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vendredi, avril 19, 2024

Coupures et pannes d’Internet : comment Brahim Boumzar a menti encore une fois aux Algériens

Depuis plusieurs jours, de fortes perturbations de la connexion Internet ont martyrisé les utilisateurs et usagers algériens. Et ces perturbations vont s’aggraver aujourd’hui 6 janvier 2021 à cause d’une opération de maintenance de quelques jours sur le câble sous-marin SeaWeMe4, la principale source du trafic internet en Algérie. Comme il a été expliqué par Algérie Part dans sa précédente publication sur ce sujet, la durée de ces travaux de maintenance sera beaucoup plus longue et leurs conséquences sur le trafic internet seront beaucoup plus préjudiciables que prévu. Explications. 

Pour compenser les pertes du trafic d’internet causées par l’arrêt momentané du câble sous-marin SeaWeMe4, Brahim Boumzar, Ministre de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique, a expliqué aux Algériens que le câble ORVAL / ALVAL, qui relie les villes d’Oran et Alger à Valence en Espagne, est entrée officiellement en service. Le même ministre a expliqué que le câble est entré en service le 31 décembre, après avoir enregistré un retard dû à des raisons techniques.

Le même ministre a promis que  « nous allons augmenter la capacité du câble sous-marin à fibre optique ORVAL/ALVAL » pour permettre aux internautes algériens de continuer à se connecter le plus normalement du monde en l’absence de la bande passante fournie par le câble sous-marin SeaWeMe4. Or, il s’avère que cette annonce est un pur mensonge, a constaté Algérie Part au cours de ses investigations.

En vérité, Algérie Télécom n’a pas activé la mise en service opérationnelle d’ORVAL. Elle a conclu un accord avec un opérateur européen qui dispose en Espagne de capacités nécessaires de vendre de la bande passante à des clients étrangers. Algérie Télécom a passé ainsi une commande auprès de cet opérateur afin de louer à peine 200Gbps de capacité en bande passante. Cet opérateur européen a utilisé ensuite ses propres fibres pour les relier au câble ORVAL. Or, 200 Gbps est une très faible capacité qui ne peut pas compenser les 700Gbps que fournit le câble sous-marin SeaWeMe4 et qui est inopérationnel en raison des travaux de maintenance.

Mais pourquoi Algérie Télécom n’a pas loué une capacité de bande passante équivalente aux 700Gbps dont a été privé le trafic internet national ? En réalité, les équipements d’extrémité du câble ORVAL ne sont pas adaptés pour supporter le transfert d’une capacité en bande passante dépassant les 200Gbps. Les équipements du câble sous-marin ORVAL sont devenus vieillots et inadaptés aux nouvelles technologies utilisées pour le transfert des données sécurisées via les câbles sous-marins. C’est la vérité que Brahim Boumzar ne veut pas dire aux Algériennes et Algériens.

Le câble Orval est devenu dépassé parce qu’il est la composante d’un plan mis en place par l’Algérie en 2003 pour renforcer et sécuriser ses moyens de communication nationaux et internationaux en cas de catastrophes naturelles comme un tremblement de terre. Long de plus de 560 km, le nouveau système de câble sous-marin est doté d’une capacité minimale de seulement 100 Gbps. Il a été conçu et fabriqué par l’équipementier télécoms Alcatel-Lucent (contrat de + de 36 MEUR). Son déploiement en mer était confié à la société IT Marine. Il porte les ambitions d’extension d’Algérie Telecom à l’international. L’opérateur historique a d’ailleurs ouvert, le 9 avril 2016, une filiale européenne, Algérie Telecom Europe, installée à Madrid en Espagne, qui se chargera de la gestion des capacités data du câble Orval. L’objectif d’Algérie Télécom était d’utiliser cette filiale pour relier directement l’ORVAL à un centre de transit international basé en Europe afin d’ensuite transférer une bande passante pour une nouvelle source de trafic internet vers l’Algérie.

Or, ce projet n’a pas été encore achevé car des travaux terrestres pour connecter les stations d’atterrissement de l’ORVAL au centre de transit ou les points d’arrivées de gros opérateurs transcontinentaux n’ont pas été encore été achevés. De ce fait, les licences opérateurs n’ont pas été encore délivrées à Algérie Télécom par les autorités espagnoles. Par conséquent, le câble ORVAL ne peut pas être fonctionnel comme il était prévu initialement lors de son lancement.

Soulignons enfin que le câble ORVAL n’a pas été dimensionné pour subvenir aux besoins de la consommation national en trafic internet car il avait lancé bien avant la généralisation de la 3G et 4G en Algérie. Aujourd’hui, 83 % de l’internet en Algérie est utilisé par le biais la 3 G et 4 G. Dans ces conditions, les capacités de l’ORVAL n’ont pas été dimensionnées pour répondre au besoin de la consommation nationale en internet. Les premiers équipements d’extrémité installés pour ce câble ont été conçus pour supporter le transfert d’une bande passante variant de 100 à 200 Gbps avec une capacité maximale de 400 Gbps. Aujourd’hui, Algérie Télécom devra investir sur de nouveaux équipements d’extrémité pour pouvoir importer une bande passante équivalente à 700Gbps. Malheureux, dans le contexte actuel, ORVAL ne pourra pas soulager l’Algérie qui continue de souffrir des coupures intempestives du réseau internet. Avec ces fausses annonces, Brahim Boumzar est uniquement en train de berner les Algériens dans le seul d’espoir de faire bonne figure auprès des décideurs du régime.

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