21.9 C
Alger
jeudi, avril 25, 2024

Conditions de réouverture de certains commerces en pleine période d’épidémie : cacophonie au plus haut sommet de l’Etat algérien

On n’y comprend plus rien. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, avait émis samedi une instruction à l’adresse des départements ministériels concernés ainsi que les walis de la République pour l’élargissement des secteurs d’activités et l’ouverture des commerces, « à l’effet de réduire l’impact économique et social de la crise sanitaire » induite par l’épidémie de coronavirus (Covid-19).

La décision du premier-ministre donne aux walis toutes les prérogatives de prendre les mesures préventives nécessaires au niveau de leurs territoires. Donc, c’est aux Walis de fixer les consignes sanitaires qu’il faut appliquer pour réouvrir les commerces concernés par l’autorisation de réouverture décidée par le Premier-ministre, Abdelaziz Djerad.  Il s’agit des activités et des commerces suivants : salons de coiffure, pâtisserie, confiserie et gâteaux traditionnels, habillement et chaussures, commerce d’électroménager, commerce d’articles et ustensiles de cuisines, commerce de tissus, de mercerie et de bonneterie, bijouteries et horlogeries, commerce de produits cosmétiques et parfumeries, commerce de meuble et de mobiliers de bureaux, librairies et vente d’articles scolaires, commerce en gros et détails de matériaux de BTPH (céramiques, appareillage électrique et produits sanitaires, agrégats et liants, articles de peinture, boiseries, canalisation et tuyauterie.

Or, à la surprise générale, dimanche soir, c’est le ministère du Commerce qui prend l’initiative d’imposer les conditions que les commerçants doivent réunir avant de réouvrir leurs magasins. En effet, dans une note signée par Karim Guech, secrétaire général du Ministère du Commerce, 7 conditions ont été fixées pour les salons de coiffure, à savoir l’utilisation des masques pour le coiffeur et les clients, la prise en charge de deux clients uniquement dans le salon, la prise de RDV par téléphone, la fermeture des portes du local pendant le travail, la désinfection du salon et des outils de coiffure.

Pour les vendeurs de vêtements et de chaussures, le ministère du commerce a exigé 3 clients dans chaque magasin, désinfection des chaussures des clients à l’entrée du magasin, utilisation d’un thermomètre pour mesurer la température des clients, respect de la distanciation sociale et obligation du port du masque pour les vendeurs et les clients.

Quant aux services de taxis urbains, le ministère dirigé par Kamel Rezig a imposé une prise en charge de 2 clients maximum, la désinfection et le nettoyage quotidiens du véhicule, obligation du port du masque, stérilisation de l’argent avec l’eau de Javel, port de de vêtements.

Mais pourquoi  le ministère du Commerce a-t-il pris les devants de la scène pour fixer toutes ces nouvelles conditions alors que le premier-ministre avait chargé les Walis d’effectuer ce travail ? Dans l’instruction du premier responsable du gouvernement, il n’a pas été dit que les commerçants algériens doivent attendre les instructions du ministère du Commerce.

En ce qui concerne les activités de coiffure et ainsi que les commerces d’habillement et de chaussures, l’instruction du Premier-ministre affirme clairement qu’il appartient aux walis « de définir les conditions de prévention sanitaire à respecter avec rigueur ». Pourquoi le département de Kamel Rezig s’est empressé de pondre une autre instruction qui dépossède ainsi les Walis des prérogatives qui leur ont été accordées par Abdelaziz Djerad, le premier-ministre.

Cette cacophonie donne l’impression que l’actuel gouvernement souffre d’une inquiétante incohérence. Le premier-ministre annonce une mesure, un autre ministre applique une autre décision. Et les algériens sont pris en otage par ces dysfonctionnements qui reflètent la désorganisation totale de l’Etat algérien et sa gestion anarchique des dossiers les plus délicats de l’heure dans le pays.

Et maintenant, les commerçants algériens doivent écouter les walis ou le ministère du commerce ? Quelle est l’autorité légitime qui doit leur fixer le règlement auquel ils doivent se référer pour relancer leurs activités commerciales ? Pour le moment, personne ne connaît la réponse à ces questions.

Pour sa part, l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE) a estimé hier dimanche, que « l’autorisation d’exercer -à travers le territoire national- des activités non maitrisable et difficiles à contrôler tel que le commerce des vêtements et des chaussures, parallèlement à l’avènement du mois de Ramadhan, ne nous rassure pas alors que le pays est en passe de sortir de cette pandémie, car ces activités enregistrent une grande affluence en cette période, alors il peut y avoir un manquement aux conditions de prévention sanitaires comme la distanciation sociale et le contact récurent avec les produits étalés ».

L’APOCE a lancé également un appel à tous les walis du pays en s’appuyant sur la décision du Gouvernement qui donne aux walis toutes les prérogatives de prendre les mesures préventives nécessaires au niveau de leurs territoires.  l’APOCE a exhorté les walis de la République à donner « des instructions strictes et urgentes » pour appliquer les mesures sanitaires avec fermeture immédiate pour tout contrevenant. En clair, même l’APOCE n’est pas au courant des nouvelles mesures prises par le ministère du commerce à ce sujet.

Qui décide dans ce pays et en vertu de quoi ? Ce mode de gouvernance est tout simplement ridicule.

dernières nouvelles
Actualités