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jeudi, mars 28, 2024

Crise avec la France, guerre froide avec le Maroc, tensions aux frontières : le régime algérien de plus en plus isolé sur la scène internationale

Le régime algérien entretient une dangereuse stratégie de la tension qui isole plus que jamais l’Algérie sur la scène internationale. Force, en effet, est de constater que depuis la chute de Bouteflika le 2 avril 2019, la diplomatie algérienne est brinquebalante et l’Algérie collectionne les conflits les uns après les autres aggravant ainsi le risque de se retrouver prisonnière d’une situation tendue qui pourrait menacer, par la suite, sa propre stabilité. 

Avec le Maroc, la guerre froide a pris une dimension encore plus inquiétante et dramatique depuis l’accession d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir. Depuis plusieurs semaines, Alger et Rabat s’échangent des déclarations très hostiles, des accusations gravissimes et chaque partie actionne ses médias de propagande pour actionner des campagnes de dénigrement d’une violence inouïe. Dés son arrivée au pouvoir, Tebboune a fait du Maroc son parfait « bouc émissaire » pour inventer la figure de l’ennemi extérieur qui menace l’Algérie et les Algériens.

Une figure symbolique dont le régime algérien a cruellement besoin pour détourner l’attention sur les problèmes internes du pays dont il peine à leur trouver des solutions. Au Maroc, cette nouvelle guerre froide donne une opportunité en or aux radicaux marocains et anti-algériens partisans d’une éternelle querelle avec l’Algérie.

Les deux grands pays du Maghreb s’entre-déchirent au moment où la Libye voisine se transforment en un champ de bataille opposant plusieurs puissances mondiales comme la Russie, la Turquie ou la France. Des puissances qui sont prêtes à semer la terreur en Afrique du Nord et au Maghreb pour préserver leurs intérêts et appliquer leurs agendas.

Au lieu de s’unir pour faire front commun et protéger la stabilité régionale, condition sine qua non pour leur propre sécurité nationale, l’Algérie et le Maroc s’enfoncent dans la guerre fratricide psychologique. Quelle intelligence ! Quelle prévoyance !

En parallèle, l’Algérie de Tebboune se lance en croisade contre la France à cause des « documentaires » et « émissions » diffusés par ses chaînes de télévision. Pour la première fois, l’Algérie rappelle son ambassadeur et menace, indirectement, de geler ses relations diplomatiques. Rien que cela ! Exposée aux dangers d’une véritable faillite financière à cause de la paralysie économique provoquée par la pandémie du COVID-19, l’Algérie de Tebboune trouve le temps nécessaire pour se disputer avec la deuxième puissance européenne après l’Allemagne. Quelle intelligence tactique.

La France abrite tout de même le siège du club de Paris, ce groupe informel de créanciers publics qui trouvent des financements aux pays en crise financière. Demain, l’Algérie, après avoir épuisé ses réserves de change, devra s’endetter. Et qui va prêter de l’argent à un pays qui se dispute régulièrement avec ses voisins ou les puissances régionales ? En rappelant son ambassadeur à Alger, le régime algérien prend l’immense risque de déserter le champ diplomatique à Paris laissant ainsi la chance à ses adversaires de nuire à ses intérêts.

Et les intérêts de l’Algérie en France sont tout simplement stratégiques. Un communauté de plus de 2 millions de résidents, sans compter le nombre impressionnant des franco-algériens et les français d’origine algérienne, représentant une capacité potentielle de transfert de 2 milliards d’euros vers notre pays, des réseaux commerciaux importants car la France représente le deuxième client des importations algériennes à l’étranger après l’Italie, bref, la France constitue un enjeu stratégique majeur pour l’Algérie. Chaque dirigeant algérien est conscient de cette réalité depuis de longues années.

Mais depuis la prise de pouvoir par Gaid Salah et l’accession de Tebboune au Palais Présidentiel, il semble que la boussole de la diplomatie algérienne est totalement en panne.

Toujours en Europe, l’Algérie entretient depuis plusieurs semaines des relations empoisonnées avec l’Espagne, son premier client en matière d’exportation du gaz naturel. Depuis le début du mois de janvier passé, l’Espagne tente de faire raisonner l’Algérie en renégociant les prix des contrats gaziers qui lient les deux pays à la lumière de la chute des prix du gaz nature sur le marché mondial. L’Algérie a refusé catégoriquement et fermé toutes les portes de manière inamicale. L’Espagne a pris acte en s’orientant vers le gaz de schiste américain causant ainsi des pertes considérables à Sonatrach. Celle-ci sera, d’ailleurs, poursuivie en arbitrage international par de grosses sociétés espagnoles dont Naturgy Energy GROUP.

La diplomatie algérienne n’a pas bougé le petit dans ce dossier et observe la chute de nos revenus en devises sans réagir avec intelligence. Une véritable bêtise.

Enfin, à toutes ces tensions internationales, l’Algérie doit gérer les risques sécuritaires à ses frontières. En Libye, un pays voisin avec lequel nous partageons plus de 980 Km de frontières, la diplomatie algérienne est larguée. La Turquie, la Russie, les Emirats ou l’Egypte font ce qu’ils veulent et concrétisent leurs agendas sans tenir compte des retombées directes sur l’Algérie.

Alger, naguère véritable capitale diplomatique africaine, est aujourd’hui reléguée au second rang, voire totalement ignorée et moquée par des puissances régionales qui risquent de transformer la Libye en un véritable bourbier. L’isolement international de l’Algérie risque de nous coûter cher, très cher dans un futur très proche.

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