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jeudi, mars 28, 2024

Algérie : le gouvernement répond avec mépris aux entreprises en grandes difficultés à cause de l’épidémie du COVID-19

L’Algérie est devenu l’un des rares pays à travers le monde qui méprise directement ses entreprises en les laissant à l’abandon face aux conséquences de la pire pandémie de l’histoire contemporaine. Le ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, a clairement affirmé hier mercredi que les chefs d’entreprises algériens doivent se débrouiller tous seuls pour sauver les emplois et leurs entreprises. Une réaction inédite à travers le monde. 

« J’ai reçu des représentants du secteur économique algérien, y compris des grosses entreprises. Certains d’entre eux viennent pour me dire qu’ils n’ont pas de quoi payer les salaires, alors que ces mêmes personnes disaient il y a deux ans qu’ils font (ensemble) un chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars », a indiqué ainsi Ait Ali Braham lors d’une rencontre avec des médias nationaux, dont l’APS. Cette déclaration traduit l’immense indifférence dont fait preuve le gouvernement à l’égard du secteur privé, le premier employeur en Algérie. Ce secteur emploie effectivement plus de 7 millions de travailleurs en Algérie, soit plus de 63% de l’emploi total en Algérie.

Cela représente un nombre important de familles algériennes qui vivent du secteur privé en Algérie. Cela signifie que plusieurs millions d’algériens dépendent de la bonne santé des entreprises privées algériennes. Mais en dépit de cette réalité, Ferhat ait Ali Braham méprise ce secteur et demande à ses patrons de compter uniquement sur leur porte-feuille personnel prétextant leur aisance financière des années précédentes.

En effet, à l’époque d’Ali Haddad, en 2018, dans une publication partagée sur Facebook, le milliardaire Ali Haddad s’était targué que le FCE pèse 40 milliards de Dollars. Oui, mais c’était en novembre 2018. Et c’était Ali Haddad. En plus, peser jusqu’à 40 milliards de dollars, cela ne signifie pas qu’il possède réellement dans leurs poches l’équivalent de 40 milliards de dollars ! Il s’agit de l’estimation des actifs des entreprises composant le FCE. La différence  est énorme. Et un ministre de l’Industrie digne de ce nom devrait comprendre cette nuance. La valeurs des actifs ou les montants des chiffres d’affaires des entreprises ne représentent nullement la fortune personnelle des chefs d’entreprises. Ferhat Ait Ali Braham fait preuve ainsi d’une ignorance crasseuse des principes les plus élémentaires de l’économie.

Force est, par ailleurs, de constater que l’Algérie est l’un des rares pays du pourtour méditerranéen à ne pas soutenir directement ses entreprises en grosses difficultés. Selon le même ministre de l’Industrie, il n’était pas possible pour l’Algérie de « copier » l’expérience des économies développées en matière de sauvetage des entreprises en raison de « la différence constatée en matière de discipline et respect des engagements ».

Des arguments totalement incompréhensibles et fallacieux. D’abord, pour l’heure, qu’a fait l’Etat algérien pour les entreprises algériennes ? Presque rien. Les mesures adoptées concernent uniquement le report momentané du paiement de certains impôts, la suspension momentanée du versement des intérêts bancaires ou le report du paiement des cotisations sociales ou patronales. En clair, aucune aide directe n’a été octroyée par l’Etat algérien aux entreprises privées algériennes. Pas une seule aide concrète.

Au Maroc, notre voisin de l’ouest, dés le 16 mars, les autorités ont mis en place pour accorder des lignes de crédit bancaires supplémentaires aux PME et petites entreprises privées afin de les encourager à continuer à travailler tout en protégeant les emplois. Mieux encore, les autorités marocaines , dés la fin du mois de mars, ont accordé le droit à une indemnité de 190 euros nets mensuellement au profit de tous les travailleurs affiliés à la sécurité sociale marocaine. Cette aide a été décaissée depuis le fonds pour la gestion des effets du coronavirus mis en place par le Maroc dés la mi-mars et doté de près de 950 millions d’euros. Ce fonds devait servir à « la prise en charge des dépenses de mise à niveau du dispositif médical, en termes d’infrastructures adaptées et de moyens supplémentaires à acquérir, dans l’urgence ».

Dés le mois de mai dernier, les autorités marocaines ont accordé des prêts exceptionnels  garantis par l’État au profit des entreprises marocaines dont le chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas l’équivalent de 45 millions d’euros par an. Voici la différence entre un pays qui veut préserver des emplois et secourir les entreprises qui les créent, et un autre pays qui méprise l’entreprise et l’assimile toujours à l’ennemi qu’il faut surveiller en permanence. Avec leur mode de gouvernance, les actuelles autorités algériennes aggravent les déséquilibres financiers et économiques de l’Algérie.

 

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