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vendredi, avril 19, 2024

Exclusif. Ce rapport sécuritaire bidon qui est à l’origine de tous les malheurs de Khaled Drarei

Ce mardi 15 septembre, la Cour d’Alger a confirmé officiellement que le journaliste Khaled Drareni fait l’objet d’un véritable acharnement judiciaire qui n’a aucune relation avec le droit. Khaled Drareni a été condamné, lors de son procès en appel,  à une peine de deux années de prison ferme pour « atteinte à l’unité nationale » et « incitation à un rassemblement non armé ». 

Il avait été condamné en première instance à trois ans de prison ferme le 10 août dernier. Cette sentence, inédite par sa brutalité, est la deuxième plus lourde infligée à un journaliste depuis l’émergence d’une presse indépendante en 1989 en Algérie. Le verdict a surpris et choqué journalistes, avocats et ONG, en Algérie et au-delà. Mais qu’est-ce qui explique cet acharnement inédit ?

En vérité, Khaled Drareni est victime d’un rapport sécuritaire bidon. Un rapport établi et adressé par la Direction générale de la sécurité Intérieure (DGSI), l’une des principales branches des services secrets algériens,  à la présidence de la République.  Ce rapport a été établi au cours de la deuxième semaine du mois de mars. De quoi s’agit-il réellement ? La DGSI a affirmé dans son rapport que Khaled Drareni entretient des liens suspects et illicites avec des responsables de l’ambassade de France à Alger. A cette époque-là, la DGSI était dirigée par le fameux… général Wassini Bouazza, le maestro des intrigues du régime algérien. Ce dernier en voulait particulièrement à Khaled Drareni. Pourquoi ? Nous y reviendrons à la fin de l’article.

Dans son rapport, la DGSI a noté diverses rencontres organisées par Khaled Drareni avec des hauts commis de l’ambassade de France à Alger. Et la DGSI est allée jusqu’à affirmer qu’elle détient des enregistrements prouvant « la proximité dangereuse » de Khaled Drareni avec des diplomates français. Le rapport est accablant et collectionne les graves accusations. A entendre la DGSI, Khaled Drareni est un « pur espion à la solde de la France ». Le rapport parvient à la Présidence de la République et un résumé a été remis à Tebboune par le secrétaire général du palais présidentiel d’El-Mouradia, Mohamed Amine Messaid.

A l’époque, Tebboune ne faisait pas confiance aux services de Wassini Bouazza et le locataire d’El-Mouradia voulait à tout prix « neutraliser » ce général qui avait saboté sa campagne électorale pour introniser un certain… Azzedine Mihoubi.

Et pourtant, Tebboune va mordre à l’hameçon et finit par considérer ce rapport de la DGSI comme « crédible ». Pourquoi ? Parce que Wassini Bouazza a glissé une « information » dans son rapport qui touche un point faible de Tebboune. Il s’agit de son fils… Khaled Tebboune. La DGSI a fait croire à Abdelmadjid Tebboune qu’elle détient des éléments concrets affirmant que Khaled Drareni aurait beaucoup parlé dans ses rencontres avec des diplomates français du penchant de Khaled Tebboune pour les pots-de-vin. Touché et coulé.

Tebboune s’en émeut et décide de croire à cette « image très noire » de Khaled Drareni dessinée par la DGSI. Mais au lieu de se ressaisir et de demander des « preuves matérielles » qui démontrent la véracité de ces dires, Tebboune cède à l’émotion et donne raison au rapport de la DGSI.

Juste après cet épisode sombre, Wassini Bouazza ordonne à la justice d’enclencher la machine pour broyer Khaled Drareni.

Le journaliste algérien avait été remis le mardi 10 mars 2020 en liberté après avoir passé trois nuits en garde à vue au commissariat de Cavaignac, à Alger. Il avait été arrêté un samedi 7 mars lors d’une marche du Hirak à Alger en compagnie de trois autres activités du Hirak, à savoir Slimane Hamitouche et Samir Belarbi. Ces derniers avaient été placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed.

Ce jour-là, Khaled Drareni avait été uniquement placé sous contrôle judiciaire. Personne ne pouvait imaginer que la situation allait totalement dégénérer quelques jours plus tard. En effet, à la surprise générale, le 29 mars, le tribunal de Sidi M’hamed avait décidé d’annuler la procédure du contrôle judiciaire  pour ordonner le placement du journaliste Khaled Drareni sous mandat de dépôt pour “incitation à un rassemblement non armé » et « atteinte à l’unité nationale ».  L’annulation par la chambre d’accusation de la cour d’Alger de la première mesure de contrôle judiciaire était un véritable coup de théâtre. Wassini Bouazza était passé par-là en faisant jouer son influence sur le département de Belkacem Zeghmati.

Le 29 mars, Khaled Drareni a passé sa première nuit en prison. Mais il était loin de se douter qu’il ferait l’objet d’un acharnement particulièrement violent. Les jours et les semaines se suivent. L’affaire Khaled Drareni fait du bruit sur la scène internationale et le régime Algérien ne veut rien lâcher.

Le 1er mai 2020, Abdelmadjid Tebboune sort de son silence lors d’une rencontre avec des représentants de la presse nationale diffusée par l’ENTV. Le président algérien accuse Khaled Drareni d’être un « Khabardji », à savoir un espion à la solde des ambassades des puissances étrangères ! Tebboune franchit la limite rouge et dévoile ainsi au grand public, sans le détailler, le contenu de ce rapport sécuritaire confidentiel qui avait été confectionné par la DGSI.

Sur tous leurs écrans de leurs télévisions, les Algériens avaient entendu Tebboune accuser un journaliste « ayant été interrogé au sujet d’une forte déclaration sur l’Etat algérien et qui se dirige juste après vers les ambassades d’autres pays afin de rendre compte « . Tebboune a qualifié encore ce « journaliste » d' »identique au travail d’un espion ».

Tebboune a répété à la télévision exactement ce qu’on lui avait dit au mois de mars dernier dans le rapport de la DGSI. Malheureusement, le président algérien a cru un rapport totalement bidon qui n’apporte aucune preuve. Khaled Drareni n’a jamais parlé du fils de Tebboune à un quelconque diplomate français en poste à Alger. Il n’avait, d’ailleurs, rencontré aucun diplomate français et se contentait d’inter-agir avec les services de l’ambassade de France en tant que représentant de Reporters Sans Frontières (RSF) en Algérie.

Une énorme manipulation a été orchestrée par Wassini Bouazza et ses lieutenants. Dans quel but ? Se venger de Khaled Drareni qui avait refusé de « collaborer » et de « poignarder » dans le dos le Hirak.

Les services de la DGSI ont approché à plusieurs reprises Khaled Drareni dans le but de l’embrigader. Le 30 décembre 2019, Khaled Drareni a été arrêté et conduit dans la caserne Antar pour être interrogé à propos de ses publications  jugées par la DGSI « subversives, fallacieuses et tendancieuses ».  Au départ, les responsables du centre Antar ont tenté d’amadouer et de manipuler Khaled Drareni. Mais lorsque ce dernier a refusé de jouer le jeu, le ton a changé pour devenir plus sévère. Les enquêteurs de la DGSI lui ont fait clairement comprendre que cette interpellation est un dernier avertissement avant que son dossier ne soit transmis à la justice.

Auparavant, le 4 mars 2019,  un colonel de la DGSI avait tenté de négocier avec Khaled Drareni en lui proposant un appartement et un local afin de fonder une association, en échange de son aide pour canaliser les manifestants à travers les réseaux sociaux. Khaled Drarei avait dit non à cette proposition.

Le 9 janvier 2020, nouvelle approche de la DGSI.  Khaled Drareni est arrêté et conduit vers Antar pour être entendu et auditionné à propos de plusieurs publications sur Twitter ciblant des dirigeants de l’institution militaire. Les enquêteurs de la DGSI lui proposent un deal et lui promettent des perspectives heureuses. Mais Drareni s’accroche à ses principes et refuse catégoriquement. C’était la dernière tentative de la DGSI. Wassini Bouazza, déçu et se sentant offensé, avait promis d’obtenir la « tête de Khaled Drareni ». La machination est lancée et Tebboune est tombé dans le piège.

Wassini Bouazza est tombé en disgrâce le 14 avril 2020. Limogé de son poste, le 15 avril il est placé sous mandat de dépôt à la prison militaire de Blida. Bouazza est parti, mais la rancune des services algériens à l’encontre de Khaled Drareni est restée encore vivace. Et Tebboune a cultivé malheureusement cette même rancune amère et totalement injuste. Quel triste destin pour Khaled Drareni.

 

 

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2 تعليقات

  1. Tu n’es qu’un menteur et traitre comme celui qui tu défends. On comprend d’après tes torchons qu’au nom du journalisme on peut faire ce qu’on veut, vendre le pays, manigancer avec les ennemis, escroquer les gens un de vos hobbies, etc. Tu es un malade et je crois que tu n’as pas encore compris que l’Algérie a entamé le changement dont nombreux gabegistes dailleurs n’en veulent pas car ils perdent beaucoup d’avantages.