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jeudi, avril 25, 2024

Comment les mauvaises décisions de l’administration de Sonatrach ont privé l’Algérie d’une précieuse opportunité de gager une dizaine de milliards de dollars USD

La production algérienne des hydrocarbures a été victime d’un véritable sabotage caractérisé qui s’explique par les très mauvaises décisions concernant les investissements qui devaient être consentis sur les stratégiques efforts d’exploration et d’exploitation de nouveaux gisements pétroliers ou gaziers. Ces mauvaises décisions ont porté un énorme préjudice à la production nationale du pétrole et du gaz naturel. Explications. 

En 2019, le prix moyen du Baril de pétrole était fixé à 55 USD. La SONATRACH avait 95 à 100 appareils de forages en opération pour explorer et tenter d’exploiter pas moins de 300 nouveaux puits. En 2021, le prix moyen du Baril de pétrole était à plus de 70 USD, soit 30 % de plus qu’en 2019. Cependant, le nombre d’appareils de forage en opération n’était que de 25 à 30. L’exploration de nouveaux puits a été divisée par trois ! Ce qui n’a pas manqué d’impacter grandement les capacités de production nationale qui peine aujourd’hui à dépasser une moyenne de 900 jusqu’à 950 mille barils par jour. Les puits existants s’amenuisent et faute de nouveaux puits ou de nouveaux gisements, la production de pétrole comme celle du gaz est condamnée à baisser et reculer contraignant ainsi la Sonatrach à exporter de moins en moins d’hydrocarbures à l’étranger.

C’est une perte sèche pour la SONATRACH et pour l’Algérie qui peut se calculer à plusieurs dizaines de milliards de dollars. En 2022, le Baril de pétrole frôle déjà les 100 dollars et beaucoup d’experts prévoient des futurs prix aux alentours de 140 USD en raison des tensions géopolitiques actuelles autour notamment de la crise ukrainienne. En dépit de cette conjoncture inédite, Algérie Part a pu confirmer au cours de ses investigations que le nombre d’appareils engagés pour le forage et la Production de 2022 et de 2023 par les filiales de la SONATRACH, ENTP et ENAFOR, est respectivement de 35 à 40, et de 45 à 50. Soit, à un niveau de production 2 à 3 fois moindre que 2019, pour un prix du Baril qui va presque doubler !

Il est à signaler, en outre, qu’il est trop tard pour modifier les programmes de production pour 2022 et début 2023. Cette programmation nécessite des planifications précises et rigoureuses s’appuyant sur des objectifs chiffrés et des processus techniques très complexes.

En clair, en 2022, la Sonatrach va subir une perte encore plus grande qu’en 2021 en termes de flux financiers qu’elle aurait pu engranger grâce à cette envolée des prix internationaux des hydrocarbures.

Mais comment en est-on arrivé là ?  Début 2020, en vue de la crise sanitaire et des prix très bas des hydrocarbures, une décision du Président de la SONATRACH Toufik Hakkar a été prise pour réduire les coûts. Or, le premier responsable de Sonatrach n’a pas seulement réduit les couts de l’exploitation, mais a aussi, fait grave et sans précèdent, réduit les investissements stratégiques dans la recherche de nouveaux puits et le renforcement des capacités des gisements en production.

Les fluctuations des prix des hydrocarbures, comme les crises financières, font partie des cycles habituels que rencontrent par la SONATRACH depuis des décennies. Rien, absolument rien, ne pouvait justifier de suspendre des investissements productifs stratégiques au risque de compromettre l’avenir financier de la compagnie nationale des hydrocarbures.

Et les prédécesseurs de Toufik Hakkar avaient déjà fixé par le passé des décisions de réduction des coûts sans attenter grandement pour autant aux efforts d’exploration et de production.  Aucun ancienne administration de Sonatrach ne s’est aventurée pour autant à réduire significativement les investissements sur les segments stratégiques comme les appareils de forage qui permettent la production, et l’accélération de la production.

Toufik Hakkar a pris tout seul, et contre l’avis de tous les spécialistes du forage et de la production, cette décision dans le seul but de faire croire au Président Abdelmadjid Tebboune qu’il est capable d’économiser les devises de Sonatrach en pleine crise financière étouffant le Trésor Public. L’Algérie paie cash cette manoeuvre indélicate en se privant de plusieurs milliards de dollars de potentielles exportations vers l’étranger.

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