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samedi, avril 20, 2024

Crise financière : comment tout a commencé depuis 2019 en Algérie

La crise financière et économique qui étouffe actuellement l’Algérie n’a pas commencé depuis la pandémie de la COVID-19 comme le laissent croire certains dirigeants algériens. Non, cette crise a commencé a bel et bien avant car le pays avait affiché les signes d’un effondrement économique à partir de 2019. Explications.

Hier jeudi 24 mars, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya avait rencontré les membres de la commission des Affaires économiques et financières au Conseil de la nation pour aborder les contours du projet de loi portant règlement budgétaire de l’exercice 2019.

Il faut savoir à ce propos que la loi de règlement budgétaire est une loi qui a pour objectif d’évaluer la réalisation de loi de finance initiale et la loi de finance complémentaire en fournissant des données financières par lesquelles l’Etat appuie une démarche de contrôle des deniers publics. Partant de ce principe, lors des débats ayant ponctué cette rencontre, Raouya a révélé de nombreuses données qui témoignent de l’extrême fragilité de la situation financière et économique du pays depuis 2019. Et c’est cette fragilité qui a donné réellement naissance à la crise financière que subit maintenant de plein fouet l’Algérie.

En 2019, le déficit budgétaire enregistré par l’Algérie (y compris les dépenses imprévues) avait atteint 1457 milliard Da, soit 7,13% du PIB, tandis que les recettes budgétaires étaient de l’ordre de 6594,65 milliards Da, soit +2,96% par rapport à 2018 (6405,24 Da). Cela signifie que déjà en 2019, l’Algérie souffrait d’un déficit budgétaire de l’équivalent de plus de 10 milliards de dollars USD. Ce qui est un signe avant-coureur d’une très mauvaise situation financière qui pourrait déséquilibrer le pays et impacter sa capacité à gérer les défis soulevés par des situations périlleuses.

L’Etat algérien était conscient de sa fragilité puisqu’il avait tenté dés 2019 de baisser ses dépenses pour réduire son train de vie. Les dépenses budgétaires globales de l’Etat avaient atteint 8035,06 milliards de DA, en baisse de 406 milliards de DA par rapport à 2018 (8441,60 milliards de DA). Ces dépenses étaient réparties sur le budget de fonctionnement à hauteur de 59% contre 41% pour le budget d’équipement. Il s’avère que cet effort n’a pas payé puisque les équilibres financiers du pays ont été rompus dés l’année 2019.

Pour preuve, la dette publique s’est élevé, à la fin 2019, à 9320,2 mds DA, à savoir l’équivalent de 65,4 milliards de dollars USD. C’est un montant tout simplement affolant et hallucinant qui traduit l’inefficacité de la gouvernance des finances publiques en Algérie face à l’aggravation continue des dépenses sans une croissance économique satisfaisante du pays. Il faut savoir à ce sujet  que la dette publique correspond à l’ensemble des emprunts publics contractés par l’État, la Sécurité sociale, les organismes divers d’administration centrale (ODAC) et les collectivités territoriales. Les déficits budgétaires et les investissements publics sans aucune garantie de rentabilité sont les causes principales de cette dette publique. Il y a déficits quand les dépenses, permises par les emprunts, sont supérieures aux recettes. Si les emprunts s’accumulent, la dette gonfle. Cela signifie que l’Algérie n’arrive pas à gagner de l’argent nécessaire à maintenir son train de vie et assurer la couverture des besoins de son développement.

Il est à noter, par ailleurs, que le taux de croissance économique du en 2019 s’est établi à 0,8%, contre 1,2% en 2018 (soit -0,4 point). Le PIB en 2018, à savoir la richesse annuelle créée par le pays,  était de 20428,4 mds DA, soit l’équivalent de 143 milliards de dollars USD,   et le PIB hors hydrocarbures réalisé en 2019 a atteint 16438 mds DA, contre 17406,7 mds DA prévus dans la loi de finances pour la même année, en plus de 15903,6 mds DA réalisés en 2018. Cela signifie que sans ses hydrocarbures, le PIB de l’Algérie est d’à peine 115 milliards de dollars USD ! L’Algérie serait ainsi aussi pauvre que le Maroc ou l’Ethiopie.

Toutes ces données démontrent enfin que l’année 2019 est réellement une année charnière pour l’Algérie. Le début de la crise politique avec le 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflik, le Hirak et la répression massive qui s’en est suivie a déstabilisé totalement l’Algérie lui causant ainsi son appauvrissement et le début de son effondrement économique.  La pandémie de la COVID-19 a uniquement accéléré cette crise financière qui avait déjà commencé… en 2019.

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