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vendredi, avril 19, 2024

Contribution. « YETNHAW GA3  » ne suffit plus…

Le problème de légitimité du pouvoir en Algérie est un sempiternel casse-tête chinois, à ne pas en douter, il n’est pas le seul problème, les couches de strates sont multiples, et les solutions tardent à venir baignant dans le néant, et l’inactivité de la matrice centrale de la conscience collective à défendre ses droits.

Mais lesquels ? Sinon ceux à conquérir et à arracher de haute lutte, avec l’obligation d’un seul devoir qui est celui de bâtir une nouvelle république aux soubassements assez solide pour porter nos aspirations.

Avons-nous les moyens de nos espoirs ? Avons-nous les coudées franches pour nous réaliser comme individu et peuple ?

Et surtout pouvons-nous dégager des personnalités comme à la dernière révolution à l’image de Ferhat Abbas ou d’Abane Ramdane ??

Et enfin, sommes-nous prêts à assumer la métamorphose par un saut qualitatif, mettant en avant des personnalités dignes, et des intellectuels à la probité immaculée?

Cette société civile dans une condition Sine qua non devrait faire office de vivier salutaire pour le devenir de la nation tout en s’alimentant d’un océan de potentiel qui s’offre à elle comme une panacée aux maux trop nombreux de cette dernière.

Sans doute que l’Histoire à ses caprices, et le devoir de mémoire nous a condamnés à plus de vigilance dans des moments aussi troubles.

Le contexte impose de la rigueur, de la moralité dans le sens de la synthèse expérimentale, qui fera de nous des citoyens qui apprennent de leur malheur, car du sang mouille encore le sol, de ces milliers de valeureux et d’innocents qui sont morts pour la liberté et pour un idéal démocratique. L’odeur résiduelle de ce sang appelle à ce que le sacrifice ne soit pas vain.

Cette dernière nous habite jusque dans nos fibres les plus profondes alors que des louanges viennent rendre hommage aux fanatiques religieux tous les jours dans une amnésie du crime, mêlée à l’angoisse du flottement institutionnel actuel.

L’ heure est grave et appelle à la prudence mais sans tomber dans l’apathie et l’indolence car la résignation et le défaitisme peuvent entraver le cheminement logique de la réflexion rationnelle propre à l’Homme, mais l’incompréhension et la prostration ne peuvent justifier éternellement un conditionnement néfaste pour l’épanouissement de cette jeunesse qui demande à vivre son temps dans la quête légitime du bonheur, et qui n’a que trop souffert de l’oppression et de la dépersonnalisation orchestrée par les vils personnages nichés tout en haut de ce trône qui vacille de jour en jour.

Dans l’idée de la liberté de chaque peuple à prendre son destin en main et à choisir ses représentants en toute transparence, il nous faudra accepter la multitude de sensibilités dans un pays aussi riche et varié par sa composante humaine, linguistique, et culturelle dans un impératif démocratique d’abord, et dans un questionnement existentiel du devenir pour ce même peuple qui n’a pas panser ses blessures, et soigner ses plaies, et à qui on a imposé l’omission dans un monde soumis aux lois de la vitesse et de la globalisation dévorante et destructrice, en mettant à rude épreuve tous les schémas traditionnels de la société conservatrice telle que la nôtre.

Inévitablement, il arrivera le jour et plus tôt qu’on ose le penser, à se redéfinir dans un échiquier politique et dans un contexte politique et idéologique via une perspective de convergences de luttes et de projet commun pouvant unir les tendances, déterminer les priorités, établir le socle et constituer le noyau dur de ce changement tant attendu, pour enfin renouer avec la machine politique enrayée depuis la décennie noire.

Cette abstraction faite de doute et d’espoir dans le sens de l’oxymoron et du paradoxe de notre société ne ressemble à aucune autre, de ce cas de figure spécifique de cette jeune nation algérienne liée à sa terre et à son histoire millénaire.

Il ne fait aucun doute de la renaissance de cet Etat au destin souvent contrarié que l’heure de sa résilience ait sonné.

Ce n’est ni de la naïveté exagérée et encore moins d’un enthousiasme béat.

Même si notre Histoire nous apprend par moment, qu’il y’a prospérité au vice et du malheur à la vertu, il n’en reste pas moins que rien n’est figé devant la marche d’un peuple et son destin.

Ce dernier bien que malmené par les vagues successives d’impostures institutionnelles, d’embrigadement psychologique avec un arrière fond économique et social des plus désastreux, ne laissait rien prévoir en terme de visibilité jusqu’à maintenant.

Je suis tenté de répondre par l’affirmative pour les premiers questionnements car toutes générations apporte du sang neuf, indéniablement dans un atavisme qui favorise la continuité dans une temporalité générationnelle, mais pas que, car il faut croire que la nature est bien faite à bien des égards, mais n’offre que de la matière physique et ne s’attarde pas sur le confort de notre société moderne ou les détails de la justice et de la démocratie.

Et c’est justement là que l’acquis supplante l’inné pour établir une véritable feuille de route s’assurant l’hégémonie de l’intelligence au service de la notion de l’Etat.

L’expérience primordiale de ces 30 dernières années, qui au regard du monde entier était un supplice et une torture pour des millions d’algériens subissant les humiliations, les privations, l’exil et la mort ou pire encore l’indifférence à notre destin national sera considéré comme un leitmotiv et un levier de changement qui va redéfinir un futur plus prometteur.

Il est certain que les sacrifices de nos illustres aînés ne seront pas vains par la volonté de tous et par l’engagement incessant et répété de tout un peuple dans le but ultime à réussir cette transition démocratique coûte que coûte.

La clé qui permettra de s’élever pour vivre notre citoyenneté ne se trouve pas dans les livres, ou du moins revêt une posture théorique et non moins effective à condition que la conviction s’exprime sur tous les terrains des causes justes et de l’intérêt général.

Elle est dans le génie populaire, dans la rue, dans le recouvrement des espaces publics et de l’appétence aux débats houleux et contradictoires par moments, mais combien importants à forger les consciences et ouvrir les yeux sur le chemin parcouru et de ce qui reste à parcourir.

Le plus important et le plus dur est souvent de commencer un projet tout en jurant sur l’honneur de faire de son mieux comme l’ont fait nos aînés, de suivre le même sillage ou d’en créer de nouveaux pour toucher du doigt l’âme du peuple, car vivre en harmonie dans ce pays n’a pas de prix.

Mais avant ce réconfort, il faudra développer notre côté organisationnel et avoir de l’instinct politique.

Il est vrai que le corporatisme traditionnel, le tissu associatif et les partis politiques d’opposition sont atrophiés, mais par la volonté du nombre et la souveraineté de ce peuple, un leadership s’impose pour orienter les forces vives, consolider les acquis déjà nombreux, et répondre par la positive aux revendications populaires à éradiquer le mal à la racine.

« YETNHAW GA3 » est un slogan des plus légitimes, mais il n’est guère interdit de structurer sous le regard bienveillants des algériennes et des algériens, en commençant par libérer tous les détenus politiques, première condition tracée par la voie de la souveraineté populaire.

Ainsi, envisager et penser une constituante à l’échelle de tout le pays, instaurer des préalables démocratiques pour préparer le champ politique, faire la promotion et la pédagogie de la démocratie participative et traiter l’urgence de régénérer les forces politiques, les syndicats des travailleurs et les comités étudiants sont une priorité absolue.

 

Arriver à s’enraciner de telle sorte dans la société civile, c’est enterrer l’islam politique et la junte militaire et couper le bras séculier de la mafia politico-financière.

Le futur Abane est parmi nous, il nous suffit de le trouver pour mener à bien les aspirations de changement et dans la captation de cet engouement à bâtir un Etat de droit.

Engagez- vous en politique il en va de votre quotidien et de l’avenir de vos enfants.

Vive l’Algérie ! Le combat continue !

Par Mohamed Ghemmour

 

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