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vendredi, avril 19, 2024

ASTALDI, Teixeira, ALSTOM et les autres : ces sociétés étrangères qui ont brassé des milliards en Algérie sans aucune transparence

A en croire l’actuel régime algérien, il y a une véritable volonté de lutter contre la corruption et de « nettoyer » le pays de ce fléau ravageur qui a ruiné les finances du pays. Or, il s’avère qu’aucune sincérité ne se dégage de cette volonté puisque la justice algérienne ne s’est jamais penchée sur les milliards de devises brassés par des sociétés étrangères durant ces 20 dernières années en Algérie. Des marchés obtenus notamment grâce à des intermédiaires proches des cercles occultes du régime algérien ou à travers des commissions et rétro-commissions. 

En Algérie, force est de constater qu’un petit groupe de grandes multinationales ont dominé outrageusement le marché algérien dans plusieurs secteurs. Une domination qui suscite de nombreuses interrogations notamment en raison de la proximité de ces sociétés avec des oligarques sulfureux ou des dirigeants politiques controversés.

Ainsi, à titre d’exemple, dans le secteur de l’hydraulique, la société française SAINT GOBAIN Pont à Mousson (PAM), spécialisée dans les canalisations en fonte ductile pour les réseaux d’eau et d’assainissement, avait la mainmise sur presque tous les projets hydrauliques dans notre pays. Comme par hasard, les représentants de cette société française étaient très proches de Mustapha Rahiel, l’ex-chef de cabinet d’Abdemalek Sellal, et l’un des hauts responsables, et cerveau du régime Bouteflika, entièrement ignorés par la fameuse « faucheuse » de la justice algérienne.

Dans le domaine du BTP, la société italienne ASTALDI s’est « sucrée » dans plusieurs marchés juteux en Algérie parce qu’elle était le partenaire privilégié du groupe ETRHB d’Ali Haddad. Durant ces 10 dernières années, grâce à ce partenariat avec l’oligarque algérien, cette société italienne a gagné plus d’un milliard de dollars de marchés publics en Algérie. Son principal représentant dans notre pays, un certain M. Pierrot, est un ami intime d’Ali Haddad, l’oligarque qui croupit en prison depuis le début du mois d’avril dernier.

Texeira Duarte, une grande société portugaise spécialisée dans plusieurs domaines dont le BTP, a été particulièrement choyée en Algérie en raison de sa proximité avec les frères Kouninef, la puissante famille d’affaires très proche de Said Bouteflika. Il faut savoir que l’Algérie a représenté ces dernières années jusqu’à quelque 30% du carnet de commande du groupe portugais Teixeira Duarte.   En Algérie, elle s’est associé notamment avec ETRHB et OHL pour la réalisation de la seconde rocade d’Alger, un projet qui a fait couler beaucoup d’encre. Elle est également présente sur le chantier du métro et dans la réalisation des grands programmes de logement.

Cette compagnie portugaise a disposé d’un carnet de commandes de 2 milliards et a assuré à 2017 une production de 630 millions, contre 470 millions pour 2018.

La compagnie canadienne SNC-LAVALLIN fait partie également des grosses sociétés étrangères qui avaient raflé des milliards en Algérie. Et, malheureusement, le nom de cette société a figuré dans plusieurs scandales qui n’ont pas été élucidés jusqu’à maintenant. Par exemple, durant la période 2000-2005, SNC-Lavalin a raflé pas moins de six contrats. Le géant canadien de l’ingénierie a obtenu, en 2005, le projet de construction et d’exploitation de l’usine de traitement d’eau du barrage de Taksebt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, pour un montant de 750 millions de dollars. Le géant canadien a, par ailleurs, soumissionné pour d’autres projets, comme la rénovation de l’hôtel El-Aurassi et la réalisation des “stations boosting” de Hassi R’mel en 2000. Et comme plusieurs autres marchés, la compagnie canadienne avait engagé un intermédiaire, à savoir Cadber Investments. Celui-ci a empoché 22 millions de dollars pour avoir aidé SNC-Lavalin à obtenir ses contrats en Algérie.

L’entreprise québécoise d’ingénierie SNC-Lavalin a obtenu des contrats d’une valeur de 4 milliards de dollars en Algérie, grâce à une entreprise commerciale offshore enregistrée dans un paradis fiscal des îles Vierges britanniques, en l’occurrence Cadber Investments. Ces pratiques peu transparentes avaient suscité un énorme scandale au Canada. En Algérie, ces commissions et méthodes pour remporter des contrats et des marchés publics n’ont jamais suscité l’intérêt de la justice algérienne !

Alstom, le géant français, a prospéré lui-aussi en Algérie et dans des conditions troublantes. Les métros d’Alger, les tramways d’Oran ou de Constantine et de nombreux autres marchés comme la vente des trains Coradia, Alstom a raflé plusieurs centaines de millions d’euros en Algérie. Certes, le géant français jouit d’un grand savoir-faire et d’un leadership dans ce domaine, mais la facilité déconcertante avec laquelle ce groupe français remportait des marchés en Algérie et l’implication de certains intermédiaires proches du régime Bouteflika a suscité pendant longtemps des doutes et des interrogations.

Lafarge est l’autre groupe français qui avait fait de l’Algérie son terrain conquis allant jusqu’à bénéficier de plusieurs incroyables avantages comme des autorisations de transferts de ses dividendes en devises à l’étranger sans respecter les restrictions de la réglementation algérienne à l’image du cadeau fiscal de 200 millions d’euros offert par la direction générale des impôts à Lafarge, un scandale révélé en 2017 par Algérie Part. 

Les pratiques de ces gros groupes étrangers sont restés impunis. Les autorités algériennes n’ont jamais bougé le petit doigt pour lancer la moindre investigation et instaurer une moralisation réelle de la vie économique.

 

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