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vendredi, mars 29, 2024

Algérie : encore un journaliste en prison pour une publication… sur Facebook !

Encore un autre journaliste en prison en Algérie. Amar Cheballah qui écrivait sous le pseudonyme de Said Radjef dans les colonnes de plusieurs médias algériens a été condamné le 30 juillet dernier à  « trois années de prison dont une ferme » pour  « outrage à magistrat ». Or, les dessous de cette affaire, qui n’a pas attiré l’attention des médias algériens entièrement soumis à l’arbitraire du pouvoir politique, dévoilent un véritable scandale judiciaire et des atteintes inqualifiables à la liberté d’expression. 

En vérité, le crime d’Amar Cheballah est une simple « publication sur Facebook » ! Cette histoire totalement absurde a commencé lorsque madame Ouiza Zaamoum, veuve de l’immense patriote Ali Zamoum, compagnon de cellule de Zabana et 1er wali de Tizi, avait sollicité Amar Cheballah pour lui ramener un extrait du casier judiciaire afin de renouveler le dossier de l’Association « Tagmats » en vue de participer aux festivités du 5 juillet.

Selon plusieurs sources concordantes, Amar Cheballah est bien connu de « la famille Zamoum qui l’a élevé et lui a inculqué les notions d’amour de la Patrie et des hautes valeurs nationalistes qu’elle cultive », témoigne à ce sujet le blogueur Mohamed Adjou, un ami très proche à Amar Cheballah.

« Said, confiant que la Justice ne posera aucun problème pour lui délivrer ce document s’adresse au procureur du tribunal de Dra El Mizan en lui expliquant que Mme Ouiza Zamoum est très âgée et grabataire, qu’elle est la veuve d’un illustre combattant de la liberté et qu’il lui est impossible ou du moins pénible et risqué de se présenter elle-même vu son âge, la précarité de sa santé, les risques liés au COVID-19 », explique encore à ce sujet Mohamed Adjou dans un long témoignage rendu public sur Facebook.

Le Procureur de la République refuse de lui délivrer ainsi le document demandé et Amar Cheballah quitte le tribunal de Draâ El Mizan très ému et bouleversé par l’attitude inédlicate du magistrat. Pour se libérer de sa colère, Amar Cheballah publie un post sur Facebook « dans lequel il traite M. le Procureur, entre autres, d’être ingrat envers ceux qui se sont sacrifiés pour qu’il occupe un jour le poste qui est le sien ».

Cette publication parvient au bureau du Procureur de la République qui décide, ainsi, de se venger contre le journaliste algérien en ordonnant son arrestation le 30 juillet et l’infortuné journaliste a été présenté le jour suivant devant le tribunal correctionnel de Tizi Ouzou, qui le condamna à  « trois années de prison dont une ferme » ! Un verdict totalement choquant car la loi algérienne prévoit dans ce cas de figure « un emprisonnement de deux (2) mois à deux (2) ans et d’une amende de mille (1.000) DA à cinq cents mille (500.000) DA, ou de l’une de ces deux peines seulement » comme l’explique  l’article 144 du code de procédures pénales. C’est dire que le journaliste Amar Cheballah a fait l’objet d’un acharnement judiciaire sans précédent de la part des magistrats du tribunal correctionnel de Tizi-Ouzou.

Incarcéré, Amar Cheballah devait comparaître le 17 août dernier devant la cour d’appel de Tizi Ouzou, dans l’espoir d’être relaxé ou du moins avoir une remise de peine. Mais ce procès a été reporté au 23 août prochain sans aucune explication. En attendant, le pauvre Amar restera en prison jusqu’à ce que les juges décident enfin de revoir leur jugement arbitraire. Malheureusement, le  sort d’Amar Cheballah n’a pas mobilisé les défenseurs des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Cette dérive totalitaire est passée quasiment inaperçue !

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