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vendredi, mars 29, 2024

Algérie : Le dangereux monsieur Djerad

Abdelaziz Djerad. Un nom qui résume à lui seul les actuels problèmes auxquels fait face l’Algérie. Avec un Tebboune comme Président, mais entièrement absorbé par sa quête de légitimité politique et de stabilisation forcée du front interne après plus d’une année de contestations populaires massives rejetant toutes les composantes du régime algérien, Abdelaziz Djerad est devenu le véritable pilote de « l’avion Algérie ». Le seul capitaine du navire qui doit gérer les dossiers économiques et financiers les plus complexes du moment alors que le Chef de l’Etat est investi dans les dossiers politiques comme la gestion du Hirak ou l’adoption d’une nouvelle constitution. 

Oui, contrairement à ce que laissent entendre plusieurs rumeurs diffusées par des chapelles médiatiques mal-informées ou désinformées,  Abdelaziz Djerad n’est guère sur un siège éjectable. Au contraire, il renforce son pouvoir de jour en jour au point de devenir l’élément… le plus dangereux du régime algérien. Et pour cause, l’actuel Premier-ministre impose ses hommes partout dans les secteurs les plus stratégiques et développe les réseaux de son clan pour asseoir son pouvoir sur les institutions les plus névralgiques.

A Sonatrac, avec Toufik Hakkar, l’actuel PDG de la compagnie nationale des hydrocarbures, Abdelaziz Djerad est en train de tisser une toile d’araignée  que même l’expérimenté Abdelmadjid Attar, ministre de l’Energie, peine à défaire. Parrainé par Djerad, Toufik Hakkar est devenu l’homme du secteur des hydrocarbures amassant un pouvoir absolu que plus personne ne peut contester. Le PDG de Sonatrach rend directement compte à Abdelaziz Djerad et travaille sous sa coupe. Les deux hommes définissent les intérêts communs, les projets à mener et les enjeux majeurs qu’il faut défendre. Or, Djerad est un énarque et enfant chéri de la bureaucratie algérienne. Le secteur économique créateur de richesses et d’emplois, il n’en connait pas un seul bout ! Malgré cela, il se fie à Toufik Hakkar dont le parcours à Sonatrach est très médiocre et insignifiant. Cet aveuglement clanique a causé des pertes financières immenses à l’Algérie tout en suscitant un climat de tension et un malaise permanent au sein de la compagnie nationale des hydrocarbures.

Des complexes pétrochimiques à l’arrêt, une production des hydrocarbures en net recul, des départements entiers de Sonatrach confiés à des amateurs, des contrats commerciaux stratégiques bâclés et mal-négociés, etc., la paire Hakkar-Djerad a semé les déficiences et cultivé les échecs dans le seul secteur pourvoyeur de devises pour l’Etat algérien.

Mais qui s’en émeut ? Personne. Pourquoi ? Parce que plus personne n’ose contredire ou résister au puissant Abdelaziz Djerad, devenu l’homme de confiance d’Abdelmadjid Tebboune. Et comme Toufik Hakkar est originaire de Khenchela comme Djerad, toutes les voix qui s’élèvent pour réclamer un changement à Sonatrach sont étouffées, réprimées et rejetées.

L’un est originaire de sa tribu, l’autre est son…voisin !  Oui, dans le secteur de la Santé, Abdelaziz Djerad est en train d’imposer son voisin et ami, Lotfi Benbahmed. Les deux hommes se côtoient parce que l’un habite à côté de l’autre dans un quartier résidentiel situé entre Cheraga et Dely Brahim. D’abord ministre délégué, Lotfi Benbahmed sera promu ministre tout court de l’Industrie pharmaceutique. Il a été imposé au gouvernement par son voisin et ami Abdelaziz Djerad. Ce dernier va jusqu’à enlever des prérogatives du ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, pour les attribuer à Lotfi Benbahmed.

A titre d’exemple, c’est Abdelaziz Djerad qui est à l’origine de l’amendement de certaines dispositions de la loi 18-11 du 2 juillet 2018 relative à la Santé, plus particulièrement le volet lié à l’inspection des entreprises pharmaceutiques et la définition de la liste des produits pharmaceutiques et des équipements nécessaires. Ces amendements confèrent à son ami Lotfi Benbahmed des prérogatives plus importantes que celles du ministre de la Santé. Djerad a obtenu pour son « voisin » et « ami »  l’exclusivité de la gestion de la très sensible lAgence nationale des produits pharmaceutiques. Oui, cette dernière est aujourd’hui placée sous la tutelle du ministère de l’Industrie pharmaceutique alors que dans la majorité des pays du monde, elle relève du ministère de la Santé !

L’autorisation temporaire de l’utilisation des médicaments ainsi que les dispositions concernant les études cliniques à effectuer avec des industriels locaux ou des partenaires étrangers, tous ces privilèges ont été attribués à Lotfi Benbahmed.  Cela signifie que des problématiques relevant de la santé publique des Algériennes et Algériens ont été réduites à des enjeux de business pour au nom d’une supposée industrie pharmaceutique.

Lotfi Benbahmed, ancien président du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens et ancien commerçant dans la distribution en gros des produits pharmaceutiques, est un homme fortement lié aux businessmans du secteur de la pharmaceutique comme il avait été démontré précédemment dans les enquêtes d’Algérie Part.

L’enjeu est majeur et énorme dans ce dossier car l’ANPP est l’entité qui enregistre les médicaments qui sont commercialisés en Algérie et délivre également les homologations des médicaments ou des dispositifs médicaux fabriqués localement ainsi que les fameuses Autorisations de mise sur le marché (AMM) indispensables à la commercialisation tout produit pharmaceutique en Algérie. Il s’agit d’une mission très sensible qui relève de la défense de l’intérêt général et de la préservation de la santé publique.

Dans les pays développés, de telles agences sanitaires sont totalement indépendantes de l’influence des laboratoires ou grosses sociétés de production des médicaments. C’est, pour cette raison, qu’elles sont rattachées au ministère de la Santé ou elles jouissent d’une complète et entière autonomie comme par exemple l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en France. C’est un Établissement public à caractère administratif affilié au ministère de la santé mais dont le conseil d’administration est largement ouvert aux représentants des citoyens, des patients et des professionnels de santé.

Aux Etats-Unis, La Food and Drug Administration (FDA, à savoir l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, est également dépendante du département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis. L’Algérie sera l’un des rares pays au monde qui confie ainsi une agence nationale de contrôle des médicaments à un ministère de l’Industrie pharmaceutique directement lié aux intérêts des entreprises privées et étrangères. De la pure inconscience surtout lorsqu’on sait que pour retirer l’ANPP au ministère de la Santé afin de la confier au département du businessman Lotfi Benbahmed.

Avec un Djerad au pouvoir, toutes les dérives sont devenues possibles et imaginables. Et personne n’arrive à stopper cette machine destructrice de l’intérêt général car le chef d’orchestre, le sieur Abdelaziz Djerad, est uniquement motivé par la défense de ses intérêts personnels et claniques. Quant à l’intérêt général, il s’en contrefiche royalement.

 

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