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samedi, avril 20, 2024

Confidentiel. La Sonatrach va réduire la production du GNL de presque 30 % pour honorer ses nouveaux engagements avec l’Italie

Prise de panique à cause de la faiblesse de la production nationale du gaz naturel qui la pénalise ainsi dans la concrétisation de ses nouveaux engagements gaziers négociés au mois d’avril 2022 et conclus définitivement avec l’Italie depuis le mois de juillet 2022, la direction générale a décidé de réduire discrètement la production du gaz naturel liquéfié (GNL) de près de 30 % afin de consacrer les plus gros volumes de gaz naturel à l’exportation vers le marché italien, a pu confirmer Algérie Part au cours de ses investigations. 

Les 6 complexes de production de GNL dont dispose l’Algérie à Skikda et Arzew ont commencé leur approvisionnement en gaz naturel diminué progressivement pour permettre à Sonatrach d’injecter les volumes récupérés dans le gazoduc Transmed qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, a-t-on encore pu confirmer au cours de nos investigations. Le seuil de cette diminution fixé discrètement par la Direction Générale de Sonatrach est de 30 %. C’est de cette manière que les hauts responsables de la compagnie nationale des hydrocarbures ont pu récupérer jusqu’à maintenant près de 2 milliards de M3 pour pouvoir exporter ensuite cette quantité vers l’Italie.

Cette réduction de la production du GNL est l’une des options identifiées par la direction générale de Sonatrach pour pouvoir livrer d’ici la fin de l’année 2022 3,6 milliards de mètres cubes de gaz naturel à l’Italie alors que l’engagement initial de Sonatrach au profit de son client le géant italien ENI portait sur une livraison minimale de 4 milliards de M3.

Il est à signaler que cette option de réduction de la production de GNL provoque une énorme polémique au sein des cadres dirigeants de Sonatrach en raison de son impact très négatif sur les revenus en devises des exportations des hydrocarbures du pays.

Et pour cause, le GNL est nettement plus prisé et plus recherché sur les marchés mondiaux que le gaz naturel traditionnel. Sur les marchés européens, le prix du GNL a dépassé récemment les 70 $/MMBtu alors qu’actuellement ces prix tournent autour d’une moyenne de 43 $/MMBtu

Privée, ou presque, de gaz russe, l’Europe achète à prix fort du gaz naturel liquéfié, jusque-là réservé aux pays d’Asie. Mais entre aléas météo, déséquilibre de l’offre et incertitudes liées à la reprise chinoise, la compétition s’intensifie et plusieurs hivers tendus s’annoncent. Au premier semestre 2022, les importations ont augmenté de 5 % au niveau mondial et de 53 % en Europe, selon le Groupe international des importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL).

Les pays européens, des clients traditionnels de l’Algérie, consomment fortement en ce moment le GNL et le 14 écembre 2021, le tarif du GNL européen excédait pour la première fois celui de la zone asiatique. Un phénomène rare lié à une nouvelle contraction de l’offre en Europe malgré l’approche du pic hivernal. Durant cette période, le prix spot du GNL en Europe avait atteint le prix record de 41,946 $/MMBtu ($12,3/MWh). Au même moment, le tarif moyen du GNL en Asie du Nord-Est s’élevait à 39,021 $/MMBtu ($11,4/MWh). Un phénomène inhabituel sachant que l’Asie dépend beaucoup plus des importations que l’Europe.

L’Algérie est donc énormément perdante en réduisant sa production du GNL. La manœuvre de la direction générale de Sonatrach est préjudiciable aux intérêts économiques de notre pays.

Signalons enfin que les exportations du GNL rapportent à l’Algérie de 3,1 jusqu’à 3,7 milliards de dollars USD par an. Depuis 2020, ces revenus ont baissé à 2,4 milliards de dollars USD et l’Algérie peine encore à retrouver des revenus conséquents depuis 2021 en raison des négligences inquiétantes de la direction générale de Sonatrach qui délaisse dangereusement le GNL alors que c’est le gaz qui rapporte en ce moment le plus d’argent aux pays productions d’énergie.

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