L’introduction des nouvelles taxes et la révision à la hausse des impositions appliquées aux produits pétroliers dans la loi de finances complémentaire de 2020 va provoquer une augmentation des prix de l’essence et du gasoil dans les prochaines jours en Algérie. Une augmentation qui touchera de plein fouet les ménages algériens très dépendants de l’utilisation des voitures.
Il faut savoir qu’il y a pas moins de 6.4 millions de véhicules en Algérie. Le parc automobile algérien est composé de 4 151.041 véhicules de tourisme (64.68% du chiffre total), 1.204 552 camionnettes représentant 18.77%; 421.689 camions (6.57%), 164.477 tracteurs agricoles et 139.780 motos représentant respectivement 2.56% et 2.18% du nombre total de véhicules. D’autres engins font également partis du parc auto soit 154.243 remorques (2.40%), 87.968 auto-bus (1.37%), 87.169 tracteurs routiers (1.36%) et 7.293 véhicules spéciaux (0.11%).
Les propriétaires de ces voitures ou engins roulants vont devoir ainsi payer encore plus cher le prix du gazoil et de l’essence. Naftal, la société nationale de distribution des carburants, annoncera prochainement les nouveaux tarifs à la pompe après l’adoption définitive de la loi de finances complémentaires (LFC) 2020. Mais, on peut d’ores et déjà établir une prévision concernant l’impact sur les prix des carburants de ces nouvelles augmentations des prix.
La LFC-2020 prévoit ainsi une taxe de 1 500 dinars (12 $) par hectolitre (équivalent à 100 litres) pour l’essence super, et 1 600 dinars par hectolitre pour l’essence normal et sans plomb. Pour ce qui est du diesel, une taxe de 700 dinars par hectolitre est proposée. Tandis que le gaz propane liquéfié utilisé comme carburant est exempté de ces frais.
Ainsi, les coût de l’essence connaîtra une hausse 2,38 dinars. Le prix de l’essence normal sera de 41,32 dinars au lieu de 38,94 dinars (+6,1%). L’essence super coûtera 44,35 dinars au lieu de 41,97 dinars (+5,7%). Quant à l’essence sans plomb, son prix passera à 44 dinars au lieu de 41,62 dinars (+5,7%). En outre, les prix du diesel vont connaître une flambée de 3,57 dinars. Le prix du litre du gasoil grimpera de 23,06 dinars à 26,63 DA. Soit une augmentation de 15,5%.
Avec ces nouvelles augmentations, les autorités espèrent récupérer de nouvelles recettes budgétaires en cette période de crise financière provoquée par la pandémie du COVID-19. Mais combien de recettes seront récupérées plus exactement ? Pour l’heure, personne ne le sait car le gouvernement algérien n’a dévoilé aucune prévision. Ceci dit, ces augmentations ne devraient générer des sommes considérables car en 2018, l’Etat algérien avait appliqué également une augmentation des prix des carburants qui a généré des recettes supplémentaires de plus de 60 milliards DA, à savoir à peine 500 millions de dollars. Ce qui ne permet guère de soulager les déséquilibres financiers de l’Etat algérien.
De ce fait, les invétérés de la cigarette devront se préparer à payer le paquet de cigarettes plus cher. Il est à noter que l’accessibilité des prix du tabac en Algérie nourrit un véritable trafic international. Les cigarettes algériennes sont largement demandées et recherchées en France où un paquet de Malboro est exporté illégalement France pour 7,48 USD alors qu’en Algérie, il coûte 1,91 USD.
L’Algérie est la première source de trafic de cigarettes vers la France, selon le rapport annuel du think-tank britannique Royal United Services Institute (RUSI). Selon la même source, les cigarettes en provenance d’Algérie représentaient 31% du flux illégal de cigarettes en direction de la France en 2016. Le trafic de cigarettes « légalement fabriquées en Algérie » vers la France représentait en 2016 près de 3,19 milliards de cigarettes, soit une augmentation de 300% par rapport à l’année 2012, sur laquelle le volume de ce trafic était de 1,08 milliards de cigarettes, selon le rapport. Les sommes qui échappent au fisc algérien sont tout simplement affolantes et difficiles encore à évaluer.
Les autorités algériennes devraient donc chercher de nouvelles recettes financières au niveau de ce trafic à large échelle. En taxant les cigarettes, l’Algérie mettra la main à plusieurs centaines millions d’euros. Mais au lieu de cela, nos autorités cherchent la facilité et s’attaquent directement aux poches des automobilistes.