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vendredi, avril 19, 2024

COVID-19 et crise économique ou financière : ce que Tebboune et ses ministres auraient dû décider

Un nombre très important d’entreprises algériennes risquent la faillite ou la disparition pure et simple à cause de l’impact de la pandémie du COVID-19 qui paralyse le pays, comme plus au moins le monde entier, depuis la fin du mois de mars dernier. Sans des mesures concrètes d’accompagnement sérieux, des milliers, voire des millions d’emplois en Algérie sont menacés.

Comme partout dans le monde entier, les mesures sanitaires ont des conséquences directes sur toutes nos entreprises : TPEs, PMEs, PMIs, grands groupes… L’ impact sur le secteur privé et sur l’ emploi est énorme et à prévenir. Dans ce contexte, le gouvernement algérien ne doit pas ignorer que lutte contre le virus a une dimension économique au regard de ses conséquences directes sur l’économie nationale. A cet effet, hier lors de la réunion du Conseil des ministres organisée à Alger sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, il aurait fallu adopter des mesures concrètes pour garantir la survie de l’économie nationale. Que fallait-il décider réellement ?

Sur le plan de la situation économique 

  1. Renforcer le sentiment d’appartenance et de solidarité nationale des populations citoyennes et leur adresser différents messages pour les mobiliser autour des principales valeurs qui nous unissent ;
  2. Définir cette crise comme un cas de force majeure qui permettra aux entreprises de mettre en place les mesures appropriées de gestion. En effet, cette crise sans précédent revêt les caractéristiques définissant un cas de force majeure, à savoir : le caractère extérieur de « l’évènement qui doit échapper au contrôle de la partie qui ne peut plus exécuter ses obligations », le caractère irrésistible de l’évènement « qui ne peut être évité » malgré les efforts fournis pour arriver à l’exécution des obligations du contrat, le caractère imprévisible de l’évènement ;
  3. Clarifier très rapidement les mécanismes et les procédures opérationnelles de soutien aux familles et aux entreprises afin d’anticiper sur les flux de demandes et de mieux organiser la riposte ;

Sur le plan des prévisions à court, moyen et long terme

  1. Établir différents scénarios de crise en identifiant toutes les possibilités et leurs conséquences afin d’anticiper au mieux les actions à mener de manière coordonnée par les différentes structures de l’État. Il pourrait être envisagé au moins trois scénarios en fonction de la durée de la crise : courte (1 mois et demi), longue (3 mois), très longue (plus de 3 mois) ;
  2. Anticiper la reprise économique et les schémas de sortie de crise afin d’être correctement préparés à toutes éventualités en tant qu’État souverain ;
  1. Envisager d’élaborer rapidement une Loi de Finances rectificative en fonction des différentes prévisions ;

–      Sur le plan du soutien financier aux entreprises

7.  Apurer la dette intérieure de l’État vis-à-vis des entreprises afin de favoriser la circulation des flux financiers et le renflouement de la trésorerie des entreprises;

8. Accorder une garantie de l’État aux banques commerciales pour l’assouplissement des conditions d’octroi de crédit en mobilisant notamment les lignes au profit des entreprises algériennes qui ont besoin de liquidités pour redémarrer leurs activités.

9. Prévoir la création en toute urgence d’un Fonds de solidarité Covid#19, dans le cadre de la lutte contre les conséquences économiques de la pandémie Covid#19, l’allocation de fonds de soutien pour les entreprises existantes via le financement de leur besoin en fonds de roulement sur une fourchette allant de 10 million de Da jusqu’à 15 milliards de DA  par entreprise ;

10. Mobiliser les expertises requises pour un accompagnement approprié des entreprises notamment pour les demandes de report de charges fiscales et sociales ainsi que de l’accompagnement financier et la prévision d’exploitation et de trésorerie afin de traverser plus sereinement cette période de crise ;

11. S’assurer en collaboration avec les sociétés concernées de la continuité absolue des services de base : eau, électricité, banques, commerces pour le ravitaillement des populations et notamment téléphone et internet pour assurer un service de qualité et une bande passante suffisante pour permettre le télétravail ;

12. Sécuriser tous les processus d’approvisionnement du pays et mettre en place assez de stocks de sécurité pour tenir sur les 6 prochains mois ;

  1. Favoriser le consommer local et renforcer les capacités de production à cycle court avec un meilleur encadrement des producteurs locaux, notamment ceux pouvant contribuer directement à la production de produits « made in Algérie » qui contribueront à lutter contre le COVID#19. Ces produits pourraient comprendre des fournitures et de l’équipement essentiels à la santé et à la sécurité tels que des équipements de protection individuelle, des produits désinfectants, des produits facilitant les diagnostics et les tests.

Ces 13 mesures concrètes pourraient contribuer très significativement à amortir le choc de la crise économique liée au COVID-19. Malheureusement, le gouvernement algérien perd encore un temps précieux pour agir alors que les pertes financières pour le pays sont considérables et immenses. Et si cet immobilisme dure encore dans le temps, le pays ne sera pas à l’abri d’un cataclysme majeur.

 

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