures (+5,6%). Même constat pour les mobiliers séparés dont la variation passe de +4,3% en 2019 à +2,8% en 2020. De même, les ustensiles de cuisine en métal enregistrent une hausse de 6,6% en 2020 par rapport à 2019 qui a connu un taux de +9,2%.

Ces chiffres témoignent enfin de l’aggravation de la cherté de la vie en Algérie qui s’explique aussi par la stagnation des salaires des Algériens face à ces augmentations conséquentes de tous les produits de consommation. Les légères évolutions des salaires dans certains secteurs n’ont jamais été à la hauteur des augmentations vertigineuses des produits de large consommation. En plus, les dévaluations successives de la monnaie algérienne ont atténué totalement les effets de toutes les augmentations salariales décidées dans le pays entre 2011 et 2020. C’est pour cette raison que le pouvoir d’achat des consommateurs algériens n’a pas cessé de chuter d’une année à une autre.

Le revenu salarial net moyen mensuel de l’ensemble des salariés algériens, tous secteurs juridiques confondus, s’élevait en 2011 à 29 507 DA par mois. Il était de 36 084 DA dans le secteur public et 22 872 DA dans le privé. A partir de 2018, le salaire net mensuel moyen en Algérie (hors Agriculture et Administration) avait été estimé par l’ONS à 41.000 DA. C’est en théorie, ce salaire moyen a évolué de 30 à 40 %, dans la pratique, ces évolutions ont été cassées par la chute de la valeur du dinar qui a perdu plus de 55,6 % de sa valeur face à l’euro et plus de 86,6 % face au dollar américain durant ces 10 dernières années. Et comme l’Algérie est entièrement dépendante de ses importations pour sa consommation, et de ses exportations en devises pour son fonctionnement socio-économique, la dégringolade de la valeur du dinar algérien a rendu totalement insignifiante l’évolution des salaires.

 

dernières nouvelles
Actualités